Ici c'est... Marseille !

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France-Soir
Publié le 15 avril 2025 - 10:05
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Vue du centre de Marseille et de la basilique Notre-Dame de la Garde, le 24 octobre 2018
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AFP/Archives - GERARD JULIEN
AFP/Archives - GERARD JULIEN

Depuis cinq ans, Marseille attire une nouvelle population de cadres parisiens en télétravail. Plus aisés, mieux payés, ils redessinent (malgré eux ?) la ville à leur image, quand celle-ci ne les renvoie pas dans les cordes. Car cette ruée bobo-numérique vers le Sud, accentuée par le Covid, pourrait bien faire exploser les équilibres sociaux, fonciers et juridiques de la cité phocéenne. 

C'est un peu comme si les laptops parisiens étaient devenus le cheval de Troie de la gentrification marseillaise. Depuis 2017, près de 770 foyers franciliens par an choisissent de poser leurs valises entre mer et Calanques. Et pour cause ! Le télétravail libère les cadres de leur bureau, mais pas de leur salaire : malgré le déménagement, les revenus restent alignés sur les standards de la capitale. Un écart criant avec la réalité locale, où un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté. Dans un article prospectif, Usbek & Rica évoque ainsi une « bombe à retardement sociétale ».

L’exode doré s’accompagne d’une reconfiguration brutale des quartiers populaires. À Notre-Dame-du-Mont, élu quartier le plus « cool » du monde par Time Out, les loyers explosent et les habitants historiques disparaissent. Comme à Brooklyn ou Lisbonne, les classes populaires cèdent la place aux CSP+ et aux projets immobiliers clinquants. « Les habitants des années 2020 ont été remplacés par ces “télé-venants” », écrit le média, décrivant un urbanisme qui choisit les gagnants. 

Pour autant, pas sûr que les Parisiens ressortent vraiment gagnants. Comme le rapporte Libération, tout n'est pas rose à Marseille, et les Marseillais ont du caractère. Si bien que "les venants repartent depuis peu, terrorisés, mal accueillis, humiliés par leurs tentatives ratées d'assimilation avec la culture locale", comme l'écrit Esther Teillard. De son côté, la mairie tente de canaliser la manne : infrastructures ferroviaires augmentées, projets urbains rénovés… sans enrayer le sentiment d’abandon croissant chez les plus modestes. 

Reste à savoir si ces flux de télétravailleurs en quête d'air frais auront raison des lieux où ils posent leurs valises - il n'y a pas que Marseille -, accentuant ainsi les inégalités un peu partout en France, ou si notre modèle économique saura s'adapter pour que, peut-être, le travail fourni corresponde à un certain niveau de vie, sans salaire fixe.

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