L'influenceur PA7 a détourné des millions d'euros "d'aides covid" pour vivre à Dubaï
L'univers fantasmé de Paul Antony, connu sous le pseudo de "PA7", a viré au cauchemar. Le jeune influenceur de 23 ans est soupçonné d’avoir détourné près de 7,5 millions d’euros d’aides covid durant des mois, pour s’offrir une vie de rêve à Dubaï.
Des escroqueries grâce aux réseaux sociaux
Sur ces derniers clichés de 2021, l’influenceur PA7 est souriant, devant une immense piscine, aux côtés d’un dauphin, ou encore dans le désert de Dubaï. La vie luxueuse de Paul Antony a tourné au fiasco depuis qu'il a été accusé de détournement de fonds publics et d'escroquerie. Désormais, PA7 affiche une légende Instagram : "en prison actuellement".
Ces dernières années, le marché de l’influence est estimé à 15 milliards d’euros, comme le rapporte Radio France. Ces chiffres monumentaux traduisent un nouveau phénomène dont l’objectif est de "produire du contenu". Seulement, au-delà de l’aspect marketing, les influenceurs ont un public parfois très jeune, qui suit d’un œil admiratif les mérites d’un produit ou d’un service proposé.
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Suite à ces annonces ciblées sur les réseaux sociaux, le jeune homme promet des sommes conséquentes lors du premier confinement en 2020 : "J'ai un plan la famille, c'est une dinguerie, réservé que pour l'élite de ma clientèle !!! Jusqu'à 300 000 euros en 27j", annonce-t-il sur WhatsApp.
Mais son plus gros coup a été d’avoir escroqué le fonds de solidarité aux entreprises subventionnées pour faire face à la crise du covid. Il s'est permis une commission d'environ 40 % sur lesdites subventions. S'adressant en particulier aux autoentrepreneurs ou aux indépendants, PA7 instrumentalise les aides proposées par l'État pour lutter contre la crise économique, pour son propre idéal dubaïote.
Le fonds de solidarité accordé aux entreprises touchées par la crise
En mars 2020, l’État met en place "un fonds de solidarité" pour les entreprises les plus touchées par la crise, avec des aides faciles d'accès, "aux mesures de contrôle minimales". C’est ainsi que PA7 entame son business en persuadant ses abonnés de mettre leur statut d’autoentrepreneur à jour pour pouvoir ainsi toucher ces aides. Selon les chiffres perçus par l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) et d’après Le Figaro, "environ 657 personnes auraient reçu des versements de la part de l’État".
Durant le procès, il reconnait les faits tout en contestant les montants avancés. Selon l’accusation, la commission perçue par l’influenceur serait égale à 30 % à 50 % du montant total. Et ainsi, près de sept millions d'euros au total auraient été détournés. Son avocate, Me Carole Foissy, a souligné que tous les participants à la fraude n'auraient pas versé leur commission. "Fixées à un niveau plus bas dans un premier temps", PA7 argue qu'il s'agit ainsi de sommes bien moindres.
Une vie fantasmée "par le luxe et l’argent"
C’est alors que le niveau de vie de Paul Antony prend un autre tournant : du Sud de la France, il se met en route pour Dubaï. Son fantasme prend vie pendant qu’il se fait servir des côtes de bœuf recouvertes de feuilles d’or, au volant de voitures blindées, affichant fièrement ses montres de luxe… Mais tout cela prend fin lorsqu’il est arrêté sur place, et détenu plusieurs semaines, avant de repartir en France où il comparait devant la justice.
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Les noms de complices potentiels sont probablement identifiés sur son téléphone, qu'il a laissé dans l’émirat pour ne pas entraîner leur chute. Par ailleurs, le jeune influenceur a avoué que les chiffres sur son compte en banque lui aurait "fait péter les plombs". De son côté, son avocate a fait valoir que l’affaire inclut une "bande très, très désorganisée", avec à sa tête un "garçon immature [...] et fasciné par le luxe et l'argent".
Ce mercredi 15 juin, la procureure a annoncé que l’influenceur risquait sept années d'emprisonnement et 80 000 euros d'amende. La décision du tribunal correctionnel de Paris sera livrée le 6 juillet.
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