Changement climatique : le point de non-retour a-t-il déjà été dépassé ?
Les politiques environnementales étatiques, mais aussi celles du secteur privé ont pour objectif de réduire les émissions de CO2, pour limiter l’augmentation des températures moyennes, et éviter les conséquences les plus graves d’un tel changement climatique. Mais selon un article scientifique publié dans la célèbre revue Nature le 12 novembre, le réchauffement climatique aurait déjà dépassé le point de non-retour des 2,3°C d’augmentation de la température. Même si les émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre étaient immédiatement et complètement stoppées, les 2,3°C d’augmentation seraient atteints d’ici 2070. Après cette période, les températures baisseront mais augmenteront à nouveau ensuite pour atteindre environ 4°C en 2500.
Un dégagement de méthane issu de la fonte du pergélisol alimentera le réchauffement pendant des centaines d’années
Cet article a identifié ce point de non-retour en se basant sur le modèle climatique ESCIMO. Selon ce modèle nous avons atteint la température où le pergélisol, le sol congelé des pôles, fond lentement. Cette fonte provoque un léger dégagement continu de méthane qui alimentera le réchauffement au cours des prochains siècles. Ce phénomène est un cercle vicieux, causé par la libération de méthane, mais aussi par la réflexion du soleil (causée par la fonte des glaces et de la neige) et une humidité atmosphérique plus élevée (causée par des températures plus élevées). Ce cycle semble se déclencher à partir d’un réchauffement climatique d'à peine 0,5°C au-dessus du niveau préindustriel, au milieu du XIX siècle.
Le modèle ESCIMO, assez complet pour faire des prédictions?
Dorota Retelska, experte en climatologie, explique dans le journal suisse Le Temps, que ce modèle est incomplet, car le réchauffement peut accroître l’absorption du CO2 par la biosphère, mais peut aussi être impacté par les sécheresses, qui provoquent une importante émission de carbone du sol.
Pour Daisy Dunne, dans le quotidien britannique The independent, ce modèle est également un peu simpliste. Certains climatologues demandent donc à l’opinion publique de prendre ces résultats avec prudence, car ce modèle ne serait pas assez crédible pour faire des prédictions.
La glace de mer fond à un rythme alarmant, et cela n’aurait pas été pris en compte
Une des critiques faites à l’encontre du modèle ESCIMO, utilisé dans la nouvelle étude, est qu’il ne simule pas bien le fonctionnement du réchauffement climatique. Le réchauffement des océans et de l’atmosphère du monde doivent aussi être pris en compte. La glace blanche brillante réfléchit la lumière du soleil et, une fois qu'elle disparaît, l'océan sombre commence à absorber plus de lumière du soleil, ce qui chauffe davantage les eaux, et conduit à une fonte supplémentaire de la glace.
Les résultats de l'étude sont enfin en contradiction avec les conclusions du rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui utilise des modèles qui peuvent aussi simuler le comportement des boucles de rétroaction de la Terre.
Même si les auteurs de l’article sont conscients eux aussi que leur modèle est peut-être trop simple, leur intention est d’inciter d’autres chercheurs à compléter ces prédictions.
Il faut donc prendre ces conclusions avec précaution, et surtout, il ne faut en aucun cas utiliser ce supposé dépassement du point de non-retour comme un argument pour stopper les efforts contre le réchauffement climatique. Au contraire, il faut plus que jamais coordonner les stratégies pour réduire au maximum les émissions de CO2, et tenter, si cela n’est pas déjà fait, de ne jamais atteindre le point de non-retour qui déclencherait un cercle vicieux de conséquences désastreuses.
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