Emmaüs dénonce le greenwashing des grandes marques avec le commerce d’occasion
En déclarant s’engager en faveur d’une consommation plus responsable, certaines grandes enseignes et start-ups lancent des initiatives pratiques et accessibles pour mettre la consommation de produits d'occasion à la portée de tout le monde. Ces services de récupération et de vente de produits de seconde main sont présentés comme écologiques et protecteurs de l’environnement. Mais, cette nouvelle tendance ne serait-elle pas simplement une manière d’augmenter la surconsommation de masse de ces grandes enseignes, bien loin d’une véritable consommation durable ? Emmaüs, acteur traditionnel et légitime du marché de la récupération et de l’occasion, dénonce dans une tribune ces initiatives qui, au lieu de proposer des solutions écoresponsables, ressemblent davantage à un nouvel outil de marketing au service de la consommation de masse.
L’essor du commerce de seconde main profite aussi à la “fast fashion”
Cette année, 64 % des Français seraient prêts à offrir des cadeaux d’occasion, car désormais, “c’est à la fois se préoccuper de son impact carbone, boucler plus facilement son budget et être tout simplement dans l’air du temps” explique Emmaüs. Pour le sociologue Patrice Duchemin, cette mode permet aux géants du textile de profiter de la tendance. L’auteur du livre “Le Pouvoir des imaginaires”, explique que l’industrie textile, pour améliorer son image, détériorée par l’empreinte écologique et des questions éthiques, comme l’exploitation de travailleurs ouïghours, se lance dans le marché de l’occasion. Cela permet à l’industrie de réussir à faire du chiffre d’affaires supplémentaire, tout en gardant un contact avec sa clientèle, d’autant plus à une époque où la jeunesse se tourne davantage vers l'immatériel (réseaux sociaux et jeux vidéo).
Ne vous y trompez pas, ce n’est que du "greenwashing"
Alors qu’on aurait tendance à croire que toutes ces initiatives sur la seconde main vont dans la bonne direction d’un point de vue écologique, qu’elles montrent une certaine prise de conscience, Emmaüs signale qu’en s'appuyant sur les codes d’une communauté positive, l’industrie textile réussit tout simplement à cacher la face immergée de l’iceberg. Les grandes marques redorent leur image, mais cela ne change pas leur activité principale ; la surconsommation continue et l'écologie en pâtit.
L’occasion seconde à grande échelle est nocive pour la solidarité
Alors qu’avant, les gens donnaient leurs vieux vêtements à des associations, il est aujourd’hui possible de les mettre en vente, et cela alimente un "business du vintage", dénonce Patrice Duchemin. “Alors que jusqu’à présent consommation voulait dire destruction, elle devient aujourd’hui elle-même génératrice de consommation !” Cette dynamique est encore plus génératrice de consommation que l’industrie de la première main, car l’occasion offre un côté "bonne affaire", ce qui motive encore plus les achats.
Il nous faut non seulement consommer mieux, mais aussi consommer moins…
Alors que l’économie du don permet chaque année d’accueillir, former, loger, faire travailler, des dizaines de milliers de compagnons et de salariés en parcours d’insertion chez Emmaüs, les grandes enseignes, elles, échangent les vieux habits contre des bons d’achats, ce qui en échange ne fait que d’augmenter leurs ventes. Alors, avant d'échanger vos vieux habits contre des articles neufs ou des bons d’achat, pensez à l'environnement. Ne serait-il pas plus judicieux de simplement donner vos vêtements ?
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