Les néonicotinoïdes seront à nouveau autorisés en 2022
Publié le 1er février 2022 au Journal Officiel, un arrêté autorise les néonicotinoïdes sur les semences de betteraves sucrières en 2022. Ces produits sont pourtant interdits depuis 2018.
Surnommés les tueurs d'abeilles, ils sont pointés du doigt pour leurs effets nocifs sur la biodiversité. Malgré tout, les producteurs ont obtenu une nouvelle dérogation d'une durée de 120 jours pour protéger leurs récoltes de la jaunisse.
Une toxicité pourtant avérée
Utilisés dans l'agriculture pour la protection des plantes contre les insectes parasites, les néonicotinoïdes sont des neurotoxiques. Ils affectent principalement le système nerveux central des insectes. Ils sont donc extrêmement efficaces pour lutter contre la prolifération des pucerons sur les cultures. Ces insecticides sont pourtant particulièrement néfastes pour les pollinisateurs et interdits en Europe depuis 2018.
Une étude menée par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) a démontré qu'une faible quantité de ces produits pouvaient décimer une colonie entière d'abeilles.
2020 : les rendements sont historiquement bas
En 2016, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages est votée à l'Assemblée nationale. Avec l'ambition de protéger et de valoriser le patrimoine environnemental de la France, cette loi reste cependant difficilement applicable tant les enjeux économiques et écologiques sont grands. Et surtout ils sont contradictoires.
2020 est une année catastrophique en termes de rendement pour les producteurs de betteraves avec des pertes allant jusqu'à 30 %. Et les récoltes sont à leur plus faible niveau depuis 30 ans.
En 2021, pour soutenir la filière, l’État approuve un projet de loi permettant la réintroduction des néonicotinoïdes jusqu'en 2023. Et des dérogations temporaires sont accordées aux betteraviers pour faire face aux pertes importantes.
2022 : passage en force du gouvernement
Trois associations de défense de l’environnement Agir pour l’environnement, Nature et Progrès ainsi que la Confédération paysanne avaient saisi le Conseil d’État pour empêcher l'utilisation de ces pesticides.
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En novembre 2021, une campagne de prélèvements menée par l’Institut technique de la betterave (ITB) a démontré que le risque de contamination était négligeable pour l'année 2022. Seuls sept prélèvements sur 267 parcelles se sont révélés positifs.
L'argumentaire du gouvernement, représenté par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili et le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, repose aussi sur des prévisions et des simulations météorologiques saisonnières.
Dans un communiqué du 25 février, les juges administratifs ont indiqué que « le risque d’une infestation massive de pucerons porteurs de maladies est réel et sérieux. »
Jacques Caplat, agronome et secrétaire général d’Agir pour l’environnement ne peut que dénoncer cette décision. Il indique « le gouvernement nous noie sous des documents de référence pour faire croire que leurs décisions sont basées sur des données scientifiques. »
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