Des huiles essentielles légales pour remplacer le glyphosate dans les vignobles français ?

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FranceSoir
Publié le 07 mars 2022 - 13:30
Mis à jour le 08 mars 2022 - 13:30
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Un flacon d'huiles essentielles
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©Monicore/ Pixabay
Une start-up belge propose les huiles essentielles pour traiter les champs.
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Le glyphosate, ce désherbant classé "cancérogène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) mais autorisé en Europe, est au cœur des préoccupations de plusieurs organisations de la société civile, qui plaident pour son interdiction. Alors qu’Emmanuel Macron s'était engagé, en novembre 2017, pour une interdiction du glyphosate "au plus tard dans trois ans", il a fini par reconnaître avoir échoué, déplorant un échec "collectif". Cependant, des acteurs se mobilisent pour proposer des innovations qui protègent les cultures et évitent l’utilisation de produit nocif, sans attendre l’action du gouvernement. Ce faisant, des vignerons se tournent vers l'expérimentation avec des huiles essentielles, pour soigner les maladies des vignes et contrôler les adventices sans utiliser l’herbicide tristement célèbre.

Des expériences en Champagne

Le site Terre de vins recueille le témoignage de certains vignerons qui traitent déjà depuis plusieurs années leurs cultures avec des huiles essentielles. Adrien Renoir, vigneron à Verzy, par exemple, a commencé à utiliser les huiles essentielles en 2017, contre le mildiou. Éric Rodez, vigneron à Ambonnay, confie expérimenter ces huiles contre les adventices.

Une start-up belge propose les huiles essentielles pour traiter les champs

Alors que le terrain des huiles essentielles manque de réglementation et de recherches (sur leur potentielle toxicité comme sur leur efficacité), une start-up belge baptisée Apeo, pour « Agronomical Plant Extracts & Essential Oils », créée en janvier 2021, cumule dans son historique dix ans de recherches à l’Université de Liège, et donne à voir des résultats très encourageants sur le contrôle des adventices grâce aux huiles essentielles. Haissam Jijakli, co-fondateur de l’entreprise, propose trois huiles testées avec succès en serre en 2018, 2019 et 2020, en Belgique, dans le Sud de la France, et au Royaume-Uni, dont la formule est secrète. Pour la vigne, la start-up propose deux formulations, à pulvériser à l'aide des équipements classiques : un produit pour désherber en début de campagne ou à l’automne, et un second pour épamprer. Des essais pour une homologation en viticulture vont démarrer ce millésime, ce qui permettrait à la formule d'être vendue à partir de 2026.

De réglementations contraignantes pour les traitements "bio"

Si la commercialisation de cette formule n’est pas pour demain, cela est dû à des réglementations contraignantes au niveau européen. Les huiles essentielles, pour être utilisées en protection des cultures, doivent suivre une réglementation européenne spécifique aux produits phytosanitaires. Le règlement 1107/2009, relatif au plan Ecophyto, préconise que l'huile essentielle soit autorisée en tant que substance active au niveau européen, et que le produit commercialisant la formule soit autorisé en France. D’abord, la formule doit être inscrite en tant que substance active classique, et ensuite en tant que substance à faible risque, pour terminer en tant que substance de base. Or, aujourd’hui, en Europe, aucune substance n’est autorisée en tant que substance à faible risque, ni en tant que substance de base. Des associations comme l'ASPRO-PNPP militent pour que décoctions, infusions ou purins, macérats et huiles essentielles ne soient plus hors la loi, ce qui limiterait l'utilisation de pesticides ou d'engrais chimiques.

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