Les parcelles bio augmentent l’épandage de pesticides
Une étude californienne publiée ce jeudi 21 mars dans la revue scientifique Science fait état des effets indésirables de l’agriculture biologique. En effet, des pesticides peuvent être utilisés en plus grande quantité lorsque des champs de l’agriculture conventionnelle se retrouvent à proximité de champs issus de l'agriculture biologique.
Pour contrer cet effet, il devient nécessaire que les champs biologiques se réunissent en un même endroit. L’autrice principale de cette étude, Ashley Larsen, précise cependant que cette étude ne doit pas seulement se réduire à son titre. La chercheuse en sciences environnementales de l’Université de Californie à Santa Barbara (UCSB) a étudié avec ses collègues, Frederik Noack et Claire Powers, près de 14 000 parcelles du comté de Kern (Californie). Ces dernières cultivaient une grande variété de plants, comme des amandes, des citrons, des tomates ou des raisins. La cartographie des champs cumulée à leur appartenance ou non à la classification biologique ainsi que leur utilisation de pesticides ont été pris en compte par les chercheurs afin d’établir leurs résultats.
Les champs de l’agriculture conventionnelle épandent des pesticides supplémentaires selon l’hypothèse que : « l’agriculture biologique abrite une plus grande population d’insectes nuisibles, mais aussi de leurs ennemis naturels », comme l’explique Ashley Larsen. Alors, les champs conventionnels « ont une population plus petite d’ennemis naturels, et lorsqu’ils voient les insectes nuisibles arriver, ils augmentent leur usage de pesticides. » Ceci explique l’augmentation nécessaire de pesticides afin de juguler les espèces venues des champs voisins. Cependant, les effets se conjuguent entre eux. En effet, tandis que les champs de l’agriculture conventionnelle augmentent les quantités de pesticides, les champs bio quant à eux les diminuent. Ces derniers profitent des pesticides des voisins et voient leur population de nuisibles réduire.
La chercheuse suggère cependant de réunir chaque typologie agricole en mettant en place des mesures incitatives « au regroupement de champs pratiquant l’agriculture biologique ». En réponse à cette étude, le chercheur Erik Lichtenberg de l’Université du Maryland commente dans un article, également publié dans Science, que les mécanismes à l’œuvre restent malgré tout obscurs. Il est nécessaire de pratiquer des études supplémentaires pour répondre aux interrogations qu’il exprime ainsi : « Quels insectes nuisibles sont impliqués, d’où ils viennent et comment ils se déplacent sont des choses mal comprises ».
Tandis que de nombreuses mesures sont prises en Europe afin de limiter l’usage de pesticides qui divisent encore, preuve en est des revendications faites lors de la grève des agriculteurs en France, un inconvénient supplémentaire vient peser sur ces derniers. Comment répondre à un tel cahier des charges lorsque les voisins sont aussi à prendre en compte ? Les aspects géographiques deviennent des contraintes supplémentaires pour perdurer sur le marché du bio, déjà impacté par l’inflation, qui fait reculer ses ventes de 12% en France.
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