Pompiers suspendus et moyens limités : en Gironde, la colère gronde en même temps que les feux
La France vit une nouvelle fois un été enflammé. Depuis sept jours, des incendies observés en Gironde et dans les Bouches-du-Rhône ont ravagé près de 19 000 hectares, pour environ 32 000 évacuations préventives au total. Alors que d’autres incendies se sont déclarés dans le Médoc, les Landes et en Charente-Maritime, d’aucuns demandent la réintégration des pompiers suspendus, déplorant un manque de moyens conséquent pour faire face aux flammes.
"Une situation compliquée" due à une pénurie de pompiers
Depuis une semaine, les flammes s’étendent sur des dizaines de milliers d’hectares, ayant détruit au passage cinq campings du Pilat à 90 %, selon Fabienne Buccio, la préfète de la Gironde. "Tout le monde est appelé sur le feu", a-t-elle assuré sur BFM TV, appelant tous les pompiers volontaires et professionnels. Tous ? Presque.
Voir aussi : Incendies en Gironde: plus de 19 000 hectares brûlés, les fumées sur Bordeaux
Pour lutter contre ces deux gigantesques incendies, près de 2 000 sapeurs-pompiers ont été mobilisés. Mais n'oublions pas qu'à l'instar des soignants — soumis à l'obligation vaccinale depuis le 15 septembre 2021, certains soldats du feu ont été suspendus car non-vaccinés.
Et pendant que la presse mainstream blâme le dérèglement climatique — comme elle blâmait le virus pour le ravage des hôpitaux, d'autres imputent plus volontiers la faute à l'État, dont l'inaction aurait engendré la pénurie de moyens.
Voir aussi : Feux en Gironde: un syndicat de la Sécurité civile réclame plus d'avions et de pilotes
En la matière, c'est le Rassemblement national (RN) qui a donné de la voix. Selon Grégoire de Fournas (député RN de la Gironde) et Jordan Bardella (président du RN et député européen), des pompiers n’ont pas pu se rendre sur les lieux à cause de leurs schémas vaccinaux incomplets. Comme pour les soignants, ils appellent à leur réintégration immédiate :
Des pompiers volontaires ne peuvent pas rejoindre le front des #incendies en Gironde... car ils ne sont pas vaccinés. Mettons fin à cette absurdité, réintégrons-les ainsi que tous les soignants brutalement suspendus !
— Jordan Bardella (@J_Bardella) July 18, 2022
De son côté, le président des Patriotes Florian Philippot a également déploré la suspension des pompiers, dénonçant un "gouvernement pyromane" : "Le feu, c'est vous !", a-t-il tweeté.
Malgré tout, Emmanuel Macron a préféré se tourner vers l'étranger. "Dans ce contexte, nous avons pu bénéficier de la solidarité européenne", a rapporté le chef de l’État. "Je veux remercier la Grèce qui vient de mettre plusieurs appareils à disposition qui sont arrivés il y a quelques heures". Le président de la République a indiqué que l’Italie viendra aussi en aide aux pompiers français combattant les flammes.
Une stratégie "européenne" qui, en plus d'illustrer le cruel manque de moyens au plan national, place les Français au second plan et ne fait pas l'unanimité :
Pompiers de Grèce et d’Italie mais surtout pas les pompiers suspendus Français pic.twitter.com/0CBIfaszwZ
— VERITY France (@verity_france) July 15, 2022
Face aux flammes, des "moyens limités"...
Les sapeurs-pompiers avaient déjà tiré la sonnette d’alarme en 2019 : "Notre service public de secours est en danger. On est malade d'un manque d'effectifs, d'un manque de moyens. On note un désengagement de l'État", expliquait en 2019 Xavier Boy, à la tête de la fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Les avertissements de cette profession n’ont-ils pas été suffisamment pris au sérieux par les pouvoirs publics ?
Comme pour l’hôpital, les griefs des pompiers s’expliquent par un manque crucial de moyens, et de considération. La répartition actuelle des douze Canadairs que compte la France (ces avions munis de réservoirs d’eau destinés à lutter contre les flammes, qui sont stationnés sur une base à Nîmes) augmente la menace sur des territoires plus éloignés. "Je suis convaincu que si nous avions eu des Canadairs à proximité, nous n'en serions pas là", a ainsi déclaré Jean-Luc Gleyze, président de la Gironde sur Sud-Ouest. "Il faudra en parler au niveau national. Pendant ces deux grands incendies, nous avons eu des départs de feu sur le nord de la Gironde et sur le nord des Landes. Nous avons détourné les Canadairs de La Teste-de-Buch vers ces feux : ils ont été immédiatement éteints", a-t-il également raconté sur RTL.
... et vieillissant
De son côté, Jean-Pierre Vogel, sénateur LR, titrait ainsi l’un de ses rapports rédigés en 2019 : "Les feux de forêts : l’impérieuse nécessité de renforcer les moyens de lutte face à un risque susceptible de s’aggraver". Un constat qui s’observe douloureusement aujourd’hui ; les gouvernements successifs n’ont pas suffisamment anticipé les événements qui sévissent actuellement, a indiqué le sénateur. Il souligne aussi le vieillissement des Canadairs, bien que ceux-ci soient indispensables pour bloquer la propagation des flammes. Aujourd'hui, certains sont encore en maintenance, tandis que les nouvelles livraisons ne sont prévues que pour 2025.
Enfin, pour Nicolas Dupont-Aignan, la France est répréhensible, car elle a acheté un nouveau modèle d’avions... moins performants. Sur CNews, il explique que "les Canadairs avaient l’avantage immense de pouvoir prendre l’eau tout de suite, en se posant sur des lacs", ce qui n'est pas le cas des nouveaux modèles.
En somme, malgré un discours alarmiste sur le "réchauffement climatique", qui dure déjà depuis plusieurs années, les pompiers sont vidés. Comme avec l'hôpital — et bien d'autres sujets, la discordance entre le verbe et le geste du gouvernement soulève beaucoup d'interrogations, et de tensions. Certains y voient une forme de mépris envers les Français, déplorant que le chef de l'État ne sache pas "se remettre en question"... Va-t-on bientôt apprendre la leçon ?
Voir aussi : "Je crains une guerre civile froide" Alain Houpert, sénateur
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