Affaire Grégory : les époux Jacob remis en liberté

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Par AFP
Publié le 20 juin 2017 - 18:37
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L'avocat de Marcel Jacob, Me Stéphane Giuranna, le 19 juin 2017 à Dijon
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© PHILIPPE DESMAZES / AFP
Marcel et Jacqueline Jacob restent mis en examen pour enlèvement, séquestration suivis de mort.
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Un revers qui ajoute à la confusion, 32 ans après le crime. La justice a remis en liberté, mardi, le grand-oncle et la grand-tante du petit Grégory, quatre jours seulement après leur mise en examen pour enlèvement et séquestration suivis de mort.

"La chambre de l'instruction (de la cour d'appel de Dijon, ndlr) a entendu nos arguments sur la faiblesse des charges, quand je dis la faiblesse je pourrais dire l'inexistence des charges qui pesaient sur les époux Jacob", s'est félicité devant la presse, au sortir du palais de justice, Me Stéphane Giuranna, conseil de Marcel Jacob, 72 ans.

Lui et sa femme Jacqueline, 72 ans également, ne retourneront pas chez eux dans les Vosges mais seront domiciliés séparément avec interdiction absolue de parler à la presse dans le cadre de leur contrôle judiciaire.

Cette décision constitue un sérieux revers pour les enquêteurs et le parquet général qui avait requis le maintien en détention.

L'arrestation surprise du couple, mercredi dernier dans les Vosges, avait relancé cette affaire jamais élucidée depuis la découverte du garçon de quatre ans, pieds et poings liés dans les eaux de la Vologne, le 16 octobre 1984. Mais elle ne l'avait pas résolue pour autant et la défense criait depuis à l'absence de preuves.

Les deux septuagénaires, qui n'avaient jamais été inquiétés jusqu'alors, restent mis en examen pour enlèvement, séquestration suivis de mort. Mais leurs avocats ont indiqué qu'ils demanderont la nullité de cette mesure.

- 'Une défaite' -

Leur remise en liberté est "une défaite aujourd'hui pour le procureur général et pour la partie civile que je suis", a reconnu sur BFMTV Me Thierry Moser, conseil des parents de Grégory.

L'avocat historique du couple Villemin croit cependant "que bientôt, nous aurons des éléments qui ne sont pas dans le dossier, des éléments complémentaires qui permettront de remodeler le paysage judiciaire de cette affaire".

"Je reste tout à fait convaincu de l'exactitude et de la justesse de cette théorie du crime organisé par une équipe de malfaisants au sein de la famille", a-t-il ajouté.

Avec les époux Jacob, les enquêteurs ont remis depuis une semaine au centre de l'affaire des proches de Bernard Laroche, premier suspect, tué en 1985 alors qu'il était inculpé pour le meurtre de Grégory par le père de l'enfant, son cousin.

"Je crois que la justice avance à tâtons, 32 ans après le crime, sauf s'il y a quelque chose de vraiment nouveau dans le dossier, j'avoue que la prudence s'impose", a conseillé Me Gérard Welzer, avocat de Marie-Ange Laroche, veuve de Bernard. Selon lui, "dans quelques semaines, les époux Jacob bénéficieront d'un non-lieu".

"Le crédit de notre institution judiciaire mérite qu'on soit prudent, ou on a quelque chose contre quelqu'un, ou on ne l'a pas", a-t-il ajouté.

- Nouvelles auditions -

L'accusation pense avoir identifié, avec le couple, les fameux "corbeaux" et selon elle, "il y a un élément qui associe ces actes, ces lettres, les appels téléphoniques, l'acte d'enlèvement et la mort de l'enfant", plusieurs personnes ayant concouru à la réalisation du crime.

Les soupçons des enquêteurs se fondent sur des rapprochements graphologiques ou lexicaux, comme la récurrence de l'expression "le chef" pour désigner Jean-Marie Villemin, le père de Grégory, dont les auteurs auraient voulu se venger. Le parquet général s'appuie aussi sur l'absence d'alibis "confirmés ou étayés".

Trois décennies plus tard, les enquêteurs vont à nouveau devoir s'employer à vérifier les emplois du temps des différents protagonistes au regard de leurs déclarations antérieures et en procédant à de nouvelles auditions.

Murielle Bolle, la belle-sœur de Bernard Laroche, pourrait faire partie des prochaines personnes interrogées.

En 1984, âgée de 15 ans, elle avait affirmé devant les gendarmes qu'elle était avec son beau-frère le jour du meurtre et avait assisté à l'enlèvement de Grégory, avant de se rétracter trois jours plus tard.

Depuis une semaine, de vieilles plaies semblent se rouvrir dans la famille. Samedi dans une interview à L'Est Républicain, Valérie, fille du couple Jacob qui a depuis longtemps "coupé les ponts avec eux", n'a pas exclu la culpabilité de ses parents.

Chez lui à Granges-sur-Vologne, René Jacob, frère de Marcel, s'est dit "soulagé" par leur libération. "Parce que ça m'a fait du mal. Surtout qu'ils sont innocents", a-t-il dit, ajoutant: "Mon frère n'est pas méchant, sa femme non plus. Chez nous, y a pas de méchants."

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