Affaire Maëlys : si Nordahl Lelandais est innocent, où est-il parti pendant 39 minutes ?
Eléments à charge contre incohérences favorables au prévenu. Si l'accusation et la défense s'oppose frontalement sur le cas Nordahl Lelandais, principal -et seul- suspect dans l'enquête sur l'enlèvement de la petite Maëlys, un fait est admis par les deux parties: l'ancien militaire s'est éclipsé à 2h46 de la soirée. Il est ensuite revenu 39 minutes plus tard, alors que les invités commençaient à chercher l'enfant disparue.
Si l'accusation estime que Nordahl Lelandais est parti pour commettre le crime sur la malheureuse fillette, la version de la défense est plus floue (et n'a pas été évoquée par Alain Jakubowicz lors de ses deux interventions médiatiques). S'il n'était pas avec Maëlys, où est alors allé le suspect lors de ses 39 minutes d'escapade?
Le magazine L'Express avait répondu à cette question, en publiant une partie du contenu des premières auditions de Nordahl Lelandais devant les gendarmes (il a été placé en garde à vue fin août, puis début septembre). Il apparaissait alors que l'ancien maître-chien avait donné une explication à son escapade à l'heure fatidique: "Je suis allé à Saint-Albin chercher des produits stupéfiants".
Saint-Albin est une commune de l'Isère située à quelques minutes en voiture de Pont-de-Beauvoisin où a disparu Maëlys. Faire l'aller-retour en moins de 40 minutes sur une route déserte à cette heure-ci pour aller chercher des stupéfiants auprès d'un dealer, même en imaginant une discussion entre le vendeur et son client, est donc crédible sur le plan horaire.
Aller plus loin: Disparition de Maëlys: Nordahl L. aurait consommé de la cocaïne au mariage et nettoyé soigneusement sa voiture dès le lendemain
Cependant, Nordahl Lelandais –d'après le contenu de ces interrogatoires– n'a jamais pu identifier avec précision le revendeur de drogue qui, si cette hypothèse est vrai, pourrait aujourd'hui l'innocenter. Ce qui fait douter de son récit.
Reste en outre la question de l'image de vidéosurveillance prise à Pont-de-Beauvoisin (côté Savoie) à 2h47 d'une Audi A3 que l'accusation estime être celle de Nordahl Lelandais (ce qu'il nie). Outre la silhouette blanche aujourd'hui au cœur des débats (et des "incohérences" selon l'avocat du suspect), la route où celle-ci a été prise n'est pas la plus pertinente pour se rendre à Saint-Albin en partant de la salle polyvalente.
Alain Jakubowicz n'a jamais souhaité s'exprimer sur cette question pourtant centrale. S'il positionne sa défense sur des témoignages indiquant que l'horaire de la disparition de l'enfant ne colle pas avec sa culpabilité (et que France-Soir avait publié en partie), il reste plus évasif sur l'identification ou non de la voiture de son client à Pont-de-Beauvoisin (côté Savoie). Le 4 décembre sur BFMTV il expliquait à Ruth Elkrief: "Je vous le concède, ça pourrait être son véhicule. En revanche, venir dire qu'il s'agit d'une petite silhouette d'une enfant c'est contraire à la réalité objective" parlant plutôt d'un "décolleté de femme". Des explications qui ne collent guère avec la thèse d'un Nordahl Lelandais allant acheter à la va-vite des produits stupéfiants pour ravitailler une fête qui allait s'achever tragiquement.
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