Attentat de Magnanville : Larossi Abballa avait-il des complices ?
Trois jours après le double meurtre au nom du groupe Etat islamique d'un policier et de sa compagne, les enquêteurs tentaient d'établir ce jeudi 16 si le tueur Larossi Abballa a bénéficié de complicités et pourquoi il a ciblé ce commandant de police. Après la journée de recueillement mercredi 15, les policiers de Mantes-la Jolie (Yvelines) rendront un nouvel hommage à leurs collègues lors d'une marche à 10 heures au départ du commissariat de la ville où avait travaillé Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, et où sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, exerçait.
Trois hommes interpellés mardi 14 étaient toujours ce jeudi matin en garde à vue, le parquet devant décider s'il les prolongeait de 48 heures supplémentaires. Âgés de 27, 29 et 44 ans, ils font partie de l'entourage du meurtrier Larossi Abballa. Deux d'entre eux avaient été condamnés avec lui en 2013 dans une affaire de filière djihadiste vers les zones tribales pakistano-afghanes. Les enquêteurs tentent notamment d'établir si Abballa a agi seul ou s'il a bénéficié de complicités dans la préparation ou dans l'exécution de l'attaque.
Ils cherchent également pourquoi il a ciblé spécifiquement Jean-Baptiste Salvaing, commandant de police adjoint au commissariat des Mureaux (Yvelines). "On ne sait pas encore le pourquoi précis de cette cible-là", confie une source proche de l'enquête. Se connaissaient-ils? Abballa, 25 ans, était connu des services de police dans les Yvelines, où il a toujours vécu et a notamment été condamné à deux reprises pour un vol et un recel, et Jean-Baptiste Salvaing a fait une bonne partie de sa carrière de policier dans le département. Les enquêteurs espèrent aussi puiser des informations dans le matériel informatique et téléphonique saisis chez les trois gardés à vue, ainsi que dans celui d'Abballa trouvé chez ses parents et celui avec lequel il a mis en ligne sa vidéo de revendication depuis le domicile du policier.
Ce double meurtre a choqué la France. Mercredi soir, joueurs et public du match de l'Euro France-Albanie ont été invités à une minute d'applaudissements en leur mémoire. Et vendredi 17 c'est François Hollande qui présidera une cérémonie officielle d'hommage à la préfecture de Versailles, en présence des familles des deux victimes ainsi que du Premier ministre Manuel Valls et du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Cette attaque djihadiste, en plein Euro de football et alors que le mouvement de contestation contre la loi Travail a encore été émaillé de violences, a décuplé le feu des critiques venues de l'opposition de droite. Accusés de laxisme et de "négligence", Manuel Valls et Bernard Cazeneuve montent régulièrement au créneau pour défendre leur politique de fermeté républicaine et balayer les demandes d'instaurer des "centres de rétention" (Eric Ciotti, Nicolas Dupont-Aignan) ou des "camps 'internement" (Laurent Wauquiez).
Ce climat de tension a été alourdi par l'annonce mercredi dans la presse belge que la police locale a été avertie que des djihadistes ont quitté récemment la Syrie pour commettre des attentats en Belgique et en France. "Il n'y a pas de menace précise aujourd'hui davantage qu'hier, mais une menace générale qui est aujourd'hui aussi forte que celle qui prévalait hier", a assuré mercredi soir Bernard Cazeneuve.
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