Attentat à Magnanville : les syndicats de police, émus, veulent des "moyens juridiques"
Les puissants syndicats de police, qui doivent être reçus ce mardi 14 place Beauvau après l'attaque djihadiste contre un policier et sa compagne tués, lundi 13 à Magnanville, demandent des "moyens juridiques" pour leur protection, mettant en avant l'émotion dans leurs rangs.
L'une des pistes proposées est la prolongation de la mesure leur permettant d'être armé en permanence comme c'est le cas en période d'état d'urgence, en vigueur jusqu'au 26 juillet.
"Compassion", "tristesse", "émotion": tels sont les mots revenant dans la bouche des syndicats de police, toutes tendances confondues et dont le poids est considérable, après la mort d'un policier et de sa compagne tués lundi soir chez eux à Magnanville (Yvelines) lors d'une attaque à l'arme blanche par un présumé djihadiste.
Au-delà des écrits, ce sont des responsables un peu épuisés, voire impuissants, peinant à réclamer des mesures précises qui se sont confiés à l'AFP.
Avec eux, les représentants syndicaux des personnels administratifs seront reçus mardi à 18h, a annoncé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Les drapeaux des édifices du ministère ont été mis en berne pendant trois jours à compter de ce mardi midi, a-t-il ajouté, afin de "marquer la profonde émotion de l'ensemble des personnels" après cet "abject assassinat". Une minute de silence sera observée mercredi 15 à midi "dans tous les services du ministère".
Ces meurtres sont "la démonstration, s'il en était besoin, de la grande exposition des forces de sécurité intérieure, policiers et gendarmes, qui paient un lourd tribut pour assurer la sécurité des Français", a-t-il aussi dit en se rendant au commissariat des Mureaux (Yvelines) où travaillait le commandant de police tué et où l'émotion était très palpable.
Tous les syndicats ont mis en avant la revendication, maintes fois exprimée, du prolongement de la mesure autorisant policiers et gendarmes à êtres armés en permanence, y compris hors service et sur la base du volontariat. Cela leur est permis depuis l'état d’urgence ayant suivi les attentats de novembre 2015.
Cette mesure exceptionnelle faisait suite à la mort de trois d'entre eux -Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet et Clarissa Jean-Philippe- lors des attentats de janvier 2015.
"C'est l'évidence", a dit à l'AFP Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance (premier syndicat de gardiens de la paix). "Mais ce ne sera pas suffisant pour répondre à l'émotion qui vient après des mois de mobilisation": Cop21, Euro ou manifestations contre le projet de loi Travail au cours desquelles les policiers ont été accusés de violences, rappellent à l'envie les syndicats.
"On ne peut pas continuer comme ça ce cycle infernal: un jour des cibles, un jour encensés", comme après les attentats de janvier, a renchéri Philippe Capon de l'Unsa-police (troisième syndicat), pour qui "il faut inventer quelque chose".
"Au-delà du policier en uniforme, c’est aujourd’hui à sa famille que ces lâches s’en prennent", a déclaré Yves Lefebvre d'Unité police SGP -FO (deuxième syndicat) demandant que "tout soit mis en œuvre" pour éviter "de tels actes".
Beaucoup demandent de "nouveaux moyens juridiques" sur les conditions de la légitime défense par exemple. Et posent la "question de la sécurité des condamnations" et du "suivi des radicalisés".
"Il faut instaurer des mesures administratives", a proposé Patrice Ribeiro de Synergie (second syndicat d'officiers), "y compris pour tous ceux ayant déjà purgé une peine de prison" comme Larossi Abballa, l'auteur des faits de Magnanville.
La droite, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé en tête, ont demandé des comptes au gouvernement, surfant notamment sur ces propositions.
Interrogé sur la possibilité de mesures de sécurité supplémentaires, le Premier ministre, Manuel Valls, a fait valoir que "des mesures ont déjà été prises pour la protection des policiers". "Nous n'allons pas adopter à chaque fois une nouvelle mesure".
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.