Attentats du 13 novembre : une "fausse victime" condamnée à six mois ferme

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Par AFP
Publié le 01 décembre 2017 - 19:11
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Le Bataclan, au lendemain d'un attentat meurtrier, le 14 novembre 2015 à Paris
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© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives
Le Bataclan, au lendemain d'un attentat meurtrier, le 14 novembre 2015 à Paris
© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives

"Avec le temps, je me suis empêtré dans ce mensonge": un ambulancier de 29 ans a été condamné vendredi à Versailles à six mois de prison ferme pour s'être fait passer pour une victime des attentats du 13 novembre 2015.

A l'issue de l'audience, le tribunal correctionnel a condamné Cédric Rey à deux ans de prison dont 18 mois avec sursis pour "tentative d'escroquerie" au préjudice du Fonds de garantie des victimes du terrorisme et d'autres infractions (FGTI), avec un maintien en détention.

Cet ambulancier de formation avait rempli, en janvier 2016, un dossier d'indemnisation dans lequel il indiquait être le soir du 13 novembre à la terrasse du Bataclan, et avoir été la cible des tirs.

Il avait aussi raconté son histoire, avec force détails, à plusieurs médias dont l'AFP. Celle d'une soirée entre amis interrompue par l'arrivée des tireurs, puis cette "femme enceinte" qui avait "pris les balles qui (lui) étaient destinées".

C'est l'absence de plainte auprès de la police qui, un an plus tard, avait interpellé les enquêteurs. Des "incohérences" sont alors relevées dans son récit, en particulier le fait qu'aucune femme enceinte n'a perdu la vie ce soir-là.

A travers la téléphonie, la police avait établi que Cédric Rey était arrivé au Bataclan à 00H16, plus de deux heures après l'entrée des terroristes dans la salle.

"Quand j'ai entendu sur les ondes ce qu'il se passait à Paris, j'ai pris ma voiture et j'ai foncé là-bas pour aider" en tant que secouriste, a-t-il relaté, en détention provisoire depuis la première audience, le 27 octobre.

Le tribunal correctionnel avait alors demandé deux nouvelles expertises, psychiatrique et psychologique.

Les jours suivants le 13 novembre, "marqué" par ce qu'il a vu, Cédric Rey raconte être retourné au mémorial place de la République et avoir rencontré une rescapée en pleurs, puis d'autres. "J'ai passé quasiment toutes les nuits à discuter sur la place", et "avec le temps, je me suis empêtré dans ce mensonge, je me suis laissé dépasser", a-t-il affirmé.

Dans une période où il était "au fond du gouffre", il a expliqué avoir trouvé un "soutien", des "amis" parmi les victimes. Son dossier d'indemnisation, "ça a été pour officialiser le statut de victime, pour être comme eux, être avec eux", a-t-il ajouté.

"C'était une reconnaissance que je cherchais. L'argent, ça n'a jamais été mon but", a-t-il déclaré, ajoutant dans un dernier mot: "Je regrette ce que j'ai fait, je suis vraiment désolé".

- 'pas de préméditation' -

"C'est un dossier qui ne relève pas d'une seule démarche pécuniaire, mais elle est évidente dans cette procédure", a au contraire estimé l'avocat du FGTI, Me Jean-François Lagneau, arguant de "l'insistance" du prévenu "pour faire avancer son dossier".

Ce dernier a appelé "à 18 reprises" le FGTI entre janvier et juin 2016, a souligné la procureure Corinne Moreau, évoquant "l'émotion (...) de notre société", "ce sentiment par tous d'avoir été grugé, cette volonté de profiter du système, cette honte portée sur les victimes".

Énumérant les articles de presse publiés en amont du procès, l'avocate de la défense, Me Elodie Vareiro, a mis en évidence le "traitement médiatique, dont Cédric Rey est responsable, mais qui va laisser des traces".

"Le soir du 13 novembre, il part proposer son aide", a-t-elle répliqué. "On est dans une sincère compassion, qui va devenir une obsession, qui va franchir un cap inacceptable moralement".

"Il faut que la justice se fasse oui, mais avec cohérence", a-t-elle lancé, citant l'exemple de deux femmes poursuivis pour des faits similaires et condamnées à des peines avec sursis.

Le tribunal a condamné le prévenu à un euro de dommages et intérêts au FGTI et à l'association "13 novembre: Fraternité et Vérité", qui s'était portée partie civile.

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