Chasse : moins de morts mais plus d'incidents, les raisons d'un paradoxe

Auteur(s)
Victor Lefebvre
Publié le 19 décembre 2018 - 17:01
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Des chasseurs
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Le nombre d'incidents de chasse est en hausse ces dernières années, alors que le nombre de morts et de chasseurs diminue.
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Le nombre d'incidents de chasse est en constante augmentation depuis plusieurs années, alors que le nombre de blessés et de morts est lui en nette baisse, de même que le nombre de chasseurs. Un phénomène qui peut s'expliquer par de nouvelles pratiques liées à l'évolution du gibier, mais ne peut être dissocié du non-respect des consignes de sécurité.

Le nombre de morts par accident de chasse a nettement et presque constamment baissé depuis 20 ans pour arriver à 115 dont 13 mortels lors de la saison 2017-2018. "Le chiffre le plus bas jamais observé depuis près de 20 ans" et qui suit une une prévention accrue depuis la fin des années 1990 rappelle, contacté par France-Soir, l'Office nationale de la chasse et de la faune sauvage.

Pourtant, de nombreux faits évoquant des comportements dangereux des chasseurs avec parfois des blessés sont régulièrement rapportés. Il faut différencier les accidents -qui supposent des blessés ou des morts- et les incidents (tir sur une maison, un animal de compagnie, près d'une personne...)

Le cas de la balle de gros calibre qui a traversé la vitre d'un TGV pourrait ainsi être qualifié de simple "incident" si le lien avec un acte de chasse était confirmé, même si ce n'est que par chance que personne n'a été blessé...

Ces incidents sont eux en constante augmentation depuis plusieurs années, de 79 sur la saison 2011-2012 à 112 sur la saison 2017-2018. Un phénomène d'autant plus paradoxal que le nombre de chasseurs est, lui, en forte baisse. D'un peu plus de 1,3 millions de permis valides en 2008 on est passé à environ un million en 2018, soit près de 25% de baisse.

Voir: Série d'accidents de chasse: la négligence des chasseurs première cause de morts

"Ça nous inquiète car cela touche le milieu pavillonaire", explique à France-Soir Jacques Bouchet, chef de la division du permis de chasser de l'ONCFS. Les accidents de chasse touchent presque exclusivement les chasseurs ou accompagnants, la proximité des armes étant un élément déterminant. Mais pour les incidents "ce sont des maisons, des voitures qui sont touchées, on sort vraiment du monde de la chasse".

La hausse du nombre d'incidents peut s'expliquer par un changement des pratiques dû à l'évolution du gibier. Depuis des décennies, la population de cervidés et surtout de sangliers est en progression tandis que le petit gibier sédentaire a tendance à disparaître, victime notamment de l'agriculture intensive.

Conséquences: ces gros animaux se rapprochent de plus en plus des habitations en quête de nourriture, et les chasseurs les suivent donc, parfois à l'appel des habitants eux-même, excédés par les dégâts qu'ils causent, délaissant le petit gibier. Plus proches des habitations, les chasseurs sont donc également équipés des munitions correspondantes à ce gibier de taille, à la portée et à la dangerosité bien plus importantes que les plombs utilisés pour les petites proies."Le chasseur n'a pas l'habitude de cet environnement, avant il chassait en pleine forêt, maintenant il tire à proximité des habitations".

Moins de chasseurs, trop de gros gibier et des habitudes nouvelles, tels seraient les ingrédients favorisant les incidents. Reste que les chasseurs doivent respecter des règles strictes de sécurité censées prévenir ces incidents (distance des habitations, interdiction du tir sans visibilité ou à hauteur d'homme...).

"Pour les accidents comme pour les incidents, il n'y a pas de fatalité, ce sont des manquements aux règles de sécurité, des tirs sans prise en compte de l'environnement", juge Jacques Bouchet. Pour lui "il faut réfléchir à de nouvelles règles de sécurité" qui passent notamment par la possibilité pour les fédérations locales de sanctionner directement un chasseur en raison de son comportement, même si celui-ci n'a pas entraîné d'accident ou d'incident. Aujourd'hui, il faut une infraction grave pour que de telles mesures soient prises.

Lire aussi:

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