Course-poursuite sur l'A16 : carambolages en série, un mort
Quatre passeurs présumés de migrants, dont deux blessés par balle, ont été arrêtés jeudi près de Dunkerque (Nord) après une course-poursuite spectaculaire avec la police belge, qui a contribué à créer le chaos sur l'A16 Paris-Ostende avec trois carambolages, dont l'un a fait un mort.
Entendu, le conducteur de la voiture en fuite a affirmé qu'il était irakien, tout comme ses trois compagnons. Cela a été confirmé dans l'après-midi pour l'un d'entre eux, connu des services de police, à la faveur d'une reconnaissance d'empreinte, mais par pour les autres, qui n'avaient pas de papiers d'identité, a affirmé à l'AFP le procureur de Dunkerque, Eric Fouard.
Tirs policiers faisant deux blessés dont un grave parmi les fuyards, collision blessant deux personnes au tibia et au bassin, le tout suivi d'un autre accident tuant un motard: dans le Nord, le week-end de l'Ascension, chargé sur les routes car premier "vrai" jour férié de mai, avait très mal démarré.
Tout a commencé tôt jeudi matin sur l'aire d'autoroute belge de Jabbeke, proche de la frontière française, notoirement fréquentée par les passeurs de migrants vers l'Angleterre, a relaté le procureur. Des chauffeurs préviennent la police belge que quatre individus les ont menacés d'un couteau, après avoir été surpris en train "de faire monter des personnes dans leurs camions". Des dizaines de réfugiés sont ensuite retrouvés, entassés dans des camions, selon l'agence de presse belge Belga.
Pour se soustraire au contrôle de police, les quatre passeurs de migrants présumés prennent la fuite dans une grosse cylindrée immatriculée en Grande-Bretagne. Dans la course-poursuite qui s'engage, a rapporté le procureur, la police belge parvient à hauteur de la voiture, qui percute sur le flanc le véhicule des policiers.
Un policier tire alors une quinzaine de balles, blessant les deux passagers arrière de la voiture prise en chasse, qui poursuit néanmoins sa route à 200 km/h. La course-poursuite se prolonge en France, où la police belge a toute latitude d'intervention si l'affaire la concerne en vertu des accords de Tournai signés par Manuel Valls en 2013.
Les policiers belges, rapidement informés d'un accident survenu en France à une quinzaine de km de la frontière, près de la sortie 62 de l'A16, se résignent à lever le pied. De leur côté, les passeurs présumés perdent le contrôle de leur véhicule, qui percute près du lieu de l'accident l'une des voitures arrêtées sur la bande d'arrêt d'urgence, blessant une jeune fille au bassin, avant de s'encastrer dans un poids lourd.
Les quatre individus sont alors pris en charge par les secours, sous la surveillance de la police française, qui les placera en garde à vue à leur sortie de l'hôpital.
Un des blessés par balle et les occupants de l'avant du véhicule, blessés par l'accident mais plus légèrement, ont été transportés au centre hospitalier de Dunkerque, tandis que le blessé par balle le plus gravement atteint a été héliporté vers le CHRU de Lille.
Répercussion indirecte mais dramatique, un motard, vraisemblablement néerlandais, s'est tué en percutant un camion sur une A16 embouteillée, à une dizaine de km de là. Sur le tronçon du premier accident, l'autoroute offrait un spectacle chaotique: une voiture retournée sur le toit, une autre avec son bloc moteur broyé. L'A16 a dû être fermée pendant plusieurs heures dans les deux sens.
Les quatre fuyards correspondent à une "configuration classique de passeurs" de migrants, selon le procureur, qui a cependant souligné que leur profil n'était pas établi avec certitude à ce stade de l'enquête.
L'événement est venu illustrer de manière spectaculaire la lutte permanente entre forces de l'ordre et réseaux de passeurs, qui extorquent aux migrants se pressant à Calais (Pas-de-Calais), à Grande-Synthe, près de Dunkerque, ou en Belgique, des milliers d'euros afin de les faire passer en Angleterre.
De 3.500 à 5.000 migrants selon les sources vivent actuellement dans la "Jungle" de Calais et ses alentours, tandis que 1.100 autres, en majorité kurdes, sont logés dans un camp aux normes humanitaires internationales à Grande-Synthe.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.