Démission de l'évêque de Dax : l'Eglise à la recherche de la rédemption
En "suggérant" de démissionner à l'évêque de Dax soupçonné d'avoir eu un "comportement inapproprié" envers plusieurs mineurs, l'Eglise catholique de France a marqué sa volonté d'être plus transparente et réactive face aux scandales de pédophilie qui l'ébranlent régulièrement. Mais les soupçons demeurent quant aux pratiques visant à étouffer certaines affaires. Des pratiques que l'Eglise a en partie reconnues.
Suite au scandale de l'affaire des scouts lyonnais et du silence du cardinal Barabrin, les évêques de France ont notamment demandé pardon, en novembre dernier, pour leur "silence souvent coupable". L'Eglise a également mis en place des "cellules d'écoutes" et plusieurs prêtres se sont vus retirer leur ministère pour des soupçons d'atteintes ou d'agressions sexuelles sur mineurs.
Dans le cas de l'évêque de Dax, "il ne s'agit pas de faits de pédophilie", a insisté le vicaire général du diocèse d'Aire et Dax, Denis Cazeaux. Une adolescente de 15 ans a parlé de "caresse sur la cuisse, bisou volé sur la joue, chuchotements dans l'oreille, et beaucoup de paroles inappropriées", et un garçon de 14 ans aurait été interrogé par l'évêque sur ses pratiques sexuelles.
Révélés au cardinal-archevêque de Bordeaux le 21 mars dernier, ces faits ont été rapportés au procureur de la République dans la semaine et la démission de l'évêque acceptée par le pape jeudi 6.
Une réaction rapide qui intervient dans un contexte particulièrement tendu pour l'Eglise notamment après les révélations de Mediapart et Cash Investigation. L'émission, par ailleurs diffusée quelques jours seulement avant cette dénonciation au cardinal, relevait le "silence" de l'Eglise et accusait 25 évêques - cinq encore en poste, les autres à la retraite ou décédés - d'avoir "couvert" 32 "agresseurs" ayant fait 339 victimes. Des affaires qui remontent jusqu'aux années 60, mais la moitié des faits"ont été établis après 2000".
Par ailleurs, si le nombres de prêtres pédophiles est très difficile à estimer, le taux de prêtres ou diacres mis en examen ou condamnés pour abus sexuels sur des mineurs en France (0,5% selon la Conférence des évêques de France) apparaît très en-dessous des chiffres avancés au niveau mondial par le pape (2%) ou ceux d'autres pays (7% des prêtres accusés en Australie en 60 ans). Ce qui fait penser à certains que ce chiffre et sous-estimé et la parole encore entravée.
Après les dernières révélations, l'Eglise de France avait une nouvelle fois dit sa "honte" et reconnu des erreurs. Mais elle avait précisé qu'il ne s'agissait pas de la révélation de faits nouveaux.
Les nouveaux instruments de lutte et les dénonciations plus régulières semblent donc montrer la volonté de l'Eglise d'éviter les scandales à l'avenir. Mais son lourd passif en la matière et ses difficultés à l'évoquer ne l'aident pas à mettre cela derrière elle comme elle semble le souhaiter. Et certaines associations de victimes continuent de dénoncer un silence pesant.
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