Fausse alerte attentat : l'Etat se constituera partie civile contre les hackers

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 19 septembre 2016 - 21:41
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Des hommes de la BRI en tenue de combat.
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©Pascal Rossignol/Reuters
Les deux jeunes "hackers" seraient des adeptes du "swatting", pratique qui a pour but de faire déplacer un maximum de policiers et de faire parler de soi (image d'illustration).
©Pascal Rossignol/Reuters
L'enquête sur la fausse alerte terroriste de Paris a mis en évidence la piste d'un acte malveillant commis par deux pirates informatiques mineurs. L'un d'eux a été interpellé ce lundi. Manuel Valls a demandé à ce que ce type de comportement soit "lourdement sanctionné", tandis que Bernard Cazeneuve a annoncé que l'Etat se constituerait partie civile.

L'un des deux adolescents soupçonnés d'être à l'origine de la fausse alerte qui a provoqué, samedi, une vaste opération antiterroriste au cœur de Paris a été arrêté lundi après-midi dans la Marne.

Placé en garde à vue dans les locaux de la Brigade criminelle de la police judiciaire parisienne, le mineur de 16 ans qui utilise le pseudonyme Tylers Swatting est soupçonné d'être l'un des deux hackers qui ont piraté la ligne téléphonique fixe de l'église Saint-Leu, dans le quartier des Halles, pour appeler les forces de l'ordre et leur faire croire qu'une prise d'otages y était en cours. "Swatting" -de SWAT, l'unité d'intervention américaine- désigne la pratique de faire déplacer les forces de l'ordre pour un délit imaginaire.

Le second adolescent, âgé de 17 ans et surnommé Zakhaev Yamaha, était lui toujours recherché lundi soir par les enquêteurs.

Lorsque les policiers ont vérifié d'où provenait le coup de fil leur signalant la prise d'otages, ils ont constaté que l'appel venait bien de l'église, ce qui a rendu la menace d'autant plus crédible, ont expliqué à l'AFP des sources proches de l'enquête. Et l'appel des hackers contenait de nombreux éléments précis, comme le nombre d'otages et d'assaillants, ont-elles ajouté.

Cet appel passé samedi à 15H39 a déclenché une vaste opération de police, notamment de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI). Le secteur avait été bouclé et des riverains évacués ou confinés. Via l'application pour smartphone SAIP (Système d'alerte et d'information aux populations), les autorités avaient même délivré un message "église - alerte attentat".

En pleine menace d'attentats et deux mois après l'assassinat d'un prêtre pendant la messe par deux djihadistes dans une église de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), l'opération des forces de l'ordre avait créé un important émoi, notamment sur les réseaux sociaux, avant que l'alerte ne soit rapidement levée.

Dimanche soir, L'Obs avait publié sur son site un entretien avec deux jeunes revendiquant le coup de fil à l'origine de la fausse alerte, réalisée pour "rechercher le buzz". Selon le site du magazine, tout au long de l'après-midi samedi, les deux jeunes se seraient "mis en scène" sur les réseaux sociaux, l'un d'eux se vantant sur Facebook d'avoir, selon ses termes, "fait déplacé des hélico, le gouvernement, 50 voitures de police" et de "passer sur BFMTV et 10 journal hihi (sic)".

Leur projet initial aurait été de viser une mosquée, mais, après l'attaque de Saint-Étienne-du-Rouvray, ils auraient jugé "que ça marcherait mieux avec une église", selon leurs propos rapportés par L'Obs.

Les deux adolescents se disaient des admirateurs du hacker franco-israélien Grégory Chelli, alias Ulcan, en fuite en Israël. Ce dernier est soupçonné d'être l'auteur de canulars téléphoniques sophistiqués, notamment contre le site d'information Rue89 et son cofondateur.

Lundi, sur sa page Facebook, Grégory Chelli a démenti tout lien avec les deux hackers et a publié le numéro de portable de l'adolescent arrêté lundi, à qui il expliquait que son geste était "dangereux et inutile". Un message qui n'était plus visible quelques heures plus tard.

Le parquet de Paris avait ouvert ce week-end une enquête pour "dénonciation de crime imaginaire" (passible de six mois d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende) et "divulgation de fausses informations afin de faire croire à une destruction dangereuse" (passible de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende).

Le Premier ministre Manuel Valls a demandé ce lundi que "ceux qui se livrent à ces mauvaises plaisanteries, qui détournent l'attention des forces de l'ordre, qui provoquent de la panique", soient "lourdement sanctionnés".

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé que l'État allait se constituer partie civile afin "d'obtenir réparation", précisant qu'une "évaluation du préjudice financier" avait été demandée. Il a souhaité que "tous ceux qui ont participé à cette mauvaise plaisanterie dans l'irresponsabilité, soient sanctionnés à la hauteur de la faute qu'ils ont commise".

 

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