A Gaza, une famille pleure son bébé, mort asphyxié par du gaz lacrymogène

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Par Mai Yaghi - Gaza (Territoires palestiniens) (AFP)
Publié le 15 mai 2018 - 19:03
Mis à jour le 16 mai 2018 - 00:44
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La mère de Leila al-Ghandour (C), un bébé palestinien de huit mois mort lundi après avoir inhalé des gaz lacrymogènes tirés par l'armée israélienne selon le ministère de la Santé à Gaza, tient le corp
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© MAHMUD HAMS / AFP
La mère de Leila al-Ghandour (C), un bébé palestinien de huit mois mort lundi après avoir inhalé des gaz lacrymogènes tirés par l'armée israélienne selon le ministère de la Santé à
© MAHMUD HAMS / AFP

Dans une dernière étreinte, Mariam al-Ghandour serre contre elle le tout petit corps de sa fille Leïla, en larmes. "Les Israéliens l'ont tuée", sanglote-t-elle.

Selon le ministère de la Santé gazaoui, le bébé, âgé de seulement huit mois, est décédé après avoir inhalé du gaz lacrymogène pendant les affrontements entre manifestants palestiniens et soldats israéliens lundi près de la frontière entre la bande de Gaza et l'Etat hébreu.

La famille met l'accent sur la responsabilité de l'armée israélienne qui a lancé les grenades lacrymogènes, plutôt que sur la suite d'événements qui a conduit ce bébé à se retrouver à proximité de la frontière avec Israël, lors de la journée la plus meurtrière du conflit depuis quatre ans.

Au moins 60 Palestiniens ont été tués lundi par des soldats israéliens, portant à 114 le nombre de décès côté gazaoui depuis le début des manifestations le 30 mars.

Leïla est un cas particulier: alors que la grande majorité des victimes ont été tuées par des tirs de snipers, elle a succombé à l'inhalation de gaz lacrymogènes, temporairement douloureux pour les adultes mais potentiellement dangereux pour les enfants.

Sa mère Mariam, âgée de 17 ans, a expliqué avoir eu rendez-vous chez le dentiste. "J'ai donc laissé Leïla avec mes frères, à la maison", raconte-t-elle à l'AFP depuis le domicile familial, à l'est de la ville de Gaza. "Mon petit frère l'a prise avec lui et l'a conduite à la frontière."

Au fond de la pièce, Ammar, 11 ans, sanglote sans pouvoir s'arrêter, les yeux fixés sur le corps du bébé, peu avant les funérailles qui se sont déroulées en présence de plusieurs dizaines de personnes.

Il assure avoir pensé que sa soeur Mariam était à la frontière avec sa mère et d'autres membres de la famille. "Alors je l'ai prise avec moi dans le bus", explique-t-il en parlant de Leïla. "Je me sens responsable" de sa mort, concède-t-il.

- "Je pouvais à peine respirer" -

Il a finalement rejoint sa mère Heyam près de la frontière et lui a confié le bébé. Ils ne sont restés sur place que quelques minutes, avant d'être pris sous les tirs de grenades lacrymogènes, précise Heyam.

"Je pouvais à peine respirer", décrit-elle. "Nous nous sommes éloignés et j'ai confié Leïla à ma soeur puis nous sommes allés chercher deux autres enfants pour pouvoir partir".

"Elle a bu du jus mais elle pleurait énormément", poursuit-elle. "Et puis elle s'est tue. Je pensais qu'elle dormait."

Ce n'est qu'en sortant du bus que la famille s'aperçoit que l'enfant est devenue bleue.

"Je me suis précipitée à l'hôpital, ils m'ont alors dit qu'elle était morte depuis plus d'une heure".

Des dizaines de milliers de manifestants se sont réunis lundi devant la barrière qui sépare la bande de Gaza d'Israël pour protester contre l'ouverture de l'ambassade américaine à Jérusalem le même jour, mais aussi pour réclamer le droit au retour sur les terres dont ils ont été chassés à la création d'Israël en 1948.

Seul un petit nombre a cherché à franchir la barrière. Les soldats israéliens ont lancé des grenades lacrymogènes et des snipers ont tiré sur la foule.

L'Etat hébreu fait face aux critiques internationales pour usage excessif de la force mais affirme avoir agi afin de se protéger d'éventuelles incursions de l'autre côté de la barrière qui le sépare de la bande de Gaza.

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