Incendie dans un bar à Rouen : les 13 victimes identifiées, l’enquête se poursuit
L'enquête se poursuit pour comprendre comment un incendie provoqué par de banales bougies d'anniversaire a pu faire 13 morts, dans la nuit de vendredi 5 à samedi 6 dans un bar de Rouen, où les hommages aux victimes se multiplient. C'est l'incendie le plus meurtrier en France depuis 2005. Selon le vice-procureur de la République de Rouen, Laurent Labadie, les victimes, en majorité âgés de 18 à 25 ans, qui assistaient à un anniversaire au sous-sol du bar "Au Cuba Libre" ont toutes été identifiées. Parmi les six blessés, une femme, gravement brûlée, a été transférée à l'hôpital Saint-Louis à Paris, au service des grands brûlés. "Son pronostic vital est toujours engagé", a-t-il indiqué samedi soir. Les cinq autres blessés ont été hospitalisés au CHU de Rouen mais en sont sortis, selon Yvon Robert, le maire PS de la ville.
Selon une source policière, la personne qui fêtait son anniversaire était une ancienne adjointe de sécurité de la police, née à Mont-Saint-Aignan, au nord de Rouen, mais elle n'a pas exercé cette fonction très longtemps. Elle fait partie des 13 victimes du sinistre. Une autre victime est une jeune fille de 18 ans, qui venait d'avoir son bac et rêvait d'être infirmière, a révélé sa mère, en pleurs, près des lieux du drame. L'autopsie des victimes aura lieu au cours de la semaine prochaine et prendra plusieurs jours, selon M. Labadie.
Samedi, autour ce qui reste de la devanture rouge et orange partiellement calcinée et détruite du bar, un périmètre de sécurité constitué de barrières métalliques a été dressé. La vitrine a été détruite et le store a brûlé. Plusieurs anonymes ont déposé des bouquets ou des roses. Après plusieurs membres du gouvernement, le président François Hollande a fait part dans un communiqué de "sa solidarité et sa compassion à l'égard des familles" des victimes. "Tout sera fait dans le cadre de l’enquête judiciaire en cours pour connaître les causes de cet accident dramatique". L'incendie s'est déclenché vers minuit dans une salle au sous-sol de l'établissement. "J'étais au bar, au rez-de-chaussée, en train de prendre un verre. On a vu les flammes: c'était comme un lance-flammes, tout a été très vite", a témoigné Stéphanie, 36 ans.
Selon les premiers éléments de l'enquête, "quelqu'un est descendu avec un gâteau d'anniversaire avec des bougies et a chuté dans l'escalier", a dit le vice-procureur à l'AFP. "Il y a eu projection de bougies sur les murs et sur le plafond, sur lequel il y avait un isolant phonique. Il y a eu une inflammation immédiate et la propagation de gaz", a-t-il ajouté. Tous les témoins n'ont pu être entendus samedi, certains étant très choqués. Une cellule de soutien médico-psychologique a été mise en place. L'enquête ouverte pour "recherches des causes de la mort" devra confirmer le scenario et se penchera notamment sur le respect des normes de sécurité.
Un expert en incendie a été requis par le parquet et a fait ses premières constatations dans l'après-midi. "Une fois le rapport écrit, on verra s'il y a des choses à reprocher au gérant du bar ou au propriétaire de l'immeuble", a dit M. Labadie. L'expert va aussi "nous éclairer sur les conditions de propagation" des flammes et des fumées "telle qu'elle a empêché les gens de sortir" du sous-sol. Une salle aménagée avec "un escalier étroit et assez raide", avait-il expliqué, interrogé dans l'après-midi sur l'aspect "souricière" du lieu. Les pompiers, contactés à 00H20, "sont arrivés rapidement", selon la préfecture. Un passant, Amar Ould Said, 40 ans, les a vus "qui sortaient les corps toutes les 2 minutes. De l'autre côté de l'avenue (Jacques Cartier NDLR), ils avaient aménagé un espace pour les blessés".
Pour le maire de Rouen Yvon Robert, ce drame est "une véritable tragédie". Sa ville a été touchée de près il y a moins de deux semaines par l'assassinat du prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray par deux djihadistes. Les obsèques du père Hamel ont été célébrées mardi à la cathédrale de Rouen. Il n'y avait pas eu d'incendie aussi meurtrier en France depuis 2005. En avril de cette année-là, 24 personnes, dont 11 enfants, avaient péri dans celui de l'hôtel Paris-Opéra, un hôtel d'hébergement d'urgence. Cinq mois plus tard, 18 personnes avaient trouvé la mort dans celui d'un immeuble d'habitation à L'Haÿ-les-Roses (Val de Marne). Aucun incendie n'avait fait autant de victimes dans un bar/dancing depuis le 1er novembre 1970: 146 personnes avaient péri dans celui de Saint-Laurent-du Pont (Isère).
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.