Incidents Ajaccio-Le Havre : la Ligue valide le résultat mais suspend le stade corse
Après une grosse polémique, la Ligue de football professionnel a finalement validé mardi la victoire de l'AC Ajaccio contre Le Havre en pré-barrage, tout en suspendant jusqu'à nouvel ordre le stade du club corse, en raison des nombreux incidents survenus dimanche soir pendant la rencontre.
Conséquence directe de cette sanction: mercredi soir (20h45), l'AC Ajaccio (L2) recevra Toulouse (L1) à huis clos et sur terrain neutre, à Montpellier pour le barrage aller d'accession à la Ligue 1.
La décision des instances disciplinaires de la Ligue ne satisfait ni Le Havre, ni l'AC Ajaccio, qui ont tous les deux annoncé leur intention de faire appel. "C'est une honte, ça ne répond à aucun cadre judiciaire. On a joué 19 matches, ici, à Ajaccio, il ne s'est jamais rien passé. On a fait appel et on ira devant les tribunaux", assure le président du club corse Léon Luciani.
"Le HAC poursuit son combat et fait appel de cette décision", dit pour sa part le club normand. Les Havrais avaient saisi la Ligue pour réclamer le gain du match par pénalité, après une rencontre marquée par des échauffourées entre joueurs, un envahissement de terrain et une grosse tension. Des officiels du club avaient aussi dénoncé des insultes racistes de la part de supporters ajacciens, et même un "coup de pied" contre le président normand.
- Le stade et l'entraîneur suspendus -
Selon la LFP, "rien ne permet de donner match perdu à l'AC Ajaccio. La réclamation technique du HAC concernant la présence au bord du terrain avant la séance des tirs au but de l'entraîneur de l'ACA, Olivier Pantaloni, alors même qu'il avait été exclu par l'arbitre, ne constitue pas dans les règlements de la Ligue un fait permettant d'invalider le résultat de la rencontre".
La commission de discipline a toutefois décidé de suspendre le stade François-Coty à titre conservatoire, "au vu de la gravité des faits". L'entraîneur Olivier Pantaloni et un de ses joueurs, Faiz Selemani, auteur d'un coup sur le Havrais Mateta, sont également suspendus jusqu'à nouvel ordre.
Mardi matin, le président de l'AC Ajaccio Léon Luciani a annoncé son intention de déposer plainte contre son homologue du Havre pour dénonciation calomnieuse, assurant qu'il produirait "les vidéos et les témoignages attestant qu'à aucun moment, M. Volpe (le président du Havre) n'a été victime d'une agression physique".
Cette plainte fait suite à celle annoncée par le club havrais qui dénonce des insultes racistes adressées à ses joueurs et affirme que son président Vincent Volpe a été "agressé physiquement en tribune présidentielle", des faits accrédités notamment par la députée de Seine-Maritime Agnès Firmin Le Bodo, elle aussi présente dans les tribunes pour soutenir les Havrais en Corse dimanche.
- "Hystérie anti-corse" -
Le procureur de la République d'Ajaccio, Eric Bouillard, a ouvert plusieurs enquêtes après les incidents. Une première enquête vise le caillassage du bus du Havre vendredi, qui avait entraîné le report du match (à dimanche), ainsi que les injures racistes qui ont été proférées à l'égard des Havrais pendant l'épisode.
Une deuxième enquête porte sur le coup dans le dos dont se plaint le président du club normand Vincent Volpe.
C'est pendant la prolongation que la tension était montée d'un cran. Après son but inscrit sur penalty, le Havrais Jean-Philippe Mateta l'a fêté en mettant les mains derrière les oreilles, imitant la célébration du Lyonnais Memphis Depay, comme s'il voulait se moquer de ses adversaires. La situation a aussitôt dégénéré avec une bousculade entre les joueurs et au final quatre cartons rouges, dont un pour Mateta. L'entraîneur corse a aussi été exclu.
Le HAC s'était finalement incliné aux tirs au but (1-1 fin du temps réglementaire, 2-2 a.p., 5-3 t.a.b.), avant de saisir la Ligue pour un recours, sans succès.
En Corse, la polémique a depuis quitté la simple sphère sportive pour déborder dans la vie politique de l'île, suscitant une multiplication de réactions dénonçant du "racisme anti-corse".
Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de l'île de Beauté a fustigé mardi dans un tweet "le climat d'hystérie anti-corse" et "les pressions politiques venues du plus haut niveau de l'Etat".
Le Premier ministre et ancien maire du Havre Edouard Philippe s'est dit quant à lui "consterné" par les incidents. "Consterné par l'enchaînement des faits, consterné par la violence et la brutalité de l'arrivée au stade des joueurs havrais vendredi soir (samedi, ndlr), consterné par la violence, la tension qui a régné aux abords du stade et dans le stade dimanche soir", a-t-il lancé dans son Facebook Live hebdomadaire, en estimant que "le football a perdu" dans cette affaire.
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