Irma : au moins 9 morts et 7 disparus dans les îles françaises
Saint-Martin et Saint-Barthélemy, épargnées par José mais dévastées par Irma, s'attaquent au colossal chantier de la reconstruction, alors que le gouvernement doit répondre à l'exaspération des habitants et aux critiques de l'opposition en métropole, et qu'Emmanuel Macron est attendu mardi sur place.
"Je serai mardi à Saint-Martin et Saint-Barthélemy aux côtés de nos compatriotes sinistrés et des services mobilisés", a annoncé Emmanuel Macron dans un tweet dimanche soir. Il devrait notamment être accompagné des ministres de l'Education Jean-Michel Blanquer et de la Santé Agnès Buzyn.
Après le passage de l'ouragan José plus au large que prévu, l'heure est au soulagement et à la reprise des ponts aériens et maritimes pour évacuer les plus vulnérables dans un sens, et acheminer du fret et des vivres dans l'autre.
Environ 85 tonnes de nourriture, un million de litres d'eau et 2.200 kg de médicaments ont été transportés, selon la préfecture de région.
A l'aéroport de Grand-Case, dans le nord de la partie française de Saint-Martin, un ballet incessant d'hélicoptères et d'avions a repris, a constaté un journaliste de l'AFP. Tifanie, 31 ans, part, seule et définitivement, valise cabine pour tout bagage: "Nos maris et frères restent pour aider, mais moi je pars, j'ai tout perdu".
A leur arrivée en Guadeloupe, les rescapés ne cachent pas leur soulagement. "On se dit qu'on quitte cette zone de chaos et qu'on n'aura plus à se retourner pour savoir si quelqu'un va vouloir piquer mes affaires, porter atteinte à ma famille et à ma vie", souffle Fred, 43 ans.
Irma a fait au moins dix morts et sept disparus dans les îles françaises, quatre dans la partie néerlandaise, selon le dernier bilan. Au total, 27 personnes sont mortes dans les Caraïbes.
Outre les liaisons aériennes, la préfecture de Guadeloupe a annoncé dimanche soir la reprise des liaisons maritimes entre la Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin.
Dans un paysage de ruines, les secours, militaires et forces de l'ordre dépêchés sur l'île sont désormais 1.500 et passeront bientôt à 2.000.
- Vols de "nécessité" -
"L'ordre public a été rétabli" a réaffirmé lundi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, évoquant une "dizaine d'arrestations", notamment pour des pillages. La lieutenant-colonel et porte-parole de la gendarmerie Karine Le Jeune a évoqué quant à elle "23 arrestations depuis le 7 septembre".
Elle a également distingué d'un côté des "vols que nous pourrions presque qualifier de nécessité (...) de denrées", commis par des personnes "qui ont tout perdu, qui ont peur (...) faim et soif. En règle générale, (...) on (leur) demande la restitution des denrées et il n'y a pas de procédure", a-t-elle expliqué.
De l'autre, "des vols (...) d'opportunité", concernant de la "hi-fi, de la bijouterie, de l'électroménager", a-t-elle énuméré, assurant que des gardes à vue pouvaient être appliquées, et que la police judiciaire intervenait, soutenue par "quatre magistrats" présents à Saint-Martin.
Agnès Buzyn a elle annoncé que l'hôpital de Saint-Martin, qui avait été détruit à 70%, était de nouveau opérationnel et a écarté tout risque d'épidémie ou de manque de médicaments vitaux.
Une interdiction de circulation s'apparentant à un couvre-feu reste en vigueur à Saint-Martin entre 19H00 et 07H00 jusqu'à mercredi. L'un des deux supermarchés de l'île a rouvert, selon M. Collomb.
EDF a indiqué que 140 tonnes d'équipements électriques étaient acheminées en bateau depuis la Guadeloupe. Radio France a lancé une radio d'urgence, disponible sur les ondes (91.1 FM à Saint-Martin) et sur internet.
Une réunion interministérielle doit avoir lieu lundi en début d'après-midi autour du Premier ministre pour définir "un plan sur les questions de santé, de logement, de reconstruction", mais la tension est restée palpable à Saint-Martin: "Je suis en colère après Paris et sa gestion de crise", disait Nicolas, fonctionnaire depuis six ans sur l'île.
- Collomb prêt à répondre aux députés -
Un début de polémique politique monte également à Paris. L'Etat aurait dû "prépositionner davantage de moyens. Les a-t-il a sa disposition? C'est une vraie question", a dénoncé lundi le vice-président du FN Florian Philippot.
Jean-Luc Mélenchon (LFI) a réclamé une commission d'enquête parlementaire sur la gestion en amont de la catastrophe.
"Nous acceptons volontiers une commission parlementaire", a répondu M. Collomb. "Je suis là pour répondre à leurs questions (...) mais j'espère qu'il n'y aura pas des polémiques qui ne serviront à rien", a déclaré Mme Girardin.
Le chef de file des députés PS Olivier Faure a proposé la nomination d'"un préfet à la reconstruction", qui "puisse aider face aux assurances, face aux tracasseries administratives".
"On ne peut pas faire à l'Etat le reproche de n'avoir pas travaillé, de n'être pas présent, mais manifestement (...) on n'a pas fait comme les Hollandais, qui eux, ont une culture de la prévention", a jugé l'ex-ministre des Outremer Victorin Lurel.
"On a évité malgré tout le pire (à savoir) des pertes humaines beaucoup plus importantes", a défendu l'actuelle ministre, qui a justifié le délai d'intervention d'ingénieurs, notamment électriciens, par la menace de José.
Un premier coût des dommages a été évalué samedi à 1,2 milliard d'euros par la Caisse centrale de réassurance.
Irma, rétrogradé en catégorie 1 (sur 5) par les météorologues américains, a fait ses premières victimes en Floride, où il s'est abattu dimanche, avec trois morts dans des accidents de voiture visiblement dus aux vents et pluies intenses. Le président américain Donald Trump a déclaré l'état de catastrophe naturelle et annoncé sa visite prochaine.
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