Justes parmi les Nations. L’histoire de Marie Massonnat

Auteur(s)
Laurence Beneux
Publié le 18 mai 2024 - 08:00
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mur des justes
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Le Mur des Justes au Mémorial de la Shoah, Paris
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Il y a quelques jours, après les actes de vandalisme commis sur le mur des Justes, j’ai lu sur X un post de Claude Askolovitch ainsi rédigé : « Les abrutis qui souillent le mur des Justes doivent jouir du bruit que l'on fait d'eux. Cessez de poster la photo de leur forfait. Twittez les visages des justes, le pasteur Trocmé, le commissaire Philippe, le docteur Hautval, et racontez leurs vies. » 

Dont acte. Parmi ces histoires, j’ai choisi celle de Marie Massonnat, une paysanne qualifiée par sa protégée « de femme simple mais dotée d’une intelligence instinctive. Et surtout d’un grand cœur ».  

Vous en trouverez bien d’autres sur le site de l’Institut international pour la mémoire de la Shoah. 

Fin 1941, Marie Massonnat, fermière savoyarde de Montcel, est une veuve qui élève seule ses trois enfants. Contactée par des membres de la branche juive de la « Main d’œuvre immigrée », elle accepte de recueillir la petite Berthe Elzon, une fillette juive alors âgée de neuf ans.  

L’homme qui amène l’enfant dans la ferme de Marie remet à cette dernière un faux certificat de baptême au nom de Berthe. Le père de la petite a pris la précaution demander le document à un curé d’un village voisin qui a accepté.  

Marie connait l’identité de Berthe, née de parents juifs d’origine polonaise, mais la tait. Elle cache la judaïté de sa protégée à tous, y compris à ses propres enfants. 

Elle scolarise Berthe et la fait assister aux messes dominicales. La fillette apprend les prières catholiques. 

Marie entoure la petite fille de tendresse, et la chérit comme de ses propres enfants. Berthe est rapidement considérée par tous comme un membre de la famille. 

En 1943, la Savoie, occupée par les italiens depuis 1942, passe sous occupation allemande. De nombreuses personnes sont arrêtées par la Gestapo et le département est passé au peigne fin pour traquer les juifs qui y sont réfugiés. Certains d’entre eux sont d’ailleurs arrêtés dans le village de Montcel, et déportés. 

Marie connait les risques qu’elle court. Elle n’en continue pas moins à protéger Berthe et à la choyer. 

En 1944, elle héberge même la mère de l’enfant, Sabrina Elzon, venue visiter sa fille pour quelques jours. 

La ferme de Marie a pour nom la Maison Mayan. Alors, quand les allemands se lancent à la recherche de Marcel Mayan, un déserteur du STO (Service du travail obligatoire), ils débarquent dans la cour de la ferme. 

Marie et la mère de Berthe sont dans la cuisine. La fermière se précipite dehors pour dissuader les militaires d’entrer, et leur explique qu’ils font erreur. Elle a bien un fils nommé Marcel, mais comme elle est veuve, il est soutien de famille et a été exempté de STO.  

Elle réussit à convaincre les allemands, qui repartent sans avoir vu Berthe et Sabrina Elzon. 

Berthe ne quittera la Maison Mayan qu’en septembre 1944, après la libération de Lyon. 

Elle partira en Israël quelques années plus tard, mais restera toujours en contact avec Marie et sa famille. Les liens d’amitié unissant les familles Massonnat et Elzon, perdureront à travers leurs enfants et les petits-enfants. 

Marie Massonnat, décédée dans les années 70, recevra le titre de Juste parmi les Nations, à titre posthume en 1997. 

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