Maltraitance animale : que se passe-t-il vraiment dans les abattoirs ?

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Raphaëlle de Tappie
Publié le 20 avril 2016 - 13:35
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Abattoir illustration
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©Remy Gabalda / AFP
Quand des dérives sont constatées dans les abattoirs, l'interprofession bétail et viande se porte partie civile.
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Suite à l'indignation provoquée par les vidéos L214 montrant la violence que subissent les bêtes dans certains abattoirs, le ministre Stéphane Le Foll a annoncé de nouveaux dispositifs en faveur du bien-être animal. "FranceSoir" fait le point sur la situation actuelle des abattoirs et sur ce qui va changer.

Animaux étourdis, lancés violemment contre des barrières, coups répétés à la matraque électrique... Ces derniers mois, l'association de défense des animaux L214 a publié une série de vidéos choquantes mettant en lumière la violence que subissent les bêtes dans certains abattoirs. D'abord en octobre dans à Alès (Gard) puis en février au Vigan (Gard), dans un abattoir pourtant certifié bio par le label européen Ecocert, et ensuite en mars dans le pays Basque

Interrogé par FranceSoir, le collectif Quand l'abattoir vient à la ferme, qui oeuvre pour un abattage plus respectueux réalisé à la ferme par les éleveurs, estime qu'en France "cela fait longtemps qu'on considère l'animal comme un être non sensible". Et même aujourd'hui, "il y encore beaucoup de personnes qui ont une sorte de haine des animaux et qui se défoulent sur eux". "Et quand en plus il y a des enjeux financiers et que l'on doit tuer le plus rapidement possible le plus grand nombre d’animaux en même temps, ça donne ce genre de dérives". L'association incrimine en outre le temps de formation du personnel, bien trop court selon elle.

Un jugement que conteste Dominique Langlois, président de l'interprofession bétail et viande. D'après lui, il faut distinguer deux choses: "la formation des opérateurs au poste de travail qui suscite un temps relativement long: un bon ouvrier d’abattoir, c’est en moyenne six mois de formation" et "la formation des référents bien-être animal: c’est une formation courte mais qui s’adresse à du personnel qui connaît parfaitement son métier", déclare-t-il à FranceSoir. "Ils ont reçu une formation qui consiste à rappeler à la fois des règles de protection animale et des pratiques d'abattage et leur donne aussi des éléments pour alerter les services vétérinaires s’il y a dérive". Car, outre ce personnel, les abattoirs comptent également "des services vétérinaires de l’Etat qui sont chargés de contrôler les opérations de l’abattage, de transformation en permanence", explique Dominique Langlois.

Mais jusqu'à présent, selon la règlementation européenne, les responsables de protection animale n'intervenaient que dans les abattoirs de plus de 1.000 gros bovins par an. Dorénavant, ils seront présents dans les 932 abattoirs de France, quelle que soit leur taille, a ordonné le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, échauffé par la polémique engendrée par les vidéos. L'un des abattoirs incriminés par L214 comptait déjà un tel représentant. "Cela veut dire qu'il n'a pas parlé. Est-ce que c'est parce qu'il avait peur, est-ce que c'est parce qu'il avait des pressions? ", s'était interrogé le ministre fin mars. Aussi, pour éviter que de telles situations ne se reproduisent, il a annoncé début avril un plan en faveur du bien-être animal proposant de renforcer la mission du responsable de protection animale. Un statut de lanceur d'alerte référencé par la réfecture afin qu'il soit indépendant et protégé dans le cadre disciplinaire devrait ainsi être créé. Il devrait donc être impossible désormais de les incriminer ou de faire pression sur eux.

Enfin, afin d'aller plus loin, "au bout de la chaîne", selon les termes du professionnel du secteur Dominique Langlois, le ministre de l'Agriculture veut également instaurer un délit de maltraitance aux animaux pour les directeurs d'abattoirs. "Ça va aller vite. La volonté du ministre c’est de pouvoir rapidement mettre en place ces dispositifs via la loi Sapin II. Cette volonté d'aller vite est partagée par l’interprofession afin de venir à bout de ces situations inacceptables", explique Dominique Langlois, rappelant qu'"on a pas attendu le scandale L214 pour rappeler à tous les opérateurs les règles". En effet, depuis de nombreuses années, l'interprofession a pour position "de condamner ces dérives totalement inacceptables et se constituer partie civile à chaque fois que cela arrive". Et de rappeler que c'est "une minorité"

 

Cet article fait partie de notre dossier "Comment mieux consommer de la viande?", à consulter en cliquant ICI.

 

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