Mayotte : mobilisation après une série d'actes violents dans les écoles

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 07 février 2016 - 11:13
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Des enfants avec leur cartable.
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©De/Isopix/Sipz
Les actes de violence aux abords et à l’intérieur des établissements scolaires de Mayotte se multiplient depuis le début de l'année.
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Depuis le début de l'année, les actes de violence aux abords et à l'intérieur des établissements scolaires de Mayotte se multiplient. Cette succession d'agressions a poussé les habitants à se mobiliser contre le manque de moyens matériels et humains dans ces structures, l'insécurité et la délinquance.

Les actes de violence aux abords et à l’intérieur des établissements scolaires de Mayotte se multiplient depuis le début de l'année, provoquant la grogne des habitants du 101e département français.

Le 25 janvier, un règlement de comptes à l’arme blanche à l’intérieur du collège de Tsingoni (ouest de l’île) envoie deux adolescents à l’hôpital; le lendemain, un instituteur se fait agresser par un jeune à l’extérieur de l’école où il travaille à Mamoudzou (chef-lieu). Cette même semaine, des bandes s’introduisent à l’intérieur du collège de Chiconi (ouest de l’île) pour molester un rival. Enfin, début février, des cars scolaires essuient des caillassages entre Passamaïnty et Vahibé, villages du centre de l’île.

Cette succession d’actes violents a poussé les enseignants des établissements concernés à exercer leur droit de retrait, les cars à suspendre le ramassage scolaire, les parents à manifester dans les rues ou en sit-in devant les écoles. "Il faut une véritable sanctuarisation" des établissements, revendique Yann Durozad, du Snes-FSU, premier syndicat dans le second degré. Le syndicaliste évoque un manque de moyens matériels et humains: "les clôtures ne sont pas dignes de ce nom (...) Et dans certains établissements, il y a un CPE pour 700 élèves et 10 surveillants pour 1.800 enfants".

Le maire de Tsingoni, Bacar Mohamed, renchérit: "il faudrait tripler le nombre de surveillants" dans l’établissement qui a subi une rixe violente le 25 janvier. Autre problème, selon lui, la surpopulation des collèges à Mayotte: "ce collège a été construit pour 1.000 élèves. Cette année, ils sont 1.350 et l’année prochaine, on estime qu’ils seront autour de 1.450". Mayotte est le seul département de France intégralement classé en éducation prioritaire.

En réponse à ces inquiétudes, le vice-recteur de Mayotte a rappelé le 4 février les moyens alloués à la sécurité des établissements: en 2014, "le vice-rectorat a investi 550.000 euros en barreaudage, clôture, visioconférence, gardiennage et 1,1 million d’euros en 2015. (...) Des moyens au moins équivalents sont prévus pour 2016". Il a aussi mentionné l’affectation de 104 médiateurs aux abords des établissements par les municipalités et la création, en 2016, de 5 équipes mobiles de sécurité et de 56 assistants d’éducation. La Préfecture a annoncé la création de 88 postes de volontaires de service civique pour l’éducation à la rentrée scolaire 2016 et réfléchit à d’autres renforts, notamment en contrats aidés (CUI). Des moyens "largement insuffisants", dénonce le syndicaliste Yann Durozad et trop tardifs pour Roger Combarel, représentant syndical de la CGT à Mayotte: "on nous a promis des surveillants, mais à la rentrée...".

Un ras-le-bol contre l’insécurité et la délinquance qui contamine l’ensemble des habitants de l’île. Samedi matin, le "Collectif des citoyens inquiets de Mayotte" organisait une manifestation visant à récolter 5.000 signatures pour une pétition qui sera adressée le 20 février au Président de la République. "La situation est intenable: les gens ont peur chez eux, au travail, à l’école, et même à la plage", tempête Tamhani M’madi, membre du collectif. "Ce qu’on tolère ici, on ne le tolèrerait nulle part en France, nulle part", s'emporte-t-il.

Cette mobilisation enfle au moment où se sont tenus les états-majors de la sécurité lors desquels les représentants de l’Etat ont annoncé des chiffres alarmants, parmi lesquels une augmentation de 50% des agressions physiques. Et à Mayotte, près de 35% des délinquants sont mineurs.

 

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