Nantes : trois patients traités à l'hôpital par chimiothérapie meurent brusquement, les médicaments suspectés

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 18 novembre 2016 - 15:26
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Les victimes avaient été traitées avec de la "cyclophosphamide".
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Trois patients âgés de 61 à 65 ans sont morts à l'hôpital de Nantes, où ils se faisaient soigner leur cancer par chimiothérapie. Les médicaments utilisés sont suspectés, mais l'enquête devra déterminer les causes exactes de la mort.

Une enquête a été ouverte après la mort presque simultanée au CHU de Nantes de trois patients atteints d'un cancer et sous chimiothérapie, pour déterminer si un médicament non adapté à leurs symptômes leur a été fatal.

Les trois patients décédés entre le 10 et le 13 novembre étaient âgés de 61 à 65 ans. Un quatrième patient qui a suivi le même traitement est toujours hospitalisé au CHU.

Présente à Nantes, une équipe de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), enquêtait sur les médicaments administrés à ces malades.

Dans le cadre de leur cure de chimiothérapie intensive, les quatre patients ont reçu un traitement "comprenant le médicament cyclophosphamide en remplacement du médicament melphalan généralement utilisé", a indiqué le ministère de la Santé qui a saisi jeudi 17 l’inspection générale des Affaires sociales (Igas).

Un comité technique d'établissement était réuni vendredi entre direction et organisations syndicales, pour évoquer les circonstances et le cadre dans lequel a été diligentée cette enquête.

Les traitements des malades avaient débuté fin octobre, avec des complications graves observées une douzaine de jours après.

Ces patients avaient eu un traitement de première intention mais ils ont fait une récidive qui a nécessité l'utilisation de l'autogreffe au CHU de Nantes, a précisé Benoît Vallet à la tête de la Direction générale de la santé (DGS), interrogé par Ouest-France.

L'Igas doit déterminer "les causes exactes des complications graves" et examine "l'organisation, les moyens et les conditions de réalisation des chimiothérapies". "A ce stade, l'origine des complications n'est pas établie", dit-il dans un communiqué.

La décision des médecins du CHU de Nantes d'utiliser la cyclophosphamide plutôt que le melphalan, généralement utilisé pour traiter ce type de patients, a été motivée "par les tensions d’approvisionnement européennes sur le melphalan et par leur choix de réserver les lots dont ils disposaient au traitement des patients atteints de myélome, indication pour laquelle il n’y a pas d’alternative", a indiqué le ministère de la Santé.

Selon l’ANSM, le phénomène des tensions d’approvisionnement et ruptures de stocks est "assez récurrent, pas nouveau" et "pas spécifique à la cancérologie".

Un courrier de septembre de HAC Pharma, fabricant de melphalan, explique que la tension d’approvisionnement depuis février 2016 "reste contingentée (…) aux seuls traitements des patients pour lesquels il n’y aurait pas de solution alternative et sans possibilité de les différer".

Le traitement par cyclophosphamide, souligne par ailleurs le ministère, "est validé par la communauté médicale" et a été "utilisé pendant des années pour la prise en charge des lymphomes".

"Il est actuellement utilisé par d’autres établissements en France, dans le même contexte, sans que de telles complications aient été rapportées", ajoute-t-il.

Ce traitement est développé par le groupe pharmaceutique américain Baxter sous le nom d'Endoxan.

Le groupe Baxter a indiqué avoir fourni des renseignements. "On verra l'issue" des enquêtes de l'Igas et de l'ANSM, a affirmé une porte-parole, qui précise que trois autres produits d'autres laboratoires pharmaceutiques, sans les nommer, faisaient partie du protocole de chimiothérapie.

Elle a aussi rappelé que l'Endoxan est un produit utilisé couramment dans les hôpitaux et mis sur le marché en France depuis 1994.

Mais "la succession de cas" intervenus au CHU de Nantes a conduit la ministre à saisir l'Igas pour qu’elle mène une inspection sur les causes de ces complications. Les premières conclusions sont attendues sous sept jours.

Selon Benoît Vallet, l'Endoxan est "connu pour donner des complications cardiaques, très rares, mais répertoriées". "Ce médicament a donné pour trois patients qui se suivaient un effet cardiaque intense, conduisant aux décès".

"Si tous les traitements de chimiothérapie de lymphomes donnaient des résultats comme cela, ils seraient abandonnés depuis longtemps. Donc la séquence de trois patients, qui décèdent en quelques jours pour un protocole qui est un protocole certes dans des conditions sévères en terme de situation de cancer (...), nous amène effectivement à penser que nous sommes dans une situation qui n'est pas habituelle", a estimé M. Vallet sur France Inter.

 

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