Rixe à Sisco : la demande de dépaysement rejetée, le procès s'ouvre ce jeudi
Le procès de la rixe survenue le 13 août sur une plage de Sisco entre des familles marocaines de Corse et des villageois va s'ouvrir ce jeudi 15 à Bastia après le rejet d'une demande de dépaysement malgré les tensions qu'avait suscitées ce fait divers dans l'île. "Je ne fais pas droit à la demande de dépaysement" déposée par la défense d'un des frères de la famille marocaine qui doit comparaître, a déclaré jeudi matin le procureur général Franck Rastoul à l'AFP. Le procès de trois frères marocains et deux habitants de Sisco pour violences en réunion va donc s'ouvrir comme prévu à 15h jeudi devant le tribunal correctionnel de Bastia, qui peut toutefois toujours décider de reporter l'examen du fond de l'affaire, la décision du parquet général étant susceptible d'appel.
En refusant l'hypothèse d'un procès loin de Bastia, a priori sur le continent, le procureur général a rejeté l'argumentaire des avocats, qui invoquaient la "sérénité des débats", la "sûreté des prévenus" et "l'immixtion du politique" dans cette affaire. L'avocat à l'origine de la demande de dépaysement, Me Ouadie Elhamamouchi, n'était pas joignable dans l'immédiat pour réagir jeudi matin.
La violente bagarre du 13 août avait échauffé les esprits et entraîné notamment une manifestation tendue dans un quartier populaire de Bastia, le lendemain. Un mois plus tard, le parti indépendantiste Corsica Libera - dont le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni est un des dirigeants - avait appelé à un rassemblement de soutien aux deux villageois devant le tribunal correctionnel, où l'affaire avait été renvoyée une première fois le 18 août.
Le parti a dénoncé "la prétention grandissante des petits caïds de quartiers", visant les trois frères marocains que le procureur de Bastia Nicolas Bessone avait désigné comme étant à l'origine des échauffourées, en voulant "privatiser" une petite crique de Sisco et en multipliant les incidents. Le samedi 13 août au soir, une centaine de gendarmes et policiers avaient été nécessaires pour ramener le calme. Des jets de pierre et des coups de couteau avaient fait quatre blessés, plusieurs véhicules avaient également été renversés et incendiés.
Mustafa Benhaddou, 33 ans, un ouvrier du bâtiment au chômage, déjà condamné pour outrage, transport d'armes et des délits liés aux stupéfiants, sera jugé détenu. Ses deux frères, Abdelillah et Jamal, 38 et 29 ans, tous deux plaquistes, doivent comparaître libres. Face à eux, deux villageois soutenus par la population locale, dont le procureur avait aussi dénoncé la riposte "scandaleuse". Lucien Straboni, 50 ans, boulanger, et Pierre Baldi, 22 ans, pompier volontaire et employé de la mairie de Sisco, doivent comparaître libres pour violences en réunion.
Quelques mois après l'agression de pompiers dans un quartier populaire d'Ajaccio le soir de Noël, qui avait été suivie d'une manifestation émaillée de slogans racistes et du saccage d'une salle de prière musulmane, la rixe de Sisco avait ravivé les tensions sur l'île. Le flou initial autour des circonstances des échauffourées, certains témoins affirmant dans un premier temps que la dispute avait éclaté quand des touristes avaient pris en photo des femmes se baignant en burkini, y avait contribué.
Dès le 14 août, au lendemain des incidents, aux cris de "Aux armes!" et "On est chez nous!", quelque 500 personnes avaient défilé à Bastia dans le quartier populaire de Lupino, où certains pensaient que les familles marocaines impliquées vivaient. Le 16 août, le maire PS de Sisco Ange-Pierre Vivoni avait quant à lui interdit le burkini sur les plages de sa commune de 1.200 habitants -une décision validée ensuite par le tribunal administratif de Bastia, qui a pris le contre-pied du Conseil d'Etat et mis en avant la rixe pour justifier sa décision.
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