Saint-Etienne : l'évêque loge le prêtre pédophile au même endroit que sa victime

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La rédaction de France-Soir
Publié le 14 septembre 2018 - 16:52
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Une enquête des services du procureur de Pennsylvanie publiée le 14 août 2018 a mis au jour des abus sexuels perpétrés par plus de 300 "prêtres prédateurs" et couverts par l'église catholique de cet E
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© CLAUDIO REYES / AFP/Archives
Un prêtre a dû cohabiter avec l'homme qui l'a agressé sexuellement il y a 40 ans.
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Un homme aujourd'hui prêtre a dû vivre dans la même maison que le prêtre pédophile qui l'a abusé à l'adolescence. Ce dernier résident en Ardèche était à Saint-Etienne pour être entendu par les gendarmes. Le diocèse s'est excusé et a évoqué une "maladresse" auprès du prêtre victime.

La cohabitation n'a pas été simple. Jean-Sébastien*, clerc du diocèse de Saint-Etienne, a eu la très mauvaise surprise de devoir vivre avec le prêtre pédophile qui l'a abusé il y a de ça 40 ans, "avant l'été".

Au Parisien Jean-Sébastien a expliqué ce vendredi 14 qu'il vivait dans une maison appartenant au diocèse et séparée en deux appartements. Le second appartement réservé aux gens de passage a donc accueilli le père Régis Peyrard, âgé aujourd'hui de 85 ans.

Mais Jean-Sébastien connaît bien cet homme: c'est celui qui l'a agressé sexuellement en juin 1976 lors de la préparation d'un camp de jeunes dans les Alpes.

A voir aussi: Le vicaire de Saint-Etienne suspendu - il avait une relation avec une mineure

Le prêtre de près de 60 ans ne serait d'ailleurs pas la seule victime de Régis Peyrard, qui aurait fait "de nombreuses victimes entre les années 1970 et 1990". Comble de l'histoire: le prêtre pédophile était logé dans cet appartement sur ordre de l'évêque de Saint-Etienne, au courant de ce que Jean-Sébastien avait subi. Il devait être entendu par les gendarmes. Il sera en effet jugé en novembre prochain pour des agressions sexuelles sur mineur.

"Un matin, alors que je voulais m’en aller discrètement, il m’a entendu dans les escaliers, il est sorti dans le couloir et il m’a demandé pardon pour le mal qu’il m’a fait. Il a également évoqué des informations que j’avais communiquées à l’évêque qui n’a donc pas respecté la confidentialité de notre échange", s'est indigné le père Jean-Sébastien "sidéré" et qui a dû croiser son agresseur dans l'entrée commune aux deux appartements.

Si Jean-Sébastien a décidé de témoigner aujourd'hui, c'est pour mettre "au jour les dysfonctionnements de l'Eglise" et pointer du doigt son manque d'empathie envers les victimes. Le prêtre est toujours très choqué par ce qu'il a vécu à l'été 1976.

Il a suivi 20 ans de psychothérapie et ne s'est décidé à en parler à sa famille que très récemment.

De son côté monseigneur Bataille, évêque de Saint-Etienne, a envoyé un courrier au père Jean-Sébastien pour lui demander pardon. "Pour la première fois, il a fait preuve de compassion. Jusqu’à présent, je n’avais jamais ressenti d’empathie. Je n’existais pas pour lui. Il y avait un manque radical d’estime, une sensation de mépris, une incapacité à reconnaître la souffrance".

L'affaire est dévoilée alors qu'à Saint-Etienne Eric Molina, vicaire général, a été démis de ses fonctions jeudi 13 pour avoir entretenu des "relations inappropriées" avec une mineure il y a quelques années.

Monseigneur Bataille a pris connaissance de ces faits au début de l'été et a pris une décision radicale.

*Le prénom a été changé

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