Sisco : jugement en comparution immédiate pour les cinq hommes impliqués dans la rixe

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 18 août 2016 - 11:08
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©Pascal Pochard-Casabianca/AFP
La tension est forte sur l'île et les élus appellent au calme.
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Les deux habitants de Sisco et les trois frères d'origine maghrébine passent jeudi devant le tribunal pour la rixe qui a dégénéré et fait cinq blessés légers. L'enquête commence à mieux cerner l'enchaînement des faits.

Cinq hommes - deux habitants de Sisco (Haute-Corse) et trois frères vivant près de Bastia et "d'origine maghrébine" selon le parquet - seront jugés jeudi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Bastia pour leur implication présumée dans une rixe samedi à Sisco ayant fait cinq blessés légers.

Les cinq hommes ont été placés en garde à vue mercredi pour "des violences avec armes pour la partie maghrébine" et pour "violences en réunion pour les deux villageois", selon le parquet.

Les deux habitants de Sisco ont été remis en liberté mercredi soir. Agés d'une cinquantaine et d'une vingtaine d'années, ils n'ont pas fait de déclaration à leur sortie du camp militaire de Borgo, au sud de Bastia, où ils étaient interrogés depuis mercredi matin. Ils ont été acclamés par des membres de leurs familles et plusieurs centaines de personnes venues les soutenir.

Les trois frères habitant Furiani, au sud de Bastia, étaient toujours en garde à vue dans ce camp de la gendarmerie mercredi soir.

La violente rixe samedi soir dans une crique de Sisco avait nécessité l'intervention de cent gendarmes et policiers pour ramener le calme. "A l'évidence, à l'origine des incidents se trouvent des membres de la famille maghrébine qui ont voulu, dans une logique de caïdat, s’approprier la plage et la privatiser", a déclaré mercredi lors d'une conférence de presse le procureur de la République de Bastia Nicolas Bessone.

"Ils ont multiplié (...) des incidents avec un certain nombre de personnes: jets de pierre à proximité d'autres personnes pour les intimider, tensions très fortes, insultes, menaces", a-t-il précisé. Une "altercation" s'est alors produite entre "un des jeunes du village et des membres masculins de cette famille. (...) A partir de là, les versions sont diamétralement opposées", a affirmé le magistrat.

C'est "la raison pour laquelle j'ai demandé (...) le placement en garde à vue des trois membres masculins de cette famille pour déterminer dans quelle mesure, dans quelle nature et avec quelle intensité ils avaient procédé à des actes de violence sur cet adolescent", a poursuivi le magistrat.

Le parquet, a dit le procureur, souhaite "établir l'intégralité des responsabilités" et "c'est pour déterminer dans quelle mesure deux personnes originaires du village ont participé à ces dites violences qu'ils ont été également placés en garde à vue".

M. Bessone a aussi demandé de "laisser la gendarmerie travailler dans la sérénité" pour mener à bien cette enquête, confiée à la section de recherches.

Deux des trois frères ont été interpellés à leur domicile de Furiani, et le troisième, qui se savait recherché, s'est présenté spontanément à la gendarmerie. Les deux habitants de Sisco se sont également présentés d'eux-mêmes à la gendarmerie où ils avaient été convoqués, selon M. Bessone.

Mercredi soir à Borgo où plusieurs centaines de personnes, des habitants de Sisco, des élus de tous bords et de nombreux militants nationalistes, participaient au rassemblement de soutien aux deux villageois de Sisco, les présidents nationalistes du Conseil exécutif territorial, Gilles Simeoni, et de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, ont lancé des appels au calme, avant la remise en liberté des deux gardés à vue de Sisco.

Le rassemblement devant l'enceinte militaire protégée par un important dispositif de gendarmes en tenue anti-émeute s'est déroulé sans incident.

Le maire socialiste de Sisco, Ange-Pierre Vivoni, qui a pris lundi un arrêté contre le port du "burkini", vêtement de bain islamique recouvrant le corps et la tête, dans sa commune, a également appelé "au calme et à la patience".

Certains témoins cités par les médias avaient évoqué un différend né de la prise de photo par des touristes de femmes musulmanes se baignant en burkini.

Le président de SOS Racisme Dominique Sopo s'est interrogé, lui, dans un communiqué, "sur le rôle des pouvoirs publics qui ont chacun à leur manière montré de lourdes défaillances" qui ont conduit à une vision "très ethnicisée" de l'affaire.

M. Sopo a notamment mis en cause le maire de Sisco pour son arrêté interdisant les burkinis sur les plages de sa commune "alors que là, n’est pas l’objet de la rixe sur lequel toutes les zones d’ombre devront être levées".

Les incidents de Sisco sont les plus importants depuis l'agression le soir de Noël de pompiers venus éteindre un feu et caillassés et battus dans une cité sensible du quartier de l'Empereur à Ajaccio. Le lendemain, des rassemblements avaient été émaillés d'insultes à caractère raciste et du saccage d'une salle de prière musulmane.

 

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