Tremblay-en-France : un restaurateur chasse deux femmes voilées puis s'excuse (VIDEO)
"Les terroristes sont musulmans. Tous les musulmans sont des terroristes". Les propos pourraient servir d'exemple, de caricature même, des amalgames à éviter après les attaques commises au nom de l'islamisme radical de Daech. C'est pourtant ceux qu'a reconnu avoir tenus un restaurateur de Seine-Saint-Denis, lorsqu'il a congédié deux femmes voilées.
C'est à Tremblay-en-France que se situe l'établissement en question. Les propos ont été immortalisées dans une vidéo tournée par une des deux femmes apostrophées avec son téléphone portable et mise en ligne dimanche 28. On devine que la femme qui l'accompagne est voilée.
"On ne veut pas être servies par des racistes", dit l'une d'elle, ce qui suppose que la discussion avait déjà commencé à s'envenimer. "Ne t'embêtes pas", recommande, calme, la seconde femme. "Les racistes ils ne mettent pas des bombes, ils ne tuent pas les gens, les racistes comme moi", répond le restaurateur. "Parce qu'on a mis des bombes?", interroge la femme. Question qui entraînera la fameuse analyse sur les liens entre Islam et terrorisme. "Les gens comme vous je n'en veux pas chez moi. Ça a le mérite d'être clair", poursuit le restaurateur, avant d'exiger que les deux femmes partent.
La vidéo n'a pas été officiellement identifiée, mais suite à sa diffusion et aux réactions qu'elle a entraîné, l'homme a reconnu les faits en s'excusant: "J'ai pété un câble. J'ai dit +j'accepte pas+. Après j'ai accepté de leur faire à manger et je tiens à m'excuser devant les caméras (de BFMTV, NDLR), à toute la communauté musulmane de mes paroles qui ont dépassé ma pensée. Les musulmans sont des gens gentils, et je fait aussi mes excuses aux deux mademoiselles". Selon Le Parisien, il a également évoqué avoir perdu un ami au Bataclan et avoir "tout mélangé" sur fond de polémique sur le burkini.
Des excuses qui seraient intervenues après un dialogue entre l'homme et des jeunes musulmans suite à l'incident. Ces derniers parlent d'un problème issu d'un "manque d'éducation" sur l'Islam.
L'incident a bien sûr provoqué de vives réactions, notamment de la ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes Laurence Rossignol qui a indiqué avoir saisi la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra)
J'ai saisi la @DILCRA afin d'engager investigations et sanctions contre le comportement intolérable de ce patron de restaurant #Cenacle
— laurence rossignol (@laurossignol) 28 août 2016
Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF)a de son côté appelé sur son compte Facebook à notamment "ruiner la réputation de ce restaurant sur tous les espaces en ligne où il est listé. Les consommateurs doivent être dûment informés de telles pratiques", mais à ne "surtout pas" agir sur place. Le restaurateur et sa famille qui vivent au-dessus du restaurant ont préféré quitté les lieux.
Selon le CCIF, les deux femmes devraient porter plainte ce lundi 29. Le parquet de Bobigny a décidé d'ouvrir une enquête pour "discrimination à caractère racial".
(Voir ci-dessous la vidéo tournée par l'un des deux femmes au restaurant):
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