Un chercheur et un agriculteur jugés pour avoir aidé des migrants

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 23 novembre 2016 - 17:41
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Une allégorie de la Justice.
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©Damien Meyer/AFP
Mon geste n'est ni politique ni militant, il est simplement humain et n'importe quel citoyen lambda aurait pu le faire", a souligné l'enseignant-chercheur.
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Un enseignant-chercheur du CNRS poursuivi pour avoir convoyé des Erythréennes venant d'Italie devait comparaître ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Nice, qui a renvoyé à janvier l'audience pour un agriculteur poursuivi lui aussi pour aide au séjour irrégulier d'étrangers.

Pierre-Alain Mannoni, 45 ans, enseignant-chercheur à la faculté de Nice Sophia Antipolis, avait été interpellé au péage de La Turbie avec dans sa voiture trois Erythréennes, selon un témoignage écrit relayé par ses soutiens. Il les convoyait pour les mettre dans le train en direction de Marseille, où elles étaient attendues par une association pour être soignées.

Comme lui, depuis 2015, de nombreux habitants de la vallée franco-italienne de la Roya viennent en aide aux migrants en provenance de l'Italie voisine, où le nombre de débarquements devrait battre un record depuis cet été, souvent des Africains fuyant des pays instables.

"Mon geste n'est ni politique ni militant, il est simplement humain et n'importe quel citoyen lambda aurait pu le faire", a souligné l'enseignant-chercheur du CNRS dans une lettre relayée avant l'audience par ses soutiens, le syndicat de l'enseignement supérieur Snesup-FSU, près de 700 enseignants-chercheurs en majorité de Provence-Côte d'Azur, la Ligue des Droits de l'Homme, les écologistes d'EELV.

Cent à 200 personnes venues dire "oui à la solidarité et à l'accueil des migrants et des réfugiés" se sont rassemblées devant le palais de justice avant et pendant l'audience, qui aborde un sujet qualifié de "lourd et délicat" par le parquet.

"Qu'il se retrouve au tribunal dans notre pays, je trouve cela aberrant", a déclaré la députée EELV Cécile Duflot, qui a fait observer que la solidarité envers les migrants étaient traitée différemment que l'on soit à Calais ou à Nice. "J'espère que le tribunal sera sage et respectueux du fait que cet homme est simplement un humain qui fait preuve d'humanité", a-t-elle dit, dénonçant une volonté de "faire peur et impressionner ces personnes".

"Aujourd'hui, on a des citoyens contraints d'enfreindre la loi, parce que l'Etat ne remplit pas ses obligations", a de son côté regretté David Nakache, un ancien cadre du PS niçois.

Placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de sortir de Nice et sa voiture confisquée, M. Mannoni encourt jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.

Il pourrait bénéficier de l'immunité prévue par la loi depuis 2012 pour les passeurs qui ne sont pas rétribués et qui agissent si la vie des personnes recueillies est jugée en péril.

A la demande de ses avocats, la juge Laurie Duca a renvoyé l'audience au 4 janvier concernant Cédric Herrou, 37 ans, un agriculteur dont le parquet estime qu'il a franchi une ligne rouge en n'agissant pas à titre humanitaire mais par militantisme.

Le tribunal a aussi accepté, contre l'avis du parquet, d'assouplir son contrôle judiciaire et l'a autorisé à conduire pour les besoins de son exploitation, de 06h à 17h. Il pourra même aller en Italie soigner ses oliviers sur un terrain qu'il possède de l'autre côté de la frontière ou au marché de Vintimille vendre ses produits, oeufs et olives.

Cédric Herrou a accueilli la nouvelle en estimant auprès de l'AFP que "c'était plutôt normal (qu'il retrouve son permis de conduire, ndlr) car on condamne les gens après leur procès et pas avant". Sans voiture, l'agriculteur ne peut pas travailler.

En août, Cédric Herrou avait déjà été interpellé avec huit Erythréens à bord de son véhicule et le parquet de Nice avait classé l'affaire sans suite. C'est l'installation sans autorisation d'une cinquantaine d'Erythréens dans un centre de vacances SNCF désaffecté à Saint-Dalmas-de-Tende qui lui vaut ces nouvelles poursuites. Le centre avait été évacué par les forces de l'ordre au bout de trois jours.

Comme M. Mannoni, M. Herrou encourt 5 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.

 

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