Un néonazi américain reconnu coupable de meurtre après les violences de Charlottesville

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Par Issam AHMED - Washington (AFP)
Publié le 08 décembre 2018 - 02:27
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Une foule se réunit à Chicago le 13 août 2017 pour rendre hommage à Heather Heyer, une manifestante antiraciste de 32 ans tuée la veille à Charlottesville par James Fields, un militant néonazi, en mar
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© Joshua Lott / AFP/Archives
Une foule se réunit à Chicago le 13 août 2017 pour rendre hommage à Heather Heyer, une manifestante antiraciste de 32 ans tuée la veille à Charlottesville par James Fields, un mili
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Un néonazi américain a été reconnu coupable vendredi par un tribunal de Charlottesville du meurtre d'une manifestante antiraciste qui protestait contre un rassemblement nationaliste dans cette ville de l'est des Etats-Unis devenue un symbole de la résurgence de l'extrême droite sous Donald Trump.

Le 12 août 2017, James Fields avait foncé au volant de sa voiture sur un groupe de manifestants, tuant Heather Heyer, 32 ans, et blessant 35 personnes dans cette petite ville de Virginie, avant de prendre la fuite.

La sentence doit être prononcée ultérieurement. Cet homme âgé de 21 ans est passible d'une peine de prison allant de 20 ans à la perpétuité.

A l'issue d'un procès qui a duré une dizaine de jours et au terme d'un délibéré de plus de sept heures, le jury composé de sept femmes et cinq hommes a déterminé que l'accusé avait délibérément lancé sa Dodge Challenger dans la foule.

Selon des militants présents au moment des délibérations, certains proches des victimes ont sangloté en silence.

"Je ne suis jamais senti bien en un an et demi", a déclaré à l'AFP Wednesday "Al" Bowie, un des rescapés de l'attaque, au cours de laquelle il a eu le bassin brisé.

"Ce procès nous a permis de guérir. Mais il a également rouvert de vieilles blessures".

Les avocats de James Fields avaient plaidé la légitime défense au cours du procès, le jeune homme ayant confié à la police qu'il "avait craint pour sa sécurité et qu'il était mort de peur" au moment du drame.

L'accusation a au contraire argué que le jeune homme avait agi de manière préméditée, et qu'un monceau de preuves - photos et vidéos - le montraient.

Plusieurs victimes ont été appelées à témoigner au cours du procès de blessures ayant pour certaines des conséquences à vie. L'accusation a également souligné que le rassemblement était devenu calme, "joyeux" au moment de l'attaque.

Mardi, le ministère public avait présenté au jury un texte envoyé par M. Fields, qui habitait l'Ohio, à sa mère avant de partir au rassemblement, celle-ci lui ayant demandé d'être prudent.

"Nous ne sommes pas ceux qui avons besoin d'être prudents", avait-il répondu, avec une photographie d'Adolf Hitler, qu'il admirait.

- Nouvelle génération -

Selon l'acte d'inculpation, James Fields avait plusieurs comptes sur les réseaux sociaux où il exprimait son soutien au suprématisme blanc et au Troisième Reich, prônant la violence contre les Noirs et les Juifs.

Le rassemblement de Charlottesville avait été organisé par des nationalistes blancs pour protester contre le déboulonnement annoncé d'une statue du général sudiste Robert Lee. Il avait braqué les projecteurs sur la nouvelle génération de l'extrême droite américaine qui a émergé depuis le début du mandat du président Donald Trump, dont la rhétorique incendiaire est régulièrement dénoncée comme attisant la haine et les divisions.

Le rassemblement avait débuté le 11 août au soir par une marche de néonazis et de membres du Ku Klux Klan défilant à la lumière de leurs torches. D'autres brandissaient des drapeaux confédérés, celui des Etats favorables à l'esclavage, un emblème considéré comme raciste par beaucoup d'Américains.

Le lendemain, des heurts avaient éclaté dès le début de matinée entre des néonazis et des manifestants antifascistes, culminant avec l'attaque à la voiture.

Donald Trump avait été très critiqué après les faits parce qu'il avait semblé réticent à condamner clairement le rassemblement néonazi, affirmant qu'il y avait des "gens très bien des deux côtés".

Après Charlottesville, d'autres évènements ont levé le voile sur la galaxie de militants ou de groupuscules extrémistes actifs sur les réseaux sociaux et enhardis par le climat de division dans la société américaine.

Un homme a ouvert le feu en octobre dans une synagogue de Pittsburgh (nord-est), faisant onze morts. La veille, un homme accusé d'avoir envoyé des bombes artisanales à des opposants du président Donald Trump avait été arrêté en Floride (sud-est).

Les Etats-Unis ont enregistré en 2017 une hausse de 57% des incidents antisémites par rapport à 2016, la plus forte augmentation enregistrée depuis les années 1970, selon l'Anti-Defamation League.

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