Une fusillade raciste choque l'Italie à un mois des législatives

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Par Marc-Henri MAISONHAUTE avec Catherine MARCIANO à Rome - Macerata (Italie) (AFP)
Publié le 03 février 2018 - 18:29
Mis à jour le 04 février 2018 - 22:34
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L'homme arrêté après la fusillade qui a blessé six Africains à Macerata, dans le centre de l'Italie, le 3 février 2018.
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© HO / ITALIAN CARABINIERI PRESS OFFICE/AFP
L'homme arrêté après la fusillade qui a blessé six Africains à Macerata, dans le centre de l'Italie, le 3 février 2018.
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L'expédition punitive contre des Africains qui a fait six blessés samedi à Macerata, dans le centre de l'Italie, a glacé le pays à un mois jour pour jour des législatives.

Luca Traini, un agent de sécurité de 28 ans, a vidé samedi matin deux chargeurs avec un pistolet semi-automatique dans les rues de Macerata, une ville de 43.000 habitants près de la côte adriatique, blessant cinq hommes et une femme originaires du Mali, du Ghana et du Nigeria.

Le jeune homme, crâne rasé et tatouage d'inspiration fasciste sur la tempe, a expliqué son geste en invoquant l'arrestation d'un Nigérian soupçonné d'avoir assassiné une jeune fille de 18 ans.

"J'étais en train de me rendre en voiture à mon club de gym quand j'ai entendu à la radio l'histoire de la jeune fille de 18 ans. D'instinct, j'ai fait demi-tour, je suis rentré chez moi, j'ai ouvert mon coffre-fort et j'ai pris le pistolet. J'ai décidé de tous les tuer", a raconté aux enquêteurs Luca Traini, cité par le journal Il Corriere della Sera.

Cet agent de sécurité a passé la nuit dans la prison de la région où se trouve également le Nigérian demandeur d'asile et dealer soupçonné d'avoir assassiné cette semaine Pamela Mastropietro et d'avoir découpé son corps en morceaux.

Selon Francesco Clerico, propriétaire d'un club de gym de Macerata qui avait exclu Luca Traini en raison de son comportement extrémiste et déséquilibré, ce dernier "était tellement mal qu'il était allé voir un psychiatre", a-t-il confié au Corriere della Sera.

Un exemplaire de "Mein Kampf", un livre d'histoire sur Benito Mussolini, un magazine sur la jeunesse fasciste ou encore des croix celtiques ont été retrouvés dans une chambre au domicile de sa mère, ont annoncé dimanche les carabiniers (gendarmes italiens).

- 'Ca aurait pu être moi' -

A un mois des législatives du 4 mars à l'issue très incertaine, mais marquées par une montée de la droite, ce fait divers inquiète.

"Nous devons être épouvantés", a estimé l'éditorialiste du Corriere della Sera, pour qui ce genre d'incidents peut se reproduire quand le "discours de haine" devient une "forme habituelle de polémique politique".

Luca Traini s'était présenté aux municipales l'an dernier sous l'étiquette de la Ligue du Nord (LN), parti d’extrême droite et anti-immigration proche du Front national français.

Le leader de la Ligue, Matteo Salvini, a certes condamné samedi le geste de Luca Traini, mais pour aussitôt dénoncer l'"invasion migratoire" source d'"affrontement social".

Dimanche, il a à nouveau dénoncé l'"immigration clandestine", affirmant que les Italiens n'étaient pas racistes, mais qu'ils voulaient vivre dans un "pays civil", où on "vit et on travaille tranquillement".

Son allié au centre-droit, l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, a souligné dimanche le "problème de sécurité" que pose selon lui ce qui s'est produit à Macerata. L'immigration en Italie est une "bombe sociale prête à exploser", a-t-il affirmé.

L'éditorialiste du quotidien La Repubblica s'interrogeait dimanche sur les conséquences du "venin inoculé" en Italie par certains hommes politiques.

Ce journal proche de la gauche rappelle ainsi la "défense de la race blanche" récemment prônée par un candidat de la droite à Milan, ou encore les raids perpétrés fin 2017 par des groupuscules d’extrême droite contre des associations d'aide aux migrants ou contre La Repubblica.

L'Italie a vu débarquer sur ses côtes quelque 630.000 migrants depuis 2014. Et si beaucoup ont depuis passé la frontière vers le nord, la présence de dizaines de milliers de ces migrants pèse dans un pays qui a toujours été plutôt une terre d'émigration que d'immigration.

"J'ai peur, ça aurait pu être moi", a confié dimanche à l'AFP devant l'hôpital de Macerata James Nosakhari, un Nigérian ami de l'une des victimes.

Et il n'est pas le seul à s'être réveillé dimanche encore sous le choc. "On n'aurait jamais cru possible une chose pareille, ce genre de choses se produit plutôt dans les grandes métropoles", jugeait ainsi Fabrizio Compagnucci, un vendeur de journaux près de la gare de Macerata, l'une des étapes du parcours de haine de Luca Traini.

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