Universités : des étudiants de Nanterre privés d'examen sous la pression des bloqueurs

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Par Marie DHUMIERES et Antoine GUY - Arcueil (France) (AFP)
Publié le 11 mai 2018 - 13:38
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Des étudiants en assemblée générale à l'université de Nanterre, au nord de Paris, le 2 mai 2018
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© ALAIN JOCARD / AFP/Archives
Des centaines d'opposants à la réforme de l'université ont empêché vendredi des étudiants de Nanterre de passer leurs partiels qui avaient été délocalisés à Arcueil en raison de la paralysie de leur faculté, suscitant l'indignation du gouvernement.
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Une centaine de personnes opposées à la réforme de l'université ont empêché vendredi des étudiants de Nanterre de passer leurs partiels qui avaient été délocalisés à Arcueil en raison de la paralysie de leur faculté, suscitant l'indignation du gouvernement.

Alors que le député Eric Coquerel, de La France insoumise, était venu soutenir les étudiants bloqueurs, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a dénoncé sur BFMTV "une mise en scène politicienne" d'un "cynisme absolu".

Face aux tensions sur place, l'université de Nanterre a annoncé dans la matinée le report des partiels qui étaient prévus vendredi et samedi à la Maison des examens d'Arcueil (Val-de-Marne), tout en "condamnant" et en "déplorant" l'action des bloqueurs.

Haut lieu de la mobilisation contre la loi sur l'accès à l'université, et bloquée depuis trois semaines, la fac des Hauts-de-Seine, d'où était partie la contestation en mai 68, avait pris acte de l'impossibilité d'organiser des partiels sur son campus et décidé d'en délocaliser une partie à Arcueil.

Mais devant le centre d'examen, où devaient aussi composer des étudiants de Sciences-Po, des manifestants se sont positionnés très tôt devant les grilles du site pour en bloquer les accès, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour tenter de libérer l'accès aux bâtiments. A plusieurs reprises, des étudiants ont essayé de forcer le passage ou d'entamer des négociations avec les bloqueurs qui formaient une chaîne devant la rangée de CRS.

Après l'annulation des examens, "un nouveau scénario" se dessine pour les étudiants, avec "des formules alternatives d'examens à distance, en temps limité, en ligne, sécurisés", a expliqué Jean-François Balaudé, président de l'université de Nanterre. "Examen il y aura, nos étudiants y tiennent, nous le leur devons et nous le ferons", a-t-il promis.

- "Minorité" -

"Ces examens, ils sont juste reportés, ils auront lieu et ce n'est pas ce qui s'est passé ce matin qui va empêcher les examens d'avoir lieu", a assuré Mme Vidal. Selon elle, seule "une minorité" d'étudiants souhaitent empêcher la tenue des examens, dans l'objectif notamment de se donner "une tribune".

Alors que le FN s'est indigné que des "crasseux d'extrême gauche" aient contraint l'État "à abdiquer", la ministre a expliqué que, face à des manifestants résolus à aller "au contact", "l'objectif des forces de police, c'est qu'il n'y ait pas de blessés".

A Arcueil, avant que tout le monde ait quitté les lieux en milieu de journée, de nombreux étudiants affichaient un air désabusé.

"Ça nous révolte. Je comprends leur manifestation, leurs revendications, mais bloquer la Maison des examens, des étudiants...", a lancé Sabrina, étudiante en première année de droit.

L'annonce de l'annulation a en revache été saluée par les bloqueurs. "C'est une victoire et une preuve que la mobilisation peut payer", a dit Adrien, étudiant en droit social à Nanterre, espérant "un retrait de la loi".

La mobilisation a divisé les syndicats étudiants. L'Unef (gauche), opposée à la loi Vidal, a rejeté sur l'université la responsabilité de l'épisode. Mais Jimmy Losfeld, le président de la Fage, premier syndicat étudiant et soutien de la réforme, a appelé les pouvoirs publics à "mettre tout en œuvre pour que les examens aient lieu". Quant au syndicat Uni (droite), il a fustigé "le laxisme du gouvernement".

Nanterre fait partie des universités entièrement bloquées par les opposants à la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), accusée d'instaurer un système de "sélection".

Signe des tensions actuelles: des violences avaient été commises sur un site de l'université Paris-Sorbonne à l'encontre d'étudiants opposés à la réforme. Six personnes placées en garde à vue vendredi pour ces incidents ont finalement été remises en liberté.

Au plus fort de la contestation, quatre universités ont été bloquées et une dizaine de sites perturbés. Les forces de l'ordre sont intervenues pour lever les blocages à Tolbiac, Grenoble, Montpellier ou Toulouse.

Selon Frédérique Vidal, le montant des dégâts occasionnés dans les universités qui ont été occupées "dépasse largement le million d'euros".

Deux universités sont restées bloquées vendredi (Rennes-2 et Nanterre) et six perturbées (Limoges, Nantes, Marseille, Sorbonne Université, Lyon et Paris-8), d'après le ministère.

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