Violences à Saint-Denis : "les élèves sont choqués et ont peur", témoigne un prof du lycée Suger

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 09 mars 2017 - 17:24
Image
Des lycènes en salle de classe.
Crédits
©Lcham/Sipa
"Ces violences, c’est une réaction aux discriminations quotidiennes que subissent ces jeunes issus des quartiers populaires. Le racisme, les taux de réussite plus faible aux examens, le chômage plus élevé qu’ailleurs", indique Romain Testard.
©Lcham/Sipa
Alors que huit mineurs doivent être présentés au juge ce jeudi, un professeur du lycée Suger évoque le traumatisme des élèves ainsi qu'une rupture du dialogue de la direction de l'établissement.

Deux jours après les heurts au lycée Suger, à Saint-Denis qui ont éclatés mardi 7, la pression reste intense dans l'établissement. Elèves et professeurs restent encore très marqués par cette matinée de violences, comme en témoigne Romain Testard, professeur de sciences économiques et sociales dans ce lycée.

Officiellement, les cours sont censés avoir repris, mais les salles de classe restent parsemées car beaucoup d'élèves ne sont pas revenus au lycée. "Nous passons l’essentiel de notre temps en réunion ou à discuter avec nos élèves. Ils sont choqués et ont peur", explique Romain Testard à 20 Minutes. Une peur légitime, puisque les professeurs sont bien obligés d'avouer leur impuissance à assurer la sécurité des élèves.

"Lundi, déjà, des élèves ont tenté de bloquer le lycée. Ils ont lancé des parpaings et des cocktails Molotov dans l’établissement. Nous étions sur nos gardes mardi car nous savions qu’ils avaient l’intention de recommencer", raconte –t-il. Selon lui, l'affaire Théo semble effectivement être le point de départ des émeutes dans le lycée, mais n'en ait pas la cause profonde: "ces violences, c’est une réaction aux discriminations quotidiennes que subissent ces jeunes issus des quartiers populaires. Le racisme, les taux de réussite plus faible aux examens, le chômage plus élevé qu’ailleurs".

Romain Testard dénonce une direction complètement dépassé par les événements et reviens sur les faits de mardi. "Lorsque les violences ont éclaté, la direction a déclaré avoir coupé l’alarme incendie pour pas +affoler+ les élèves avec un bruit strident dans le hall. Mais il y avait trois départs de feu dans les couloirs! Moi, j’étais dans ma salle de cours, c’est en entendant les cris des élèves que j’ai compris ce qu’il se passait. On a évacué dans la précipitation, rien n’était maîtrisé".

Ce professeur souhaiterait qu'un vrai dialogue s'installe entre la direction, les surveillants et les élèves. Pour le moment, il déplore la stratégie "tout sécuritaire" de la direction qui a par ailleurs indiqué qu'elle ne soutiendrait pas les élèves qui seront présentés devant les juges. Lui, pense au contraire que la justice devrait prendre en compte le contexte et la situation de ces "gamins".

À LIRE AUSSI

Image
Une cinquantaine de jeunes placés en garde à vue après avoir "caillassé des policiers" et incendié d
Heurts près d'un lycée à Saint-Denis : une cinquantaine de jeunes en garde à vue
Le gouvernement s'est retrouvé mercredi, en pleine campagne présidentielle, sous le feu des critiques de la droite et du Front national, au lendemain d'incidents à Sai...
07 mars 2017 - 16:56
Société
Image
François Fillon en visite dans les locaux de la police le 27 février 2017 à Meaux
Violences : Fillon a "alerté" Cazeneuve sur la passivité du gouvernement
Englué dans les affaires et décroché dans les sondages par Marine Le Pen et Emmanuel Macron, François Fillon contre-attaque en dénonçant un climat de "quasi-guerre civ...
27 février 2017 - 13:49
Politique
Image
Au procès.
Affaire Théo à Aulnay-sous-Bois : deux jeunes condamnés à six mois ferme pour des violences urbaines
Si à Aulnay-sous-Bois, la situation s'est quelque peu apaisé avec les apples au calme de Théo, victime d'un viol présumé lors d'une arrestation, deux jeunes ont été co...
09 février 2017 - 08:51
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.