Violences à Saint-Denis : "les élèves sont choqués et ont peur", témoigne un prof du lycée Suger
Deux jours après les heurts au lycée Suger, à Saint-Denis qui ont éclatés mardi 7, la pression reste intense dans l'établissement. Elèves et professeurs restent encore très marqués par cette matinée de violences, comme en témoigne Romain Testard, professeur de sciences économiques et sociales dans ce lycée.
Officiellement, les cours sont censés avoir repris, mais les salles de classe restent parsemées car beaucoup d'élèves ne sont pas revenus au lycée. "Nous passons l’essentiel de notre temps en réunion ou à discuter avec nos élèves. Ils sont choqués et ont peur", explique Romain Testard à 20 Minutes. Une peur légitime, puisque les professeurs sont bien obligés d'avouer leur impuissance à assurer la sécurité des élèves.
"Lundi, déjà, des élèves ont tenté de bloquer le lycée. Ils ont lancé des parpaings et des cocktails Molotov dans l’établissement. Nous étions sur nos gardes mardi car nous savions qu’ils avaient l’intention de recommencer", raconte –t-il. Selon lui, l'affaire Théo semble effectivement être le point de départ des émeutes dans le lycée, mais n'en ait pas la cause profonde: "ces violences, c’est une réaction aux discriminations quotidiennes que subissent ces jeunes issus des quartiers populaires. Le racisme, les taux de réussite plus faible aux examens, le chômage plus élevé qu’ailleurs".
Romain Testard dénonce une direction complètement dépassé par les événements et reviens sur les faits de mardi. "Lorsque les violences ont éclaté, la direction a déclaré avoir coupé l’alarme incendie pour pas +affoler+ les élèves avec un bruit strident dans le hall. Mais il y avait trois départs de feu dans les couloirs! Moi, j’étais dans ma salle de cours, c’est en entendant les cris des élèves que j’ai compris ce qu’il se passait. On a évacué dans la précipitation, rien n’était maîtrisé".
Ce professeur souhaiterait qu'un vrai dialogue s'installe entre la direction, les surveillants et les élèves. Pour le moment, il déplore la stratégie "tout sécuritaire" de la direction qui a par ailleurs indiqué qu'elle ne soutiendrait pas les élèves qui seront présentés devant les juges. Lui, pense au contraire que la justice devrait prendre en compte le contexte et la situation de ces "gamins".
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