Quand 40 Etats américains marient encore des enfants de moins de 13 ans. Et pas que pour des bonnes raisons...
C’est un pays qui ne fait que peu de bruit à ce sujet, et pourtant. Sur ses 50 États, les Etats-Unis autorisent le mariage avec les mineurs dans 40 États. Un aspect oublié qui touche pourtant 300 000 enfants en moins de 20 ans.
Ce ne sont pas les plus progressistes qui cessent d’adopter une telle mesure. En effet, la Californie, État réputé progressiste, autorise, elle aussi, le mariage adultes mineurs. Un reportage sur France Inter, récompensé par le grand prix du reportage Radio France 2023, suit une jeune fille mariée de force à 13 ans.
Les raisons avancées de ces mariages seraient notamment économiques, religieuses, ou encore pour éviter à l’adulte d’être jugé en commettant un viol sur mineur. De quoi mettre un mouchoir sur les violences subies par les enfants et légaliser les actes de pédophilies, les camouflant par un mariage.
Los Angeles projette en 2022 un court-métrage intitulé Something New, mettant en lumière le mariage des enfants. Une jeune fille témoigne par des propos glaçants. « J'ai pleuré tout le temps du mariage et souriais pour les photos en même temps que je pleurais. On m'a choisi un mari de 28 ans, divorcé, que je connaissais à peine. On a passé dix minutes au greffe du comté pour signer l'acte de mariage. Personne ne m'a posé de questions. J'étais terrifiée, vierge. C'était un viol chaque soir. »
Des militantes ayant vécu ces traumatismes témoignent aujourd’hui pour mettre au jour ce scandale laissé sous silence. Sherry Johnson témoigne par le biais de son ouvrage Forgiving the unforgiveable («Pardonner l'impardonnable») en mettant en lumière son mariage forcé alors qu’elle n’avait que 11 ans, afin de rendre légal le viol qu’elle a subi et qui l’avait mise enceinte.
Télérama atteste quant à eux que « dans 80% des cas, les fillettes sont livrées à des hommes adultes. Mais de puissants lobbys, au nom de la liberté individuelle, déjouent toute tentative de modifier les lois. »
Des mouvements religieux poussent eux aussi à ce type de mariage, avec les mormons, pour qui il n’est pas rare de définir le mariage avant même la naissance. La journaliste canadienne Daphné Braham, ayant elle aussi publié un ouvrage sur le sujet en 2008, observait en 2010 que « souvent, en vingt-quatre heures, une jeune fille, parfois de 15 ou 16 ans, peut se retrouver mariée de force à un homme de 50 ans, ou même de 80. »
L’avancée des droits des femmes a encore du chemin à faire à ce sujet. En effet, certains mariages seraient justifiés par les familles comme le besoin de sauver leur honneur en raison d’une grossesse précoce de leur fille engendrée par un viol.
La question de l’avortement est alors elle aussi remise sur le tapis. En effet, selon Dawn Tyree, témoignant 30 années plus tard, « Je savais que ce serait un péché. Je ne voulais pas offenser Dieu. ». Mariée à l’âge de 13 ans, elle explique qu’en souhaitant fuir à l’âge de 17 ans, elle a tenté de prendre contact avec un refuge pour sans-abri, expliquant son cas de maltraitance. Avec effarement, son accès se voit refusé. En effet, elle explique que : « ils m'ont rejetée car j'étais mineure, fugueuse et avec des enfants. J'étais piégée. » Elle voguera alors de squat en squat avant de parvenir à être recueillie à ses 19 ans.
Une situation terrifiante qui provoque finalement une spirale infernale dont les jeunes filles ne sont pas coupables mais doivent assumer, jusqu’à temps qu’elles soient considérées comme adulte. Il s’agirait pourtant bien d’enfants qu’il faudrait protéger dans un premier lieu.
Voilà des incohérences qui parviennent alors à légitimer de terribles traumatismes pour la jeunesse américaine, qui plus est féminine. Les États se rendent complices des méfaits qui leurs sont commis et préfèrent protéger des adultes face à des enfants, pourtant par définition plus fragiles.
NDLR : L'église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours précise qu'elle ne promeut pas le mariage des enfants ni aux Etats-Unis ni ailleurs dans le monde
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