Addiction : un outil informatique pour repérer les accros aux jeux en ligne
C'est bien connu, les jeux en ligne peuvent entraîner une addiction. Pour lutter contre ce fléau, des chercheurs de l'Inserm (Institut nationale de la santé et de la recherche médicale), dont les travaux ont été publiés dans l'International Journal of Methods in Psychiatric Research, viennent de mettre au point un système qui permet de repérer les joueurs accros ou ceux en passe de le devenir. Le tout: en collaborant avec un site de poker en ligne.
Pour créer cet outil, les scientifiques ont tout d'abord "envoyé un mail aux 170.063 personnes inscrites sur le site, en les invitant à décrire leur comportement de jeu à travers un questionnaire médical scientifiquement validé, comportant neuf questions". Les chercheurs ont ainsi pu classer les joueurs en fonction de leur dépendance potentielle: parmi eux, 18% présentaient une addiction probable. Puis, les scientifiques ont établi un algorithme capable de retrouver ces mêmes profils à partir des données personnelles issues du site web.
D'après leurs résultats, le profil des joueurs en difficulté combine plusieurs données: notamment le fait d'être un homme, d'avoir moins de 28 ans, de déposer de l'argent dès l'inscription sur le site, de perdre en moyenne plus de 1,7 euros par session, et de participer à plus de 60 parties par mois. En revanche, contrairement aux idées reçues, l'addiction n'est pas corrélée aux sommes dépensées. Au total, seulement un tiers des personnes ayant un problème de jeu se retrouvent face à des difficultés financières. "En réalité, c'est surtout l'envahissement temporel du jeu dans le quotidien qui illustre l'addiction, surtout dans le domaine du poker", indique l'Inserm dans un communiqué.
Pour les chercheurs, ce type de "dépistage" permettrait ainsi de prévenir la dépendance. L'autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL) "pourrait reproduire cette méthodologie à des fins de prévention, afin de repérer les joueurs en difficulté, pour les informer et leur proposer un accompagnement sans que les joueurs n'aient à faire de démarche". Comment? En proposant par exemple des e-mails de sensibilisation ciblés ou bien une modération en ligne auprès des joueurs dépistés.
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