Diagnostiqué Alzheimer par erreur pendant 10 ans : le calvaire de René

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JmC
Publié le 21 décembre 2014 - 17:17
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Entrée du CHU de Nancy.
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©Fredy Thomas/Google Views.
L'entrée du CHU de Nancy.
©Fredy Thomas/Google Views.
Un homme d'une quarantaine d'années avait été diagnostiqué, par erreur, comme souffrant de la maladie d'Alzheimer en 2004. Il a passé dix ans avec cette erreur médicale et a raconté son calvaire au "Républicain Lorrain" ce week-end.

Il s'appelle René, a aujourd'hui une cinquantaine d'années, habite avec sa femme en Moselle, et a vécu pendant 10 ans un calvaire. Dix ans au cours desquels les médecins lui avaient dit qu'il souffrait de la maladie d'Alzheimer –et c'était une erreur de diagnostic.

C'est le quotidien régional Le Républicain lorrain qui a révélé l'affaire samedi 20, et a publié le témoignage de cet homme et de son épouse, "installés dans la vallée de l’Orne", mais dont "nous avons préservé l'identité", écrit le journal. Car le couple n'a jamais rien dit, à son entourage et à sa famille: "On a menti à tellement de gens, à notre propre famille (…). C’est impossible de leur révéler la vérité. Ils ne comprendraient pas".

Tout commence en 2004, quand René consulte à l'hôpital de Marange-Silvange (Moselle), pour des pertes de mémoire et des vertiges. Puis des tests plus poussés au CHU de Nancy conduisent les spécialistes à la même conclusion: Alzheimer. "Le docteur m’annonce que je vais devoir me faire soigner parce que je suis malade. Il n’a prononcé le nom de la maladie qu’une fois, quand on lui a demandé avec insistance", raconte René.

Déclaré inapte, René perd son emploi, ne sort plus de chez lui, voit de moins en moins ses amis. Il se bourre de médicaments, suit un traitement lourd avec des effets secondaires (vomissements, nausées, état dépressif), sa femme a une dépression, René s'enferme dans la solitude et pense au suicide. "Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour ne pas être un légume ni un poids. Mais je n’en ai pas eu le courage", raconte-t-il au Républicain Lorrain.

"Chaque année, les mêmes tests répétés à Nancy délivrent la même réponse. Pourtant, l’état de santé de René ne se détériore pas", rapporte le quotidien. Et puis, un jour, en 2012, une femme médecin plus curieuse que ses collègues va changer la vie de René. C'est la remplaçante du précédent médecin, parti à la retraite. Pour elle, "il était impossible qu’un malade souffrant d’Alzheimer depuis huit ans soit encore debout et capable de dialoguer normalement", raconte la femme de René.

Le traitement anti-Alzheimer est arrêté. Pendant deux ans, de nouvelles analyses confirment que René ne souffre pas de la maladie et que "tout ceci n’était qu’un cauchemar. Mes absences proviennent d’anciens traumatismes crâniens", explique-t-il aujourd'hui.

"Ce qui est dramatique c'est qu'un homme a été soigné pendant dix ans pour Alzheimer, avec toutes les conséquences socio-professionnelles que cela implique (...). Il a perdu dix ans de sa vie, dix ans d'angoisse", a estimé son avocat, Me Jean-Christophe Duchet. Selon lui, René souffrait simplement de troubles cognitifs "probablement liés à un ancien traumatisme crânien".

L'avocat va saisir un juge administratif pour demander une expertise judiciaire afin de déterminer s'il y a eu faute médicale ou non. Dans l'attente des résultats de cette expertise judiciaire, la direction du CHU de Nancy s'est refusée à commenter cette affaire.

Les spécialistes font remarquer que l'état des connaissances médicales sur la maladie d'Alzheimer, en 2004, n'était pas le même qu'aujourd'hui. Mais cette maladie, dont on parle beaucoup ces dernières années, est peut-être parfois diagnostiquée ou évoquée à tort encore aujourd'hui.

"Lorsqu’une personne s’inquiète de troubles cognitifs, il est recommandé de se rendre à une consultation mémoire, dont l’objectif est justement de pouvoir poser un diagnostic", rappelle ainsi le site internet spécialisé Pourquoi Docteur?. "S’il est tout à fait juste que la maladie d’Alzheimer provoque des pertes de mémoire et autres troubles cognitifs, ce n’est pas pour autant que la maladie est systématiquement associée à ces symptômes. D’ailleurs, parmi les patients qui se rendent aux consultations mémoire, un quart seulement est diagnostiqué comme atteint de la maladie d’Alzheimer".

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