La résistance aux antibiotiques fait près de 13.000 morts par an
A ce rythme là, nous risquons d'entrer dans une "ère post-antibiotique". Alors que la résistance des bactéries aux antibiotiques entraine 12.500 décès par an, la ministre de la santé Marisol Touraine a fait part de ses craintes quant aux habitudes de (sur)consommation des Français.
" La prévalence croissante, et pas seulement à l’hôpital, de bactéries résistantes à la quasi-totalité des classes d’antibiotiques connues est inquiétante (...) Nous savons désormais que près de 160.000 patients contractent, chaque année, une infection par un germe dit multi-résistant", a-t-elle indiqué ce jeudi dans un communiqué, annonçant à la même occasion le renforcement de la lutte contre ce fléau lié à la surconsommation d'antibiotiques, phénomène qui s'accroît dangereusement d'années en années.
Si le plan d'alerte sur les antibiotiques 2011-2016 avait fixé comme objectif de réduire la consommation d'antibiotique de 25% en France, "après une relative stabilisation au cours des années 2000, la consommation globale d’antibiotiques est à nouveau en hausse depuis 2010", a déploré ministre à la lecture du rapport commandé au Dr Jean Carlet. En effet, selon ce dernier, la France consomme 30% de plus d'antibiotiques que la moyenne européenne et presque que les Pays-Bas, la Suède ou la Norvège, par exemple.
Pour mieux luter contre les résistances physiologiques entrainées par une prise trop régulière d'antibiotiques, Marisol Touraine souhaite une meilleure coordination des actions de lutte au niveau national, l'objectif étant de "faire passer la mortalité liée à l’antibiorésistance au-dessous de la barre des 10.000 décès par an". Pour ce faire, elle pense "au lancement, fin 2014, de l’expérimentation de la dispensation à l’unité des antibiotiques. Les premiers rapports d’étape confirment qu’elle est bien accueillie par les pharmaciens, sauf un syndicat minoritaire, et par les patients", assure-t-elle. Visant les prescripteurs, la ministre propose également"une limitation de la durée de prescription initiale des antibiotiques à 7 jours ou à la mise en place d’un référent antibiotique dans chaque ARS (Agence régionale de Santé, NDLR)".
Pour que soient "mieux encouragées la recherche et l'innovation" sur la résistance aux antibiotiques, elle annonce dès 2016, d'un plan national interdisciplinaire de recherche sur l’antibiorésistance dirigé par l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan) et l’Alliance nationale de recherche pour l’environnement (AllEnvie). Et de rappeler l'importance de sensibiliser le grand public aux méfaits d'une trop grande consommation d'antibiotiques.
Enfin, alors que "le développement de nouveaux antimicrobiens est au point mort", "la France doit être en première ligne pour reconnaître un statut particulier aux produits de santé innovants contre l’antibiorésistance et ainsi encourager les entreprises à s’engager pour innover". "La création d'un statut particulier pour les produits innovants, traitements ou outils de diagnostic", conclut-elle.
"La création d'un statut particulier pour les produits innovants, traitements ou outils de diagnostic" permettrait de réduire les coûts de recherche et développement, "en allongeant l'exclusivité d'exploitation en Europe et en adaptant les systèmes de fixation du prix de commercialisation", explique Le Figaro Santé.
Outre l'antibiorésistance qu'elle peut entrainer, une trop grande consommation d'antibiotiques a également des conséquences économiques néfastes. Ainsi, selon l'Agence du médicament (ANSM), une mise à niveau avec la moyenne européenne permettrait d'économiser 71 millions d'euros, voire 441 millions d'euros en s'alignant avec les pays les plus vertueux cités précédemment.
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