La science met-elle la démocratie en risque ? La science en danger

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FranceSoir
Publié le 15 octobre 2020 - 14:32
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La science met-elle la démocratie en risque ? La science en danger
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Une tribune parue hier dans le Monde mettait en scène un collectif de 90 sociétés savantes académiques et médicales demandant un élargissement des prérogatives de l’Office français de l’intégrité scientifique dans la loi de programmation de la recherche.

« Nous demandons la définition dans la loi de règles garantissant l’honnêteté et la rigueur scientifique ».

Rappelons que l’avis du CESE (Conseil économique social et environnemental) adopté le 22 septembre 2020 sur la loi de programmation pluriannuelle de la recherche en général évoque déjà ce sujet : « Avec un effort de recherche qui stagne depuis le début des années 1990 à ~2,2 % du PIB, le CESE fait le constat du décrochage français au regard de la plupart des grandes puissances économiques. Par ailleurs, la baisse progressive des crédits de base à la faveur de crédits concurrentiels prépondérants, voire quasi-exclusifs, menace le bon fonctionnement du monde de l’ESR (Enseignement supérieur et recherche). Pourtant, cet effort est crucial pour conduire les mutations profondes, notamment environnementale et numérique, auxquelles nous sommes confrontés. »

Cette tribune prenant comme base la crise sanitaire met sur la table le sujet de l’intégrité scientifique et la mise en scène de la science dans l’actualité et sur les plateaux télévisions que nous dénonçons dans FranceSoir depuis le début de la crise.

Cette tribune est louable car elle évoque la crédibilité de la science :

  • "La cacophonie des prises de position de scientifiques et médecins dans les médias, la mise en avant d’articles scientifiques de qualité douteuse ou la rétractation d’articles publiés dans des revues prestigieuses ont fait s’interroger le public sur la validité du travail de l’ensemble des chercheurs et chercheuses. Or pour que la société bénéficie des avancées scientifiques, nos compatriotes ont besoin de confiance en la recherche et les responsables politiques de résultats fiables pour guider leur action."
  • La communauté scientifique dénonce depuis longtemps le fait que les financements et carrières des personnels de recherche sont basés sur une compétition individuelle et une course effrénée à la publication, parfois au détriment de la qualité des articles et de la construction collective du savoir. [...] Couplé à un contrôle insuffisant de l’intégrité scientifique, ce phénomène a engendré des dérives dans toutes les disciplines : données inventées, modifiées ou passées sous silence, plagiat, graphiques trompeurs, auteurs de complaisance, publication dans des revues scientifiques douteuses ou conflits d’intérêts passés sous silence. Si les fraudes volontaires restent très rares, des pratiques critiquables se sont suffisamment développées pour mettre en péril l’édifice de la connaissance.

Par ailleurs, cette tribune mentionne le rapport Corvol, qui après un diagnostic sur l’intégrité scientifique, fait une liste de propositions dont nombreuses sont, dans leur principe, intéressantes, mais qui demandent à être précisées quant à leur application concrète et dans le respect de l’État de droit. Ensuite, ces propositions sont extrêmement centrées sur le personnel de la recherche, ce qui n’est pas critiquable en soi, mais, du coup, sont de fait réductrices car la science s’inscrit dans pratiquement tous les champs de la société et concerne ainsi bien d’autres parties prenantes.

En outre, cette tribune pose plusieurs questions tant sur le fond que sur la forme.

Sur la forme, on peut regretter que cette tribune arrive de manière tardive dans le débat actuel et n’aborde que superficiellement le problème des influences externes qui entraînent des conflits d'intérêts qui ont été dénoncés et affectent la crédibilité, pas plus que cette tribune n’évoque le problème des silos d’expertise et de la démultiplication des instances qui existe dans la science. Il en va de même sur la question des nominations des figures d’autorité. Il n’est pas certain que ce soit le manque de réglementation en la matière qui soit le problème, mais la simple application du droit.

A titre d’exemple nous listons les points suivants :

  • Sur le comité scientifique - Comment a été nommé le comité scientifique pendant la crise du Covid-19 ? Quelle pluralité d’opinions, de profils ? Quels gages de compétence ? Quelle déclaration de liens d’intérêts ?
  • Sur les traitements - Comment ont été prises les décisions d’exploration des traitements et de sélection dans les études cliniques, de doctrine sur les masques, sur les tests ? Les personnes disposant de liens d’intérêts ont-elles été exclues des délibérations comme la gouvernance de ces institutions l’exige ?
  • Sur la gouvernance - Les règles des marchés publics, de gouvernance des autorités de santé, ont-elles suivi le cadre réglementaire en vigueur ? Est-ce que des mêmes personnes ou liens d’intérêts, se retrouvent à plusieurs endroits des chaînes institutionnelles de décision (autorités administratives, scientifiques, gouvernement, industrie, presse scientifique et généraliste, institutions d’autorité internationale, Conseil d’État...) ?
  • Sur la communication - Est-ce que les prises de paroles publiques font l’objet d’une énonciation des liens d’intérêts éventuels pour mieux apprécier un risque de biais ? Y a-t-il un équilibre auprès du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) des temps de parole sur des sujets sensibles ou bien y a-t-il une distorsion de représentation des acteurs prenant la parole dont une partie est liée aux mêmes intérêts ? 
  • Sur les associations de patients - Quelle réflexivité avec les associations de la société civile comme France Asso Santé ou autres associations ? 

Notre droit, nos doctrines, nos contre-pouvoirs actuellement en vigueur posent ces questions et sont capables d’y apporter le plus souvent des réponses. Les auteurs font bien de rappeler que la science n’est pas hors sol et qu’elle a un effet sur la société. Or, nous vivons en démocratie et dans un Etat de droit. Qu’il faille légiférer ? Pourquoi pas. Mais rappelons-nous aussi que la légitimité démocratique ne se réduit pas au savoir ni même au droit, elle repose selon Pierre Rosanvallon, sur trois piliers essentiels que sont l’impartialité, la réflexivité et la proximité. La science, dont le besoin de rigueur ne fait pas de doute, doit d’ores et déjà respecter ces principes pour construire sa légitimité.

Sur le fond, réduire la science à une loi de programmation de la recherche au travers de l’office français de l’intégrité scientifique ressemble fort au ministère de l’information et de la pensée unique.  La science vient de débats contradictoires qui ont amené bien des personnes non issues du domaine scientifique à faire des découvertes. D’ailleurs, les plus grandes découvertes ne sont que rarement passées par le biais des sociétés savantes. A l’heure de l’open source et de l’intelligence collective, n’est-il pas plus approprié de renverser le paradigme du ruissellement de la science afin d’exploiter la science collaborative.  Le ruissellement est connu comme un principe ou l’information par d’en haut pour ruisseler vers le bas alors que l’intelligence collaborative collective favorise la remontée d’information et de science vers le haut ou chaque agent contribue à la hauteur de sa connaissance.

Dans cette tribune, n’oublie-t-on pas ce que représente la médecine et n’essaie-t-on pas d’en faire qu’un ersatz scientifique ? L’institut Rafaël a évoqué ce sujet dans un article et pose la question du regard que l’on a sur la médecine : « La » médecine ou « les » médecines : un article défini qui conditionne notre regard. N’oublions pas que la médecine est à l'intersection de plusieurs sciences (humaine, physiologique, physique, chimique). « La médecine est autant une science humaine qu’elle ne se (re)pense en permanence, d’où les définitions plurielles qu’on lui prête. » écrit le Pr Alain Teledano président de l’institut Rafaël

Il ne faudrait pas que cette tribune soit une manière détournée d’imposer l’Evidence Based Medecine comme étant la preuve ultime en médecine et surtout la seule voie pour agir.  Cela ne prend pas en considération d’autres choix. La science ne se fait pas en silo à ce niveau mais doit prendre en considération les choix du patient, les observations des médecins. Les stratégies thérapeutiques et la façon de les activer peuvent être plurielles à partir du moment où elles respectent les principes du serment d’Hippocrate. De plus, elles doivent s’adapter au contexte, l’approche scientifique ne peut pas être rigoureusement la même en période de crise que lors d’études cliniques dans des situations moins sensibles. Cette affirmation n’empêche pas de rechercher de façon ouverte et rigoureuse les meilleures façons d’agir au plan scientifique en fonction de ce contexte. Encore un absolu qui ne doit pas découler de cette démarche de qualification de “l’intégrité scientifique”.

Rabelais rappelait que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Force est de constater que ces derniers mois les citoyens ont fortement contribué et de manière plus rapide que les institutions à dénoncer l’instrumentalisation de la science. Plutôt que de contrôler l’intégrité scientifique ou d’étouffer la créativité et l’évolution de la science, il serait préférable d’instaurer un encadrement humaniste de l’intelligence collective. Les citoyens comprennent instinctivement très bien qui les protège dans les grandes crises.

L’influence externe, l’apparition des conflits d’intérêts ainsi que l’individualisme de certains chercheurs scientifiques réputés ont fortement biaisé la science. Ce n’est pas la conscience qui est cause, mais bien l’apparition de forces externes qui viennent influencer cette conscience.

Depuis peu on observe une radicalisation des positions dans notre société. La radicalisation a aujourd’hui dépassé le seul contexte religieux pour entrer dans les foyers au travers des médias télévisés et s’étendre à bien des aspects de notre vie de tous les jours. La radicalisation de la science en fait partie et créée beaucoup d’incertitudes parmi les citoyens.

Ne pas remettre en cause le modèle des sociétés savantes, c’est ne pas accepter que le biais des pairs et des experts existe. La publication frauduleuse du Lancet pour discréditer l’hydroxychloroquine pour le traitement de la Covid-19 en est l’exemple type. Les pairs ont commencé par encenser cette fraude scientifique qui a plongé une grande partie de la planète dans une situation sans précédent. Ce ne sont pas les scientifiques qui ont dénoncé cette imposture mais les citoyens et une minorité de scientifiques qui les premiers s’en sont inquiétés, démontrant par là même l’importance primordiale du rôle du plus grand nombre.

Il n’y a pas de voix unique de manifestation de la vérité. Ce qui est le bien le plus propre de la démocratie.

Rappelons que cette étude viciée et la revue scientifique The Lancet ne peuvent pas faire l’objet de poursuite selon le principe d’indépendance de la science et que malheureusement ce qui est plus grave, c’est que ce cela n'a rien changé à la relation entre The Lancet et la communauté scientifique. Pour l’instant, cela se solde par le seul retrait de ces articles de NEJM (New England Journal of Medecine) et de The Lancet, alors qu’ils ont entrainé des décisions de santé publique majeures à partir d’une soi-disant vérité d’autorité scientifique. C'est là que le bas blesse, la science a été instrumentalisée par des comités d'experts sans qu'aucune voix raisonnable ne puisse se faire entendre auprès d’une administration et gouvernement dont l'assise d'autorité est affaiblie par la pratique de la sélection entre-soi avec toutes les dérives et le manque de lucidité que cela implique.

On a souvent parlé de populisme scientifique, que dire de revues de haut niveau qui ne s’inquiètent pas de l’absence d’intégrité et de rigueur d’une équipe d’aventuriers sous qualifiée pour rendre de tels avis. Ceci est d’autant plus grave que ces études ont reçu l’aval des pairs. Cela s’applique autant au Lancet qu’au NEJM qui pour l’instant bénéficient de l’immunité due à leur prestige. Il ne s’agit surtout pas de remettre en cause la pertinence de la rigueur scientifique mais plutôt de réclamer qu’elle puisse prévaloir à tout moment. Le mécanisme de revue par les pairs implique la notion de relativité et ne résiste pas au test de l’indépendance des tiers. Nous déplorons d’autant plus la prise de position de The Lancet et de NEJM dans la campagne américaine, quoique l’on puisse penser de ses candidats. On a souvent vu et à juste titre, la manipulation de la science à des fins politiques, ce n’est pas pour que la science à son tour, fasse une intrusion dans le champ politique. L’ingérence de la science en politique est une atteinte à la démocratie.

La nomination d’experts ne devrait pouvoir se faire sans un triptyque formé de pairs nommés de manière transparente, indépendante et intègre, sous l’égide de tiers experts dans d’autres matières et de citoyens. Des citoyens  représentent le peuple et garantissent la volonté d’une recherche d’éthique, d’indépendance et d’intégrité qui a tant fait défaut ces derniers mois. Ce processus est naturel dans une société saine mais déviant dans une société régulée par l'entre-soi.

L’état de droit peut agir à partir de là. La science n’est pas l’Etat de droit, mais elle y contribue en se dirigeant vers la vérité. Ce principe est illustré de manière magistrale par le discours de Monsieur Bertrand Louvel, premier président de la Cour de cassation en Octobre 2015 devant la Compagnie des experts agréés par la Cour de Cassation au sujet de la vérité. Ce discours est riche d’enseignement « La vérité... sans doute. Vérité scientifique, vérité judiciaire ». Nous le reproduisons ci-après, car sa conclusion nous paraît être le fond du sujet.

"« Mystérieuse, fuyante, toujours à conquérir », selon les mots d’Albert Camus, la vérité semble sans cesse nous échapper. Il en est d’elle, nous dit Pascal, comme de la justice : « deux pointes si subtiles, que nos instruments sont trop émoussés pour y toucher exactement ».

Mais voilà, les choses humaines sont aussi affaires de décisions, et le juge, comme le médecin, fût-il saisi par le doute, ne peut différer son office. Il doit rendre sa sentence. Ne pas le faire serait un déni de justice.

Faut-il alors qu’un tribunal renonce à trouver, dans la vérité, cette justification propre à soutenir son action, alors que chacun est tenu, de par la loi, d’apporter son concours à la justice en vue précisément « de la manifestation de la vérité » ?

Doit-on alors céder au relativisme, en écho à la formule de Pascal : « plaisante justice qu’une rivière […] borne ! Vérité au-deçà […], erreur au-delà ».

 Certes, n’en déplaise à notre désir d’absolu, la vérité ne se conjugue que rarement au singulier. Elle est question de points de vue ; se veut tantôt pragmatique, tantôt révélée, positive ou historique ; elle est pour les uns scientifique, pour nous autres, judiciaire, figure construite nécessaire, garante de l’ordre social, que la chose jugée aura pu, par son autorité, transformer en acquis d’une justice définitive et incontestable.

Jean Carbonnier écrivait ainsi que « la chose jugée n’est pas la […] vérité », qu’elle est surtout « reçue par le bon peuple pour [en] tenir lieu » : res judicata pro veritate habetur. Nietzsche ne pensait pas autrement : « Il est nécessaire », disait-il, « qu’il y ait des choses tenues pour vraies… ».

La seule force de l’autorité peut-elle cependant suffire à convaincre et ainsi asseoir la légitimité d’une décision ?

Voilà longtemps en effet que « l’autorité a cessé d’avoir plus de poids que la raison », comme s’en réjouissait déjà au XVIIe siècle, au lendemain de la naissance de l’académie des sciences, le savant et fils d’avocat Fontenelle.

Prouver, « établir la vérité des faits », c’est, disait Domat, « persuader l’esprit d’une vérité ».

Lointaine est en effet l’époque des formules sacramentelles, s’imposant d’elles-mêmes, par lesquelles les assertions humaines recherchaient avant tout l’approbation de vérités éternelles. Les serments, les ordalies ont depuis cédé le pas à l’enquête, réhabilitée par Saint Louis en réaction aux duels judiciaires et autres épreuves du haut Moyen âge.

 Archétype de la recherche et de la reconstitution d’une vérité, l’enquête est devenue au fil des siècles l’étalon de la modernité, « manière » selon Foucault « d’authentifier la vérité, d’acquérir des choses qui vont être considérées comme vraies, et de les transmettre ».

Le développement des sciences et des techniques a renforcé ce sentiment que le voile qui recouvrait « la vérité des choses » pourrait enfin être levé.

L’expertise judiciaire s’est déployée en maints domaines. Partout, elle s’est offerte comme un autre regard porté sur les faits pour en mieux discerner la réalité. Celui en qui René Garaud voyait déjà, au début du siècle dernier, un « éclaireur de la conscience du juge », que la loi offre désormais de commettre pour « l’éclairer » sur une question requérant « les lumières » d’un technicien, s’est érigé peu à peu en partenaire de justice souvent incontournable.

Le sachant serait même devenu, dit-on parfois, « l’œil du juge », son « substitut », quand, suivant les mots d’un jurisconsulte du XVIIIe siècle, il ne pourrait se poser en authentique « juge de la question de fait » devant lequel le magistrat abdiquerait en quelque sorte sa mission.

Supériorité supposée d’une vérité « scientifique » dont l’adjectif ne disqualifie pas le résultat, tandis que l’adjonction du terme « judiciaire » a presque, disent certains, « l’apparence d’une excuse : le but était de trouver la vérité, mais voilà où on a abouti, et sous toutes réserves… »

Pourtant, c’est moins à la « dictature de la science » qu’à la prudence de l’expert comme du magistrat, sachant faire bon usage des conclusions du technicien, que l’on doit l’assurance d’une bonne justice.

Quelle que soit la procédure, le procès, s’il efforce de se rapprocher au plus près de la vérité, s’en détourne nécessairement pour partie. « Reconstruction d’un passé qui ne peut être à nouveau donné à voir dans son intégrité ». La justice peine à connaître l’exacte réalité des causes, du déroulé comme des conséquences d’une action ! Et la vérité forme en fait plus une quête, un objectif, « de ceux que l’on sait ne jamais atteindre, et devoir toujours rechercher ».

Sujette aux aléas des procédures, comme de la distribution du poids et du risque de la preuve ; sujette aussi à cette part d’incertitude qui subsiste en tout examen en raison soit des limites des données de la connaissance soit encore des conditions de son intervention ; la vérité scientifique ne fait pas exception.

Fût-elle présentée sous l’apparat d’une certitude, sa valeur, même forte, n’en est pas moins susceptible de degrés.

Faut-il rappeler combien une vérité scientifique comme historique n’est toujours que transitoire, jamais acquise ; combien la technique a pu nourrir de propositions crues comme des évidences avant d’être réfutées ? La philosophie contemporaine des sciences, dans la lignée de penseurs comme Karl Popper, a souvent souligné quelle gageure pouvait représenter la vérification d’une hypothèse. N’a-t-on pu lire sous la plume d’un autre savant, Henri Atlan, médecin biologiste en même temps que philosophe, que la vérité scientifique est « elle aussi, un ornement du réel ».

Et voilà qu’au cœur des laboratoires comme des prétoires, ressurgit le doute.

In dubio pro reo. Beyond a reasonable doubt. En tous systèmes, de droit continental, comme de Common law, juger est aussi affaire de doute. Pour condamner, encore faut-il, ici, que le juge se forge, à partir des éléments de preuve soumis à sa libre appréciation, une intime conviction l’emportant sur le doute ; là, qu’une telle preuve puisse être apportée hors de tout doute raisonnable. Mais, dans l’un et l’autre cas, il ne s’agit nullement d’exclure le moindre doute.

« Qui peut » en effet « juger sans frémir sur terre ? », nous dit Verlaine. Quel juge ne rend pas la justice « les mains tremblantes », comme l’exprimait si justement l’un de mes prédécesseurs, le premier président Canivet ? « Le jugement est un doute qui décide ; le procès, l’institution d’une mise en doute » pour parvenir à une décision, la plus juste possible.

C’est cet exercice raisonné du doute qui, sans nous paralyser, imprime en chacun une prudence et fonde, je crois, cette éthique commune que le juge et l’expert, tous deux soucieux de vérité, ont en partage.

Les procédures, celles du procès comme d’un protocole de recherche, s’y offrent comme des garanties ; le doute comme une méthode ; toutes indispensables à la pertinence et la justesse du résultat.

Alors pardonnez-moi, mais « la vérité sans le doute » n’existe pas… "

 

La science heureusement appartient à tout le monde.

 

Cette tribune est initiée par l’association www.BonSens.org.

Signataires de la tribune :

Christian Perronne - Professeur de médecine

Gerard Guillaume – Rhumatologue

Benedicte Helfer – Docteur en médecine

Valère Lougnas – Docteur en biologie cellulaire

Alexis Lacout – Radiologue

Jean-François Lesgards – Docteur en Biochimie

Xavier Azalbert – TSE Econométricien

Valérie Bugault – Docteur en droit, ancienne avocate fiscaliste, géopolitogue

Julien Cantoni – DESCF Expert-comptable

Corinne Reverbel - Docteur en Microbiologie

Jean Yves Capo – Dirigeant d’entreprise

Mounir Aberkane – Professeur de Sciences naturelles

Louis Aubouin, Fondateur du cluster transnational Ulysse Institute

Et les membres du Collectif citoyen de FranceSoir

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