Légalisation du cannabis : le pneumologue Bertrand Dautzenberg y est favorable
Depuis quelques années, plusieurs voix se sont élevées pour la légalisation du cannabis en France. La dernière en date a quelque peu surpris puisqu'il s'agit de celle du Pr. Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l'hôpital da la Pitié-Salpêtrière et président de l'Office français de la lutte anti-tabac.
Lors du 20e congrès de pneumologie de langue française qui se déroulait à Lille du 29 au 31 janvier dernier, le Pr. Dautzenberg s'est dit favorable à une légalisation encadrée du cannabis. Selon le médecin, la pénalisation de cette drogue favorise le trafic et présente plus de risques pour le consommateur.
Dans un entretien accordé au Parisien, il compare le cannabis distribué par les dealers à "l'alcool frelaté du temps de la prohibition". Selon lui, la légalisation permettrait l'encadrement et le contrôle de cette drogue, et donc une meilleure prévention. Car le pneumologue le rappelle dans Le Figaro, il reste bien sûr opposé à la consommation de cannabis, tout comme il l'est à celle de tabac. Mais il rappelle à titre d'exemple l'impact qu'avait eu la loi Evin qui a fait diminuer de 50% le nombre de cigarettes par Français.
Même s'il n'est "pas pour mettre du cannabis partout" , le jugement du Pr. Dautzenberg est plus sévère sur les effets sanitaires du tabac: "c'est le tabac qui est une drogue dure! Il est très difficile de s'en libérer. Les effets du cannabis ressemblent davantage à ceux de l'alcool: si on fume vingt joints par jour, c'est une catastrophe".
Il concède également qu'il y a bien un risque de banalisation de cette drogue en cas de légalisation, mais que celui-ci est à courir face à une politique de répression qui a, selon lui, montré son inefficacité. Le Pr. Dautzenberg invoque à titre d'exemple les chiffres de la consommation de cannabis aux Pays-Bas -où il est partiellement autorisé- près de deux fois moindres qu'en France.
Selon l'Office français des drogues et des toxicomanies, plus de 17 millions de Français ont expérimenté le cannabis, 4,6 millions en consomment une fois par mois, et 1,4 million en consomment plus de 10 fois par mois. Les adolescents sont également de plus en plus séduits par cette drogue.
Le Pr. Dautzenberg apporte un soutien de poids aux défenseurs d'une légalisation, mais il précise bien ne pas être favorable à libéralisation totale, principe qui "effraie les décideurs", tandis que les fervents opposants à toute évolution de la règle "s'accrochent à des principes moraux, et ne regardent pas la réalité en face".
En 2014, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait déclaré que bien que "favorable au plus large débat" sur le sujet, il demeurait "fermement hostile à toute dépénalisation". Certains médecins s'inquiètent quant à eux d'un éventuel passage aux drogues dures des consommateurs qui agissent par transgression.
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