Moustiques : une étude démontre pourquoi ils résistent de mieux en mieux aux insecticides
La capacité croissante des moustiques vecteurs de maladies humaines (paludisme, dengue, chikungunya) à résister aux traitements insecticide représente aujourd'hui un enjeu sanitaire mondial. Cherchant à y répondre, des chercheurs français ont réussi à indentifier de nouveaux marqueurs génétiques de la résistance de ces bestioles aux insecticides, comme le révèle l'étude parue récemment dans la revue Genome Research. Ces travaux pourraient, à terme, permettre de mieux "combattre" les bêtes "sur le terrain", assure le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) dans un communiqué de presse.
"On a voulu savoir quel gène était impliqué dans cette résistance (aux insecticides, NLDR). On a ciblé à peu près 800 gènes qui potentiellement pouvaient être impliqués dans cette résistance et on a découvert que certains de ces gênes peuvent être amplifiés. Ce qui permet aux moustiques de mieux résister aux insecticides chimiques en les dégradant. Et ensuite, on s’est aperçu que certains de ces gènes étaient mutés et que ces mutations étaient fortement liées à la résistance aux insecticides", a expliqué le Dr. Jean-Philippe David, chercheur au CNRS à Grenoble, cité par RFI.
Concrètement, le professeur David et son équipe ont analysé l'ADN du Aedes aegypti, proche cousin du moustique tigre et vecteur de la dengue et du chikungunya dans les zones tropicales. Ils se sont concentrés sur plus de 760 gènes potentiellement impliqués dans la résistance aux insecticides.
Après les avoirs analysés par séquençage à très haut débit, ils en sont arrivés à la conclusion que l'augmentation de l'activité des enzymes de détoxification des moustiques résistants était le plus souvent provoquée par une augmentation du nombre de copies des gènes codants pour ces enzymes. Ils ont aussi découvert que des mutations affectant ces enzymes pouvaient augmenter la biodégradation des insecticides chez les moustiques résistants.
Enfin, les chercheurs ont également observé que les biomarqueurs des résistances différaient en fonction des continents. En effet, les enzymes de détoxification acquis par les moustiques au cours de leur évolution pour résister aux insecticides chimiques dépendent de l'histoire des populations, de leur mutation et de leur environnement.
"Ces travaux représentent une avancée majeure dans la compréhension des mécanismes génétiques développés par les moustiques pour s'adapter aux insecticides et ouvrent de nouvelles perspectives pour les détecter de manière précoce, via des tests moléculaires par exemple, afin de mieux les combattre sur le terrain en adaptant de façon efficace les traitements aux différents phénomènes de résistance", assure le CNRS dans un communiqué de presse paru jeudi 23.
Ces travaux ont déjà permis aux chercheurs de mettre en place un consortium regroupant plus de 40 pays et 10 institutions afin de réaliser pour la première fois une cartographie mondiale des mécanismes de la résistance des moustiques aux insecticides. Cette initiative a notamment reçu le soutien de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
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