Tour à tour ce dimanche, dix pays européens ont suspendu tous les trajets en provenance du Royaume-Uni. La France a pris cette décision pour 48 heures, en attendant une harmonisation européenne.
La raison de cette soudaine fermeture des frontières porte un nom, VUI-202012/01. Il s’agit d’une variante du Sars-Cov-2, contenant 23 changements par rapport au virus originel.
Selon Patrick Vallance, le conseiller scientifique du gouvernement anglais,
« il s’agit d’un nombre inhabituellement grand [de changements], beaucoup étant associés aux changements dans la protéine que le virus fabrique et à la manière dont il se lie aux cellules ou les pénètre »
Plus contagieux
Les informations sur cette variante sont encore limitées. Ce qui semble certain outre-Manche, c’est qu’elle est beaucoup plus contagieuse.
Samedi, le premier ministre Boris Johnson a fait un point lors d’une conférence de presse, indiquant que cette variante se transmet 70% plus facilement, jusqu’à devenir dans la région de Londres et dans le sud-est de l’Angleterre la forme dominante de Sars-Cov-2.
Elle représentait 28% des cas positifs à la Covid-19 mi-novembre à Londres, 62% dans la semaine du 7 décembre, selon les autorités sanitaires britanniques.
Branle-bas de combat, Londres confinée
« C’est mon devoir de prendre des décisions difficiles afin de protéger la population de ce pays » : ce n’est pas Jean Castex qui parle, mais Boris Johnson, samedi soir, lorsqu’il a annoncé que « nous ne pourrons pas passer Noël comme prévu ».
Du jour au lendemain, plus de 16 millions de personnes, à Londres et dans le Kent, se retrouvent confinées et ne passeront donc pas les fêtes en famille.
Les autorités britanniques doivent tenir ce lundi une nouvelle réunion de crise.
Les frontières se ferment
Les ressortissants européens vivant au Royaume-Uni sont, eux, dans l’impossibilité de voyager. Dans la foulée des décisions britanniques, dix pays membres de l’UE ont donc suspendu dimanche les liaisons maritimes, aériennes et ferroviaires.
La France, après une réunion du conseil de défense tenue en urgence (et en visioconférence), a opté pour une suspension des trajets durant 48 heures. Le temps, a dit Matignon, de « préparer une réouverture sécurisée des flux à partir du 22 décembre ».
Ce qui est déjà certain, c’est que les Français vivant au Royaume-Uni et souhaitant rejoindre leur famille pour les fêtes devront avoir passé un test PCR.
Mouvement de panique
On pourrait s’étonner de cet enchaînement de décisions en 48 heures. Mais en réalité, cette mutation du virus a déjà été observée sur le continent européen, comme des milliers d’autres variants.
Quelques cas ont en effet été officiellement signalés au Danemark, aux Pays-Bas ou encore en Italie.
Il est également probable qu’une mutation similaire se soit produite en Afrique du Sud, où les chercheurs ont identifié la variante 501.V2, également plus contagieuse. D’ailleurs, la Suisse et l’Allemagne ont d’ores et déjà restreint les possibilités de liaisons avec ce pays, actuellement le plus touché du continent africain.
Quel effet sur les vaccins ?
A l’heure où l’Agence européenne du médicament s’apprête à approuver la vaccin Pfizer/BioNTech, se pose la question de l’efficacité des vaccins face à cette mutation du coronavirus.
Dans les pays européens, les autorités sanitaires se veulent rassurantes. En Afrique-du-Sud, les scientifiques ont indiqué que deux mutations de cette variante (qui n’auraient pas été observée au Royaume Uni) diminuent la sensibilité du virus à certains anticorps.
Mais on n’en sait, pour l’heure, pas davantage.