Nouvel élan pour l'immunothérapie dans la lutte contre le cancer
Depuis vendredi 3 juin et jusqu'à ce mardi 7 se tient l'ASCO (en anglais), le grand congrès mondial de cancérologie clinique à Chicago, où plus de 30.000 participants se réunissent pour débattre de 5.000 études. S'il y a bien un sujet qui suscite l'engouement depuis quelques temps, c'est l'immunothérapie. Elle n'a rien d'anecdotique car les progrès sont là et sont souvent spectaculaires.
Elle consiste à "exciter" le système immunitaire des patients pour lutter plus efficacement contre les cellules tumorales. Le système immunitaire tente toujours de répondre aux cellules cancéreuses, mais grâce à cette stimulation, il parvient à la hauteur de son adversaire. Cette approche était utilisée au départ contre les cancers de la peau, mais s'est étendue à d'autres tumeurs avec des résultats prometteurs, comme dans les cas de cancers avancés difficiles à traiter, de la vessie ou du poumon. L'anticorps Tecentriq fabriqué par le laboratoire Genentech a réussi à réduire des tumeurs avancées de la vessie chez un quart des patients. La liste d'annonces de résultats positifs ne cesse de s'allonger en augmentant la durée de survie chez des patients atteints du cancer du poumon, du rein ou des mélanomes.
Mais certains cancers, comme ceux du sein ou de la prostate ne répondent pas encore positivement à l'immunothérapie comme l'explique au Figaro le Dr Christophe Le Tourneau, responsable des essais précoces et de la médecine de précision à l'Institut Curie. "Mais est ce que cela va vraiment permettre de guérir le cancer? (…) Je pense qu'on en est encore loin car dans la plupart des cas, les traitements ne fonctionnent que sur 20% des malades", a-t-il déclaré.
Pour toucher plus de patients, les combinaisons de molécules sont en vogue. Une synergie pourrait naître de l'association de plusieurs molécules, de celles utilisées par l'immunothérapie avec celles des thérapies ciblées par exemple. Ces dernières ciblent les gènes défectueux des tumeurs et ont un effet souvent bénéfique au début, mais leur portée finit par s'essouffler avec l'émergence de résistances et de mutations dans les cellules cancéreuses. La combinaison de ces molécules peut donc s'avérer prometteuse. Des essais combinant l'immunothérapie avec la chimiothérapie et la radiothérapie ont prouvé qu'ils pouvaient être des pistes prometteuses.
Dans l'ensemble, que l'immunothérapie soit associée à un autre traitement ou non, ces effets sont moins pesants que ceux de la chimiothérapie et permettent aux patients d'apprécier une meilleure qualité de vie. Le bémol de cette pratique est son coût. Par exemple, le Keytruda, nouveau traitement d'immunothérapie indiqué chez les patients atteints d'un mélanome avancé, coûte 12.500 dollars par mois et par patient.
Des interrogations subsistent tout de même, notamment sur la qualité de vie des mois "gagnés" par les patients grâce à l'immunothérapie avant leur décès et sur la question de l'accès aux soins en raison des coûts.
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