Pour l'interdiction des nitrites, Yuka gagne en appel contre le lobby de la charcuterie
DÉPÊCHE — D'abord condamnée pour "dénigrement au préjudice" à cause d'une pétition visant à faire interdire les nitrites dans la charcuterie, l'application nutritionnelle Yuka a finalement obtenu gain de cause en appel, le mercredi 7 juin.
En 2019, Yuka, l'association de consommateurs Foodwatch et la Ligue contre le cancer ont lancé une campagne demandant le retrait dans les charcuteries des nitrites de potassium (E249), de sodium (E250), et des nitrates de sodium (E251) et de potassium (E252). Selon eux, il s'agit de pouvoir "manger sans être exposés à un potentiel risque de cancer". Ils expliquent que "le rapport de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES), sorti le 12 juillet 2022, a confirmé le lien entre risque de cancer et exposition aux nitrites et nitrates ajoutés via la viande transformée."
Le lobby de la charcuterie a réagi aussitôt face au succès de la pétition, assumant qu'il s'agissait d'un "appel au boycott". Cela a valu à Yuka d'être condamnée par le tribunal de commerce de Paris pour "pratique commerciale déloyale et trompeuse", le 28 mai 2021.
Deux ans plus tard, la Cour d'appel de Paris infirme cette décision de première instance, et reconnaît que l'application souligne "la réalité d'un sujet et d'un débat public d'intérêt général". Aussi, elle estime que "les actes de dénigrement imputés à la société Yuka ne sont pas caractérisés", et que la pétition doit donc être protégée, en vertu de la liberté d'expression.
Yuka s'en réjouit et appelle de nouveau ses utilisateurs à signer la pétition pour faire pression sur le gouvernement. Aujourd'hui, elle recueille quelque 471 000 signatures. Pour rappel, comme stipulé sur le site du gouvernement, "les pétitions signées par plus de 500 000 personnes pourront aussi être débattues dans l'hémicycle".
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