Des embryons de souris conçus sans sperme ni ovule : jusqu'où voulons-nous aller ?

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FranceSoir
Publié le 12 août 2022 - 16:20
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embryon synthétique de souris
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Weizmann Institute of Science
Des embryons synthétiques post-gastrulation, synthétisés en dehors de l'utérus
Weizmann Institute of Science

Dans une étude publiée dans la revue scientifique Cell, des chercheurs israéliens ont montré que des embryons synthétiques post-gastrulation (sEmbryos) pouvaient être synthétisés en dehors de l'utérus à l'aide de cellules souches embryonnaires de la peau de souris.

Des vrais embryons à partir de cellules souches ?

Cultiver un embryon à partir de rien, c'est le rêve de certains scientifiques depuis plusieurs années. Selon un article publié le 8 août, pour réussir cet exploit, les scientifiques ont dû inonder des cellules souches de souris d'un traitement chimique les ramenant à un "état naïf", où elles sont restées mûres pour la transformation en divers types de cellules (par exemple, foie, cœur, cerveau, etc.), vital pour l'assemblage d'un fœtus de souris. La structure semblable à un embryon était dotée d’un tractus intestinal, d’un cerveau et même d’un cœur battant.

Selon Megan Munsie, professeur à l’Université de Melbourne en Australie, il faut noter qu’il ne s’agit pas réellement d’un embryon, mais d’un organisme “embryoïde”. Même s’ils reproduisent bien certains aspects du développement des embryons dérivés de la fécondation d’ovules par des spermatozoïdes, leur potentiel de développement diffère des "vrais". L’équipe de chercheurs n’a pas pu développer ces organismes embryoïdes au-delà de huit jours, alors qu’une gestation normale chez la souris dure 20 jours. Pour Munsie, “la production de modèles d’embryons humains d’une complexité équivalente à celle obtenue avec un modèle de souris reste une proposition lointaine, mais qui doit être envisagée”.

Les limites éthiques de la science ont-elles été franchies ?

Comme pour les expériences semblables, les experts affirment que la recherche sur les stades ultérieurs est importante, car plusieurs mystères subsistent sur la physiologie du développement embryonnaire humain typique. Alex Meissner, biologiste expert des cellules souches à l'Institut Max Planck de génétique moléculaire, estime que ce type d'expérience sur des souris est un point de départ pour réfléchir à la façon dont on veut aborder cela chez l'homme : jusqu'où voulons-nous aller ? Alors que les scientifiques développent des méthodes pour la fécondation artificielle sans utérus, sans ovules et sans sperme, le débat éthique à ce sujet devrait avancer un peu plus vite, pour rattraper les avancées scientifiques.

La conception sans utérus, ovules ni spermatozoïdes, une solution potentielle à la baisse de la natalité

Récemment, la Chine aurait aussi conçu des utérus robotiques, qui permettraient d’augmenter la natalité sans se reposer sur les femmes. Il s'agit d’un récipient connecté rempli de fluides nutritifs dans lequel des embryons (de souris pour l’instant) poussent et se développent à l'aide d’intelligence artificielle. Chaque embryon est observé, documenté et ajusté manuellement. Les algorithmes font office de “nounou” pour surveiller les embryons au millimètre près. L'IA permet d’observer les changements les plus infimes des embryons et d’ajuster finement le CO₂, la nutrition et les apports environnementaux. Selon l’article publié en novembre dernier, cette technologie pourrait être utilisée pour éliminer la nécessité pour une femme de porter son bébé pendant neuf mois, permettant à son fœtus de “se développer en dehors de son corps de manière sûre, mais efficace”.

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