La face obscure du fact-checking français. Nouvelles révélations à propos d’Antoine Daoust (Fact&Furious) en lien avec la « harcelosphère », partie 4
Notre enquête à propos de la « harcelosphère » - dont a été principalement victime l’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée (IHU) et son ancien président Didier Raoult depuis le début de la crise sanitaire en 2020 - se poursuit. Cette 4ème partie revient notamment sur « l’affaire Fact&Furious » avec de nouvelles informations au sujet de son fondateur Antoine Daoust.
Trois parties ont déjà été publiées par FranceSoir à propos de la « Harcelosphère » :
- Partie 1, le 23 septembre 2021, « La ‘harcelosphère’ contre l’IHU-Méditerranée et le professeur Raoult : de l’obscène aux menaces ».
- Partie 2, le 13 septembre 2022, « Harcelosphère : des insultes et menaces au racisme et à l’antisémitisme. »
- Partie 3, « Des propos insultants à connotation scatologique aux entorses à la déontologie des avocats. Qui donc est maître Eolas ? »
Au cours d'une enquête qui a duré plusieurs mois, FranceSoir a montré l’étendue de ce réseau hétérogène d’individus prêts à recourir à toutes les intimidations et bassesses imaginables.
Ne rien faire... ou soigner
Son objectif ? Harceler (notamment sur le réseau social Twitter), diffamer, menacer (y compris de mort) celles et ceux qui souhaitaient pratiquer ou laisser se pratiquer une médecine d’urgence, défendre la prévention en matière de santé ou encore parler d’immunité. Soit toutes les personnes qui n’avaient pas la même idée de la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 que le gouvernement alors en place et ses divers “conseils scientifiques”.
Parmi eux, Didier Raoult, microbiologiste de renommée mondiale et référence en matière d’épidémiologie, qui avait été capable de proposer au sein de son établissement, l’IHU-Méditerranée, un traitement issu du « repositioning » (après avoir réussi à montrer qu’un « testing » à large échelle de la population était matériellement réalisable). Autrement dit, Raoult, professeur aux multiples publications scientifiques reconnues, avait soutenu l’idée de mobiliser rapidement une molécule déjà bien connue et disponible sans délai, “libre de droit” et à coût réduit, afin de soigner les malades contre la Covid.
Cette démarche aurait dû être une proposition-réflexe faite par tous les médecins engagés en recherche n’ayant pas oublié leur serment d’Hippocrate. Primum non nocere. « En premier, ne pas nuire ». Soit, face au Sars-Cov 2 et à sa maladie, d’abord ne pas rester « sans rien faire ».
Une démarche qui aurait dû être soutenue par les autorités de santé dans le but de permettre aux patients les plus à risque d’espérer une guérison lorsqu’on ne leur promettait qu’une « aggravation des symptômes », avec la phrase répétée maintes fois « si vous avez du mal à respirer, appelez le 15 » accompagnée des « décomptes quotidiens des décès » et d'images abominables de malades intubés à la télévision.
Kill the messenger
La volonté de se donner les moyens de soigner sans délai et en recourant à des ressources « publiques » a surtout contrarié de nombreux intérêts politiques, financiers et industriels privés. Elle a valu au Pr Didier Raoult de se faire menacer de mort par téléphone en pleine nuit par un professeur nantais, M. Raffi, comme l’a révélé le Canard Enchaîné. Ordonnant froidement au Marseillais d’abandonner son protocole de soins à base d’hydroxychloroquine, François Raffi, depuis condamné par la justice, était alors engagé dans la mise au point d’un traitement contre la Covid, mais sous brevet, le Xenothera.
Contre cette logique de soins pourtant évidente et de bon sens s’est levée une armée d’obscurs affidés, de seconds ou troisièmes couteaux de la science, d’ingénieurs à la carrière peu reluisante, d’enseignants de seconde zone. Une armée de médecins de plateaux télé qui ne déclarent jamais leurs conflits d’intérêts comme l’impose pourtant la loi. Une armée composée aussi d’autres intéressé(e)s à l’affaire, tels des profiteurs de guerre autour d’un business de premier choix pour l’industrie pharmaceutique.
Ce dernier avait été pointé du doigt dans un rapport du Sénat en 2010, à propos de la gestion sanitaire de la crise du virus H1N1 et de sa maladie, la grippe A. Leurs auteurs n’avaient pas eu de craintes à aborder « le problème des relations contractuelles avec les producteurs de vaccins », « des contrats déséquilibrés et rigides » ou encore « des exigences démesurées des fournisseurs et des garanties insuffisantes pour les acquéreurs » tout en évoquant le risque des raisonnements « en vase clos » des experts.
Avènement des réseaux sociaux
Une dizaine d’années plus tard, de telles interrogations sont désormais assimilées par certains politiques et intervenants médiatiques à des discours... complotistes. L’accès aux plateaux de télévision a été verrouillé par l’imposition de « listes d’intervenants » en accord avec la gestion gouvernementale de la crise sanitaire. Conséquence : l’impossibilité, à de rares exceptions, de tenir des débats afin d’informer l’opinion publique de façon plurielle et si besoin contradictoire.
Le développement des Big Techs et de leurs réseaux sociaux aurait pu court-circuiter ces chemins habituels de l’information. Le résultat fut tout autre : de multiples censures ont concerné les utilisateurs dont les publications n’allaient pas dans le sens de celles des autorités de santé ou des industriels du médicament (un scandale aujourd’hui révélé grâce aux #Twitter files). Conséquence : la grande majorité des scientifiques, chercheurs, praticiens ou soignants qui défendaient les positions d’une médecine du soin, détachée du seul intérêt privé ou qui souhaitaient rester critiques envers les décisions des pouvoirs publics auront été tenus au silence (hormis à FranceSoir, bien entendu).
Face à eux, sur ces plateformes numériques, des individus rassemblés en groupes (par exemple les « NoFakeMed »), ont œuvré à rendre impossible tout débat rationnel, prônant de fallacieux et arrogants discours de la méthode. Leur présence malveillante a porté sans relâche des coups bas (insultes les plus vulgaires, utilisation d’un registre ordurier, diffamation), certains y passant littéralement leur vie.
Des médecins, dont certains sous contrats avec des chaînes de télévision, se sont acharnés sur toutes les propositions médicales les plus élémentaires (comme tester les malades au plus vite), ont condamné d’avance des propositions qui permettaient de sauver des vies (ignorance et déni du rôle de l’oxymètre), ont nié les évidences scientifiques les plus basiques (les coronavirus mutent), ont fait la promotion de traitements qui ne montraient aucune efficacité scientifiquement démontrée (le Remdesivir).
Désinformation continue
La Pr Karine Lacombe en fut l’illustration la plus singulière : mise en examen pour diffamation à l’encontre du professeur Raoult, elle ne fut relaxée que grâce à la présentation d’excuses de bonne foi. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à évoquer des traitements dont on se demande quelle étude est vraiment capable de démontrer à la fois l'innocuité et l’efficacité.
Des médecins mais aussi un avocat, comme Maître Eolas, qui s’est lié avec plusieurs membres de la harcelosphère pour participer à ce manège, lui-même dégradant le débat public à renfort de propos outranciers. Dans les précédents épisodes, c’est bien cette radioscopie en cours de tous ces divers acteurs de la crise, certes non encore exhaustive, que FranceSoir a essayé de réaliser et continuera d’examiner.
Et cette enquête a permis de révéler un aspect très inquiétant. Non seulement cette harcelosphère bénéficiait d’appuis politiques directs ou indirects (Guillaume Limousin en contact avec l’ancien ministre de la santé Véran, voir partie 1; plusieurs fact-checkers ou NoFakeMed agissants, toujours sur les réseaux sociaux, reçus en grande pompe par le sénateur apparenté PS M. Jomier), mais celle-ci, via le fact-checking, était en cours « d'institutionnalisation ».
L’apparition des agences de fact-checking
En effet, comme si le harcèlement en meute sur les réseaux sociaux ne suffisait pas, des enseignes de fact-checking affichant un verni journalistique se sont multipliées, y compris au sein de rédactions de presse jadis prestigieuses. Elles posent tout autant question sur leurs actions concertées et leurs soutiens financiers.
Le scandale de Fact&Furious, lui-aussi mis à jour par FranceSoir, a permis d’avoir une vision d’ensemble de la problématique et du grave harcèlement médiatique en meute qui a pu se nourrir de sa propre production de désinformation et de calomnies.
Le dénommé Antoine Daoust a été le responsable du site de fact-checking dit Fact And Furious. Les révélations de FranceSoir à son encontre et à propos des réseaux troubles des fact-checkers, l’ont contraint à fermer le 26 novembre 2022 une entreprise qui ressemblait davantage à une officine qu’à une rédaction ou une agence de presse.
Au-delà de son expérience professionnelle tout à fait banale (Daoust avait entamé une carrière de militaire et fut barman) mais pour le moins discutable lorsqu’il s’agit de s’octroyer le droit de décider le vrai du faux à l’encontre du travail de professeurs en biologie, de sociologues ou de docteurs; au-delà d’un comportement personnel ayant entraîné contre lui un dépôt de plainte de la part de son épouse (divorce en cours) ; au-delà de déformations profondes de la vérité de certains faits journalistiques (nous y reviendrons), le fondateur de Fact&Furious avait pourtant été rapidement adoubé par les réseaux y compris l’Agence France Presse (AFP).
Des soutiens étonnants... et puissants
Daoust avait même obtenu à toute allure en mai 2021 un agrément de la Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse (CPPAP) - lorsque le renouvellement de ce dernier est refusé à FranceSoir sans motif clair et sérieux. Quelles vérifications avaient-elles été alors exigées de la part de l’AFP pour entamer cette collaboration qui, mécaniquement, offre du crédit à ce qui ne doit pas en avoir ?
Le site Fact&Furious bénéficiait par ailleurs du soutien de Microsoft et de l’Institut Poynter (The International Fact-Checking Network - IFCN), un réseau qui conseille et labellise les sites de fact-checking. Ayant pignon sur rue, ouvertement soutenu par la communauté des fact-checkers, Fact&Furious n’a jamais été inquiété à cause de ses frasques personnelles ou ses activités associés troubles (nous y reviendrons aussi).
Son manque de sérieux avéré a même été encouragé par plusieurs journalistes de la presse dite mainstream, qui n’ont pas hésité à reprendre comme « source sûre » les affirmations et raisonnement boiteux de Daoust et associés, capable d’illustrer des articles toujours à charge contre les tenants d’une médecine du soin. Rappelons que Daoust, ayant arrêté ses études avant le bac, ne dispose d'aucune compétence scientifique ou journalistique pour se poser en grand inquisiteur dans ces domaines.
De même, afin d’alimenter des pages Wikipédia de plus en plus politisées et rédigées dans le but de discréditer des personnalités aux yeux du grand public, l’encyclopédie n’a jamais hésité à reprendre les productions de ce fact-checker. L’essayiste Idriss Aberkane a nommé cela du « blanchiment de fausses informations ».
Machine à propagande
Bien loin du journalisme qui oblige à respecter une certaine déontologie, bien loin de la Charte de Munich, encore plus loin de la recherche de la vérité et du respect des arguments contraires et des faits, Fact&Furious n’était en fait qu’une machine à propagande.
Une machine destinée à rejoindre systématiquement les positions du gouvernement notamment en matière de gestion de la crise sanitaire du Covid-19 ou le discours de l’industrie pharmaceutique, notamment par rapport à l’idéologie du « tout-vaccin » (quand bien-même le premier intéressé… déconseillait à son entourage la vaccination ou réalisait des faux en matière de certificats de tests !).
Attaquer ad hominem tout contestataire politique, scientifique, médecin ou chercheur capable de soutenir une contradiction dans un débat (interdit) argumenté et de qualité était devenu un réflexe.
Continuer l’enquête, à ce stade, allait rendre encore plus nette la vision d’une imposture glauque et gênante. Elle finirait de rencontrer ce triangle infernal dont on ne sait jamais quel côté attire l’autre sans jamais repousser le troisième : l’argent, le sexe et le pouvoir.
Il ne s’agissait pas, à aucun moment, de participer à un débat d’opinion équilibré ou un processus de journalisme basé sur la vérification des faits, mais d’imposer aux citoyen(ne)s de se jeter dans un puits jamais à sec de désinformation et de propos mensongers.
Petite désinformation entre amis
L’affaire Fact&Furious cachait d’autres éléments et permet, au-delà d’aspects « mondains » peu reluisants que nous verrons, de se faire une idée sur la capacité de s’inclure de certains à un réseau dans le but de harceler, discréditer.
Là-encore, nous retrouvons des contempteurs de la première heure de Didier Raoult et de l’IHU, qui ont réussi à influencer par ailleurs des acteurs médiatiques écoutés, tel Samuel Alexander (particulièrement agissant sur Twitter), actuellement sous le coup d’une procédure judiciaire en diffamation.
Antoine Daoust, et sa communauté, se réunissait souvent par visio-conférence ou au travers de l’usage d’outils collaboratifs comme Slack afin de communiquer. Sous couvert d’une approche journalistique, l’objectif était de cibler un ou plusieurs individus. Loin de toute déontologie, seule la fin d’essayer de nuire à autrui comptait.
Ainsi, changer la signature d’articles n’était pas un problème : Daoust n’était pas à un arrangement prêt comme l’on peut le voir dans cet échange (voir visuel ci-dessous) avec un médecin qui ne souhaitait pas voir son nom apparaître par crainte de devoir assumer ses propos : « Je peux signer, ce n’est pas très honnête, mais seulement nous deux le saurons. »
Le respect normalement si important du lecteur est relégué à l’arrière-plan, celui-ci qui ne sait pas vraiment de quelle rédaction lui est proposé un article, qui ne connaît pas le statut de l’auteur qui pourrait être en conflit d’intérêt, ici un médecin. Rappelons la caution de l’AFP… Rappelons le rôle de la CPPAP.
L’exemple ci-dessous, illustre un échange entre le journaliste Julien Cazenave et un blogger inconnu ayant fait une entrée fracassante dans les réseaux de la harcelosphère, Ari Kouts, qui a visé FranceSoir au moment où Antoine Daoust affirmait avoir des « soucis perso à régler ».
Il y a de quoi sourire à propos des positions de Cazenave sur la recherche de marques ou d’entreprises qui auraient été prêtes à « déstabiliser notre pays » (sic) « contre du profit ». Lorsque l’on voit l’acharnement de ce dernier à défendre sur les réseaux sociaux la politique commerciale de certains géants parmi les Big Pharmas, généralement issus du marché anglo-saxon, et à préférer renvoyer la faute en matière de gestion ou autre aux autorités de santé…
Mais ce qui compte est de considérer comment Daoust, bien en dehors de son rôle attendu de vérificateur de l’information soutenu par des agences de presse comme l’AFP, il faut le rappeler encore, était en fait sollicité comme un animateur de diverses inquisitions peu sérieuses. Et certaines hypothèses à propos de l'origine des sollicitations qui apparaissent ne peuvent plus être balayées d’un revers de main.
Daoust en contact direct avec l’Elysée
Antoine Daoust était en contact avec l’Elysée notamment en relation avec Marie Quinette-Bizot. Marie Quinette-Bizot était attachée de presse, à la direction de la communication de la Présidence de la République entre mars 2020 et mai 2022.
Fin 2021, elle échangeait avec Daoust et lui fournissait son téléphone portable. Mme Quinette-Bizot est depuis partie travailler au sein du groupe LVMH, dans le secteur de la communication. Contactée par FranceSoir, MQB n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Les furieux contributeurs défaits
Voilà ci-dessous le panorama des contributeurs de Fact&Furious. Parmi les trois fondateurs, aucun journaliste. « Tiko Skep », présenté comme co-fondateur de Fact&Furious, s’est retiré pour raison médicale et Romain Aubert alias Paiple s’est fait plus discret.
Pas plus tard que le 28 décembre 2022, Aubert déclarait via son compte tweeter que l’accréditation CPPAP avait été obtenue en remplissant un simple formulaire. Omettant bien sûr d’expliciter la fermeture du site Fact&Furious après certains événements - pourquoi fermer un site si tout est si facile et en bon ordre de marche ?
Trois personnes actives pour Fact&Furious se revendiquaient journalistes : Elie Guckert, Maxime Mace et Pierre Plottu seraient détenteurs de la carte de presse et officient aujourd’hui à Libération ou dans sa vicinité.
Connus pour leurs obsessions contre l’extrême-droite (à se demander si toute personne aux opinions différentes des leurs ne deviendrait pas soudainement extrémiste...), ces derniers sont toujours prêts à cautionner un arrangement avec la déontologie au travers d’analyses biaisées ou parcellaires.
Leurs positions anti-FranceSoir primaires sont clairement affichées. Et ils se sont félicités de la suspension de la CPPAP de notre titre. Une décision qui devrait pourtant choquer tout professionnel de la presse. Une punition dont on devine la nature exacte, capable de menacer le sort futur de journalistes en poste et la liberté d’expression elle-même.
Par la suite, Fact&Furious regorgeait de contributeurs qui n’ont pas manqué de montrer leurs positions férocement adverses à l’IHU-Méditerranée, au professeur Raoult et aussi, évidemment, à FranceSoir, seul titre de la presse qui a choisi de défendre l’idée d’une médiation de l’information équilibrée, argumentée et enrichie de l’avis d'experts et de spécialistes non alignés avec le gouvernement ou ses Agences Régionales de Santé (ARS), ainsi que d'apporter un éclairage international sur la gestion de la crise sanitaire.
Intéressons-nous plus précisément à la dénommée « Cassandra de Berranger ». Dernière arrivée (en juin 2022), celle-ci est devenue contributrice pour Fact&Furious alors qu’elle se présente et se décrit comme professeur de Yoga.
Chasseuse d’antivax
Pour symboliser les contorsions de certains fact-checkers face aux faits, Antoine Daoust la présente aujourd’hui comme sa « colocataire ». Habitant dans un village du sud-ouest, une personne qui a pu les rencontrer de manière intime les décrit comme un couple « libre ». Voilà qui les regarde...
Mais d’après nos informations, Cassandra n’a jamais véritablement été rédactrice. Notre source indique que les producteurs (et commanditaires) de ce qui est présenté comme ses deux articles de « chasseuse d’antivax » seraient en fait l’un des trois journalistes précités, assistés de Rudy Reichstadt et d’Ari Kouts. Le premier est à la tête du « Conspiracy Watch », pompeusement présenté comme un observatoire du complotisme.
Le second, nous l’avons vu, est devenu un assidu du réseau social Twitter, toujours prêt à défendre la bonne parole de l’industrie pharmaceutique et de ses études (ou non études d’ailleurs) issues de l’Evidence-Based Medicine.
Cependant Cassandra de Berranger est intéressante à plusieurs titres. Son rôle de contributrice-rédactrice sonnant faux, son nom l’est aussi. Une recherche effectuée auprès de la fédération des professeurs de Yoga ne renseigne à propos d’aucun profil enregistré sous cette identité.
Elle est citée dans un article daté du 2 novembre 2022 du journal l’ADN sur les Chamanes en plastique - elle y est citée comme professeur de yoga de 38 ans par la journaliste Laure Coromines. Contactée par FranceSoir pour questionner le portrait « flatteur » qui avait été fait de cette personne, la journaliste n’était pas disponible pour répondre.
Le site de la Vérité fact-checkée ou du BDSM ?
Une recherche, de terrain, apporte une information décisive. La boîte aux lettres d’Antoine Daoust nous la livre. Une plaque fièrement gravée indique « Fact & Furious », qui est l’entreprise domiciliée à Toulouse (mais qui reçoit donc son courrier à 45 km de là), le nom de Daoust.
Deux autres noms attirent l’attention : celui de « Bad Star Lingerie », un site de lingerie en ligne, à tendance BDSM, quant à lui basé à Marseille et le nom de Franceschi. Nous découvrirons par la suite qu’il s’agit en fait du vrai patronyme de la personne cachée sous le pseudo « Cassandra de Berranger ». Son prénom est Elisa.
En regardant le fil twitter de Bad Star Lingerie, ce sont plusieurs visuels « particuliers » que l’on peut considérer comme proche d’atteintes à la pudeur sur une plateforme de réseau social, qui ont offert cette information :
Ce sont les tatouages et le bracelet sur la main droite d’Elisa qui permettent d’identifier que Cassandra de Berranger est bien la personne mettant son corps en évidence sur le site compte twitter de Bad Star Lingerie.
Une recherche rapide sur le site société.com, en effet, apporte l’identification certaine de la gérante de Bad Star Lingerie Elisa Franceschi. Afin d’être sûr de nos informations, en cherchant du côté de l’État civil, seulement trois Elisa Franceschi remplissaient « les critères ».
Selon le témoignage de Malika Daoust, toujours épouse d’Antoine Daoust mais en instance de divorce, ce dernier lui avait confirmé que la dénommée « Cassandra » avait 43 ans (rappelons qu'elle a déclaré au journal l'ADN avoir 38 ans - un arrangement de plus avec la vérité). Une recherche généalogique permis de déterminer l'état civil exact de cette personne, née le 17 novembre 1980 de père et mère infirmiers dans les Bouches-du-Rhône.
Ayant affiché son numéro de téléphone sur sa page commerciale Facebook, Elisa a pu être contactée par une cliente potentielle avec qui nous avons pu échanger. Une requête liée à l’achat d’un produit sur son site lui a été soumise. Niant tout d’abord la présence de son numéro de portable sur Facebook - il sera retiré quelques minutes après l’appel, voir visuel ci-dessous -, sa manière d’accueillir un potentiel client en lui expliquant qu’elle rencontrait « des problèmes avec certaines personnes » ne reflète pas une pratique commerciale habituelle et sereine, nous indique la cliente.
Samuel Alexander et la gloire de Pfizer
Pour compléter ce profil pour le moins étonnant pour une prétendue professionnelle du fact-checking, Elisa a fait l’objet d’une interview dans « La Voix du X » le 27 janvier 2021 dans laquelle elle expliquait les raisons de sa créativité, ses inspirations mais aussi ses goûts musicaux :
« J’écoute de la musique de tous horizons mais je suis une métalleuse dans l’âme ! Il y a peu de temps, on m’a fait découvrir l’album Wastes of Life du groupe Dodsferd. Je l’écoute en boucle dans l’atelier ! Mon morceau préféré est To the Fall of Man. »
Nous apprenons aussi une autre passion d’Elisa, son activité intense sur le réseau social Instagram :
« Concernant la collab’ avec Alyssa, c’est la magie des réseaux sociaux. Elle est assez active sur Instagram et moi aussi. »
Dodsferd est un groupe de métal grec pour le moins très peu connu du grand public et même des adorateurs lambdas de musique métal… Mais qui a-t-il bien pu lui recommander celui-ci ? Une simple recherche sur Twitter nous fournira la réponse : Samuel Alexander, grand adorateur de musique métal et lui-même chanteur à ses heures.
Ce dernier a décidé en date du 12 décembre 2022 de livrer lui-même (à la surprise de certains twittos amis) quelques clichés insolites et de manier l’ironie de la situation en décrivant une photo regroupant sa propre personne, Yogina alias Cassandra (Elisa Franceschi de son vrai nom), et Antoine Daoust :
« On les voit tous les trois ici en train de faire des gestes sataniques à la gloire de Pfizer. »
L’ironie, pourquoi pas. Mais pas trop, quand-même. Samuel Alexander, l’invité du sénateur Bernard Jomier (l’un des plus fervent défenseur du « tout-vaccin »), a déjà été abordé dans nos colonnes pour son rôle particulièrement agressif envers l’IHU-Méditerranée et la personne de Didier Raoult. Il est aussi l’adversaire déclaré de toute personne essayant d’argumenter et de réfléchir à propos de la piètre gestion de la crise sanitaire menée par le gouvernement.
Il est l’un des éléments notables de la harcelosphère de par ses productions et sa présence zélée sur les réseaux sociaux. Samuel Alexander a aussi réussi à influencer les détenteurs de blogs à succès tel Olivier Berruyer, auteur du site « Les Crises » :
« Egalement, un média "complotiste" (du moins classé comme tel par les décodeurs), les-crises, m'a contacté. Olivier Berruyer a passé un mois à refaire et revérifier tout ce que je raconte et a posé plein de questions, on passait des nuits blanches au téléphone. »
On a beau passer des « nuits blanches » au téléphone, si l’interlocuteur développe un discours biaisé et enragé contre la recherche scientifique publique, voilà qui ne donnera rien de correct.
Ainsi un ardent critique des « mass médias » s’est retrouvé à répéter à la lettre les propos à charge d’un enseignant du secondaire au lieu de s’intéresser aux travaux, aux intentions médicales et aux protocoles (dont l’efficacité des procédés a désormais été démontrée) d’une sommité scientifique mondiale.
Voilà le travail de sape et d’influence néfaste dont est capable la harcelosphère.
Samuel Alexander, qui se présente comme un « lanceur d’alerte », engagé soi-disant à gauche dans la dénonciation des risques chimiques de grenades d’intervention de la police, défenseur selon lui de la méthodologie scientifique, a tissé des liens avec le fondateur d’Antoine Daoust et sa petite amie, pseudo rédactrice.
Réseau, paillettes et influenceurs
C’est ici la formation d’un réseau de personnages troublants, qui se déclarent pour les uns « défenseur de la vérité journalistique » et pour l’autre « défenseur de la méthode », « sans aucun intérêt d’argent » et qui aimeraient amicalement échanger... Quelle belle petite histoire. S’ils avaient pu en rester à l’amour de la musique comme en témoigne cet éventuel déplacement à Berlin pour un festival de métal entre le 3 et le 6 juin 2022, voilà qui aurait été encore plus merveilleux.
Car quelqu’un comme Alexander Samuel qui se défend tellement - toujours avec cette ironie particulière, celle qui semble prendre un peu le public pour des demeurés - de ne toucher aucun « chèque » de l’industrie pharmaceutique, peut-il vraiment devenir pote de pogo avec une dame qui, manifestement, pourrait hypothétiquement ne pas avoir tout à fait les mêmes standards moraux en la matière ?
Pourquoi M. Alexander Samuel a-t-il éprouvé le besoin d’entrer en contact avec M. Daoust et Mme Franceschi ? Pouvait-il ignorer la nature pour le moins ambiguës de leurs activités communes ? Se connaissaient-ils auparavant ?
En effet, comme en témoigne cette publication Instagram (voir visuel ci-dessous), alors que nous nous attendions plutôt en fonction de son activité à des publications autour de la mode et de la lingerie BDSM, Mme Elisa Franceschi n’a pas hésité à publier un genre de communication que les dénonciateurs du « business de l’influence » connaissent bien (et vrais lanceurs d’alerte quant à eux) : le placement de produit.
Des flacons de vaccin anti-Covid tellement « fashion à paillettes » accompagné d’un encouragement adressé au public à se faire vacciner... Diffusé gratuitement ? Nul n’ignore que l’industrie pharmaceutique recrute des influenceurs afin de délivrer la « bonne parole vaccinolâtre ». Et que dans le but de cibler une population jeune, il faut parfois recruter d’autres relais que des médecins ou du personnel soignant.
Une seule certitude à ce stade : difficile, quoi qu’il en soit, avec ce mélange des genres qui fait tourner la tête, de faire preuve de neutralité et d’esprit journalistique pour informer les citoyens avec honnêteté dans le cadre d’un site de fact-checking.
Que fait donc Elise Franceschi avec Antoine Daoust ? En survolant les activités de Mme Franceschi, entre activité commerciales pour le moins osées, cette question se pose.
Nous savons que M. Daoust pratiquait l’établissement de faux tests PCR et de fausses ordonnances pour des médicaments de la classe des stimulants. Nous savons (comme nous l’a déclaré Malika Daoust) qu’environ 8000 euros (ou plus) ont disparu des caisses de Fact&Furious. Auraient-ils été utilisés pour financer le commerce d’Elisa ?
Reichstadt, Mendès-France, l’AFP... Qui savait au sujet de Daoust ?
Pourquoi devoir évoquer tous ces aspects ? Parce que se permettre d’incarner le droit à déclarer « le vrai et le faux » en matière de journalisme, de faire la leçon à la société entière constamment et d’attaquer gratuitement la carrière de professeurs et de chercheurs intègres en ayant ce genre de « profil » revient véritablement à prendre les citoyen(ne)s pour des imbéciles.
Des profils qui ont été approchés voire qui ont collaborés avec des « experts » auto-proclamés eux-aussi de la « vérité », payés par le service public audiovisuel français ou des laboratoires d’idées se présentant progressistes comme Rudy Reichstadt ou Tristan Mendès-France.
Des profils qui ont été « institutionalisés » par l’AFP ou d’autres instituts internationaux exerçant dans le monde de l’information... et qui n’a de fait à peu près rien à voir avec l’envie d’informer correctement les populations.
Qui pouvait ignorer les agissements de Daoust ? Qui l’a poussé, une fois le pot aux roses découvert, à fermer son site et manifestement à essayer d’en faire disparaître le plus d’éléments possibles ? Pourquoi avoir fait une déclaration antidatée de la liquidation de sa société ?
La radioscopie de cette vaste supercherie se poursuivra grâce au travail collectif des citoyens et à FranceSoir.
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