Areva : le plan de sauvetage entre dans le vif
Le plan de sauvetage d'Areva devrait entrer dans le vif ce mercredi 27 janvier, avec l'officialisation d'une offre d'EDF sur son activité réacteurs et une réunion à la tête de l'Etat qui pourrait chiffrer la recapitalisation de l'ex-fleuron français du nucléaire.
Le président de la République, François Hollande, se penchera en fin de matinée sur l'avenir de la filière nucléaire avec les ministres concernés, a-t-on appris de source gouvernementale. Selon Le Monde, ils pourraient à cette occasion fixer le montant de la recapitalisation du groupe Areva, qui se recentrera sur le cycle du combustible nucléaire une fois délesté de sa division réacteurs Areva NP, en cours de cession à EDF.
"Depuis quelques semaines, le montant évoqué oscille entre 4 et 5 milliards d'euros" pour ce renflouement par l'Etat, rappelle le quotidien. Depuis sa création en 2001 avec l'ambition d'être un champion sur l'ensemble du cycle de l'atome, de l'uranium au réacteur, le groupe nucléaire a essuyé de lourds revers qui ont conduit l'Etat français, son actionnaire à 86,5%, à amorcer son démantèlement pour assurer sa survie.
Le groupe doit ses difficultés aux déboires du réacteur EPR en Finlande, au fiasco financier de l'acquisition d'Uramin, et à la morosité du secteur nucléaire depuis l'accident de Fukushima (Japon) en 2011. Il a prévenu en décembre qu'il serait à nouveau dans le rouge en 2015, après une perte record de 4,8 milliards d'euros l'année précédente. Areva a insisté pour que l'augmentation de capital soit "significative", face à des besoins de financement jusqu'ici évalués à 7 milliards d'euros à horizon 2017 et partiellement couverts par des cessions. Ces besoins seront réévalués lors de la publication des résultats annuels, le 25 février.
Parallèlement à cette réunion au sommet de l'Etat, les conseils d'administration d'EDF et d'Areva devraient officialiser le rachat partiel d'Areva NP par le géant de l'électricité pour environ 2,5 milliards d'euros, après des mois d'âpres négociations. Les deux groupes avaient annoncé en juillet la cession à l'électricien d'au moins 51% de cette activité. Areva en conserverait 15% et une participation minoritaire serait cédée à des investisseurs chinois et japonais.
Selon Les Echos, EDF devrait formuler une offre "engageante", et non "ferme", qui assortirait le prix d'acquisition de deux clauses: l'énergéticien mettrait 300 millions d'euros de plus sur la table si les résultats d'Areva NP s'avèrent meilleurs qu'escompté deux ans après la cession; à l'inverse, le montant serait réduit de 100 millions si les besoins en fonds de roulement sont plus importants qu'anticipé. L'opération reste toutefois suspendue à la résolution du bourbier de l'EPR en construction par Areva à Olkiluoto (OL3), en Finlande. EDF refuse d'assumer le risque financier de ce chantier qui accumule retards et surcoûts, et a déjà coûté 4,6 milliards d'euros de provisions à l'ex-fleuron du nucléaire.
S'en rejetant mutuellement la responsabilité, Areva et son client, l'électricien privé finlandais TVO, ont soumis leur différend à un arbitrage international: le premier réclame 3,4 milliards d'euros d'indemnités, et l'autre 2,6 milliards. Bercy commence à s'impatienter. Le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, a lancé un ultimatum à Areva et son client finlandais TVO le 20 janvier, leur donnant un mois pour trouver "un accord ou une voie de sortie".
Le dossier Areva NP inquiète au sein d'EDF alors que le groupe s'apprête à affronter des défis comme la coûteuse maintenance lourde de ses réacteurs français, dans un environnement énergétique morose en Europe, son principal marché.
Mais les craintes se cristallisent surtout sur les deux EPR projetés par EDF à Hinkley Point, en Angleterre, un chantier gigantesque de 18 milliards de livres (23,6 milliards d'euros aux cours actuels) décidé en partenariat avec le chinois CGN. Les administrateurs d'EDF examineront ce dossier mercredi, sans toutefois prendre de décision finale d'investissement, ultime étape pour sa concrétisation, car "le plan de financement n'est pas finalisé", selon une source proche du dossier.
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