Banque mondiale : l'économie fragilisée par "l'incertitude" de la futur administration Trump
Selon les nouvelles prévisions, le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait progresser cette année de 2,7%, accélérant par rapport aux 2,3% atteints en 2016 mais marquant le pas (-0,1 point) par rapport aux projections publiées en juin dernier. "Il y a une incertitude croissante sur la future orientation budgétaire et commerciale et sur la politique migratoire et étrangère aux Etats-Unis", justifie l'organisation de développement économique, qui réunit 189 pays.
Fait rarissime, la Banque renonce même à fournir de nouvelles prévisions pour la première puissance économique mondiale, du fait du flou entourant encore le programme du président élu Donald Trump, qui prend ses fonctions le 20 janvier. L'institution reconnaît que certaines propositions du futur président américain pourraient soutenir la croissance mondiale, comme son plan massif dans les infrastructures ou sa proposition de sabrer l'impôt sur les sociétés.
"Une politique budgétaire plus expansionniste pourrait mener à une croissance plus forte aux Etats-Unis et à l'étranger, sur le court terme", affirme M. Kose. Cité dans un communiqué, le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim assure, lui, que c'est le "bon moment" pour augmenter les investissements dans les infrastructures (transports, énergie...). Mais, prévient la Banque, la guerre commerciale que M. Trump a menacé de lancer contre le Mexique ou la Chine à coups de représailles douanières pourrait avoir l'effet inverse et "saper la reprise attendue du commerce mondiale et de l'investissement".
Cible privilégiée des attaques protectionnistes du président élu américain, le Mexique voit d'ailleurs sa prévision de croissance abaissée de 0,5 point en 2017, à 1,8%. Selon le rapport, d'autres sources d'incertitude pèsent sur l'économie mondiale, notamment en Europe où la Grande-Bretagne doit bientôt lancer les discussions sur les modalités du Brexit. La Banque sabre la prévision de croissance britannique de 0,9 point, à 1,2% cette année.
Plus généralement, estime le rapport, le Vieux Continent est menacé par une tentation "populiste" qui pourrait s'exprimer en Europe en 2017, lors des élections en France comme en Allemagne, alors que la zone euro semble consolider sa reprise (1,5% prévu cette année). "Les élections à venir, particulièrement en Europe, pourraient déclencher un nouveau mouvement protectionniste", s'inquiète la Banque.
Face à ce cocktail d'incertitudes dans les pays riches, les économies émergentes et en développement sont condamnées à l'expectative et plus ou moins bien armées, selon le rapport, qui souligne l'impact négatif d'un commerce mondial et d'investissements "en berne". Globalement, la croissance économique de ces pays en 2017 devrait être moins forte qu'espéré en juin dernier (-0,1 point, à 4,2%), avec toutefois de fortes disparités selon les régions.
Deuxième puissance économique mondiale, la Chine devrait ainsi s'en sortir indemne avec une prévision de croissance inchangée à 6,5%, tandis que l'Afrique sub-saharienne devrait elle souffrir avec une prévision réduite de 1 point, à 2,9%.
"Il est vital d'accélérer une croissance économique soutenable et inclusive, nécessaire pour mettre un terme à l'extrême pauvreté", a souligné M. Kim. Deux grands pays émergents, le Brésil et la Russie, devraient pour leur part renouer avec la croissance en 2017, après deux années consécutives de récession.
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