Fin du trou de la Sécurité sociale : la presse dénonce une analyse exagérée
La presse de samedi nuance fortement l'annonce par le gouvernement du redressement des comptes de la Sécurité sociale pour 2017, rappelant que "ce n'est pas tout à fait la fin" du fameux "trou" de la Sécu.
Pour la première fois depuis seize ans, le déficit 2017 du régime général (maladie, retraites, famille, accidents du travail) sera ramené à 400 millions d'euros, contre 3,4 milliards en 2016, a annoncé vendredi la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
Entre ironie et souci de décryptage, la tonalité des articles montre que la presse n'est pas dupe du discours gouvernemental et de son "habillage de communication", pour reprendre l'expression de Jean-Louis Hervois dans La Charente libre.
"Dommage que l’on ne soit pas plus souvent en période préélectorale. Nous aurions chaque jour une excellente nouvelle du gouvernement sortant", se gausse Jean-Michel Servant dans Le Midi libre. "Voilà que le légendaire trou de la Sécurité sociale est sur le point d’être comblé. Bouché. Effacé en deux temps et trois mouvements, après d’ultimes +réglages+ budgétaires."
Dans La Montagne, Bernard Stephan remarque qu'"une déclaration gouvernementale qui annonce la fin du trou de la Sécu en 2017, au lendemain de l'élection présidentielle, est forcément suspectée".
De fait, Le Parisien rappelle que la ministre n'a parlé "que du régime général" et a "+oublié+, dans son décompte, le fonds de solidarité vieillesse" et son déficit prévu de 3,8 Mds d'euros.
Encore plus sceptique, Le Figaro explique "comment le gouvernement embellit les comptes de la Sécurité sociale": "Un résultat obtenu grâce à la réforme Woerth sur les retraites, mais aussi à des artifices comptables, à des hausses de taxes et à des économies annoncées mais encore à réaliser".
"Bref, ce n'est pas tout à fait la fin du trou", conclut Libération.
"Ce sont d’abord les Français qui, soit en mettant doublement la main à la poche, soit en renonçant pour certains à se faire soigner, ont permis ce résultat en trompe l’œil", insiste Bruno Dive dans son éditorial de Sud-Ouest.
Dans La Voix du Nord, Matthieu Verrier note que "la tatillonne Cour des comptes préconise plus d’efforts et les prévisions de croissance sur lesquelles se base le ministère sont optimistes". Conclusion: "la véritable fin du trou ne pourra être constatée qu’en fin 2017, après la présidentielle".
Certes, "François Hollande laissera une situation bien meilleure que celle dont il a hérité (plus de 20 milliards de déficit en 2011)", admet Philippe Marcacci dans L'Est républicain. Mais "de là à voir le malade guéri ! Il y a un monde. Même, pour une ministre de la Santé, cela revient à confondre courte période de rémission à guérison totale".
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