Frais bancaires : le fardeau des clients, l'excellente affaire des établissements
Le terme et l'image frappent: c'est d'une véritable "bouée en plomb" dont parle 60 Millions de consommateurs pour décrire le niveau des frais appliqués par les banques en cas de difficultés de l'un de leurs clients. L'imagination des établissements semble parfois sans limite quand il s'agit de facturer certains services. Frais de découvert bien sûr –pas anormaux d'ailleurs car constituant une forme de taux d'intérêt à un prêt imposé par le client à sa banque– mais également frais de dépassement du découvert autorisé (mais néanmoins payant), frais de rejet de prélèvements automatiques, frais de rejet de chèque et frais de courrier pour vous avertir sur votre situation (ce qui est obligatoire avec un découvert de plus d'un mois).
Ce n'est pas tant l'existence de ces frais qui prête à la polémique. Même les banques en ligne qui communiquent sur la gratuité de leur service –qui concerne surtout les frais de tenue de compte et le tarif de la carte bancaire– ne se gênent pas pour facturer sans prévenir quand il s'agit d'un incident bancaire. Mais c'est le niveau de ces prestations imposées à une clientèle captive qui interpelle. Concrètement, certains agios flirtent avec les 15% de taux d'intérêt n'hésitant pas à coller au taux d'usure, le taux maximum d'intérêt autorisé par la Banque de France. Quand au courrier venant vous informer de votre situation délétère, il est couramment facturé 15 à 20 euros, sans aucune raison liée à un service pouvant justifier ce tarif (ni même d'ailleurs de vous le faire payer).
De quoi s'assurer pour les banques des marges conséquentes sur ces "services", qui sont pourtant des actes imposés et touchant par définition des clients en difficulté. Et les chiffres sont d'ailleurs vertigineux. Toujours selon 60 Millions de consommateurs, les frais liés aux "incidents de fonctionnement" représentent pas moins de 6,5 milliards de chiffres d'affaires chaque année soit pas moins de… 30% à 35% du total du chiffre d'affaires des banques de détail en France. A titre de comparaison, c'est un chiffre supérieur au chiffre d'affaires sur l'année 2016 d'un établissement comme la Banque postale. Et pour ce niveau de chiffre d'affaires, les marges cumulées représentent 4,9 milliards, soit un niveau de marge de... 75%. Pour les banques françaises, ce n'est pas forcément avec ceux qui ont le moins d'argent que l'on fait le moins de chiffre.
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